Résistance aux antibiotiques : le dragon de Komodo à la rescousse ?

Maladies virales

Rédigé par Isabelle V. et publié le 17 novembre 2017

Alors que l’OMS (Organisation Mondiale de La Santé) publie une liste de 12 « superbactéries » particulièrement préoccupantes, des chercheurs viennent d’isoler dans le sang du dragon de Komodo des protéines aux propriétés antibiotiques. Le salut viendra-t-il du dragon ?

dragon de komodo

Des « superbactéries » très inquiétantes

L’OMS vient de lister les bactéries qui vont poser un problème critique à l’humanité dans un avenir proche. Parmi elles, le staphylocoque doré, Pseudomonas aeruginosa (responsable d’infections nosocomiales) ou encore des salmonelles.

La cause de ce danger imminent ? La résistance de ces bactéries aux antibiotiques, y compris les plus modernes. Notre arsenal thérapeutique se réduit de façon dramatique et il est urgent, alerte l’OMS, de trouver de nouveaux médicaments.

À savoir ! L’antibiorésistance est un phénomène naturel de défense des bactéries vis-à-vis de l’action d’un antibiotique qui est là pour la détruire ou empêcher sa multiplication. Ce phénomène est accéléré lors d’usage excessif ou abusif des antibiotiques.

Lire aussiLes antibiotiques, c’est pas automatique, et pourtant

Et si l’antibiotique du futur venait du sang d’un gros lézard ?

Des scientifiques américains sont allés chercher la solution à l’autre bout du monde.

Le dragon de Komodo est un prédateur et il est bagarreur. Les morsures sont fréquentes chez cette espèce. Elles sont pourvoyeuses d’infections, la bouche dragon de Komodo se révélant un vrai nid à microbes. Pourtant, ce reptile cicatrise remarquablement bien, dénotant un système immunitaire performant. Fort de cette constatation, les chercheurs se sont penchés sur le sang dragon de Komodo.

Ils ont pu y identifier 48 peptides aux potentielles propriétés antimicrobiennes. Ces molécules étaient, pour la plupart, dérivées des histones.

À savoir ! Un peptide est un petit ensemble d’acides aminés (les composants élémentaires des protéines). Les histones, quant à elles, sont des protéines du noyau de la cellule. Elles sont liées à l’ADN.

Les chercheurs ont testé l’efficacité in-vitro de 8 de ces peptides contre deux « superbactéries », Staphylococcus aureus (le staphylocoque doré) et Pseudomonas aeruginosa. Pour ce faire, ils ont mis les microbes et les peptides en contact dans des boîtes de pétri (boîte contenant un milieu propice au développement des bactéries). 7 se sont révélés efficaces contre les deux germes, et un, seulement contre Pseudomonas.

D’après les scientifiques, cette étude ouvre de prometteuses perspectives quant à l’utilisation des peptides issus du sang du dragon de Komodo, mais aussi sur le rôle des histones dans la lutte antibactérienne.

Lire aussiL’olivier, un antibiotique naturel ?

Le dragon de Komodo en voie de disparition

Le dragon de Komodo ou Varanus komodoensis, est le plus gros des lézards. Son origine remonte à plus de 140 millions d’années. Il a été découvert par hasard en 1910 à la suite de l’atterrissage forcé d’un aviateur sur l’île de Komodo.

Ce reptile peut atteindre 3 mètres et peser 70 kg. Malgré son aspect massif, il court étonnamment vite. Il vit sur cinq îles d’Indonésie (dont Komodo). C’est un carnivore qui s’attaque aux cochons sauvages, aux cerfs et aux oiseaux. Il peut aussi manger des cadavres ou faire les poubelles. Comme tous les reptiles, il pond des œufs. Le dragon de Komodo n’élève pas ses petits. Les jeunes sont adultes vers 5 ans.

Ironie du sort, le potentiel sauveur de l’humanité est en voie d’extinction…

Le déboisement et l’expansion humaine ont diminué la zone d’habitat du dragon de Komodo et entraîné la raréfaction de l’espèce. Aujourd’hui, il reste entre 3 000 et 4 000 individus. Des mesures de protection ont été mises en place pour la sauvegarde de l’animal. Le parc national de Komodo a été créé en 1980.

Espérons que cette nouvelle découverte intensifiera la prise de conscience de la nécessité de protéger notre planète et ceux qui y vivent, animaux ou végétaux. L’exemple du dragon de Komodo illustre, plus que jamais, l’importance de la biodiversité pour notre survie.

Lire aussiCancer du sein : le chien, meilleur ami de la femme

Isabelle V., Journaliste scientifique

– Discovery of Novel Antimicrobial Peptides from Varanus komodoensis (Komodo Dragon) by Large-Scale Analyses and De-Novo-Assisted Sequencing Using Electron-Transfer Dissociation Mass Spectrometry, Barney M. Bishop and al., Journal of proteom research, 6 février 2017
– Dragon de Komodo, Beauval Nature, consulté le 01 mars 2017.
– Tout savoir sur les antibiotiques et l’antibiorésistance, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt,. Consulté le 01 mars 2017