Antidépresseurs et antipsychotiques : état de la pénurie en 2025
Depuis janvier 2025, quatorze tensions d’approvisionnement et ruptures de stock en médicaments psychotropes ont été publiées par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Revenons sur les médicaments concernés et les répercussions de cette pénurie sur la vie des patients.

Quelles molécules sont concernées ?
Des antidépresseurs et antipsychotiques jugés essentiels et notamment des traitements de fond indispensables à la prise en charge médicamenteuse au long cours des patients souffrant de pathologies psychiatriques, dont la dépression, la schizophrénie ou la bipolarité.
Les antipsychotiques concernés par des ruptures d’approvisionnement en 2025 sont :
- La quétiapine ;
- Le carbonate de litium (Teralithe) ;
- L’olanzapine injectable à libération prolongée.
Du côté des antidépresseurs, on observe des difficultés d’approvisionnement pour :
- La sertraline ;
- La venlafaxine.
Les causes des tensions sur les approvisionnements sont nombreuses : arrêt partiel de l’activité de l’usine pharmaceutique en question, non-conformité de la matière première ou du produit fini, retards d’approvisionnements et augmentation de la demande internationale.
D’autres causes plus globales sont également évoquées : conséquences de la pandémie de COVID-19 et instabilité politique.
Dans un communiqué de juin 2025, l’ANSM précise : « À ce jour, l’état des approvisionnements en psychotropes reste fragile sur le terrain malgré certaines améliorations (sertraline, lithium). Nous restons pleinement engagés jusqu’au retour à des approvisionnements normaux ».
Autres médicaments concernés par une amélioration des approvisionnements : la quétiapine pour le dosage de 50mg et pour la teralithe, la situation devait se normaliser en juin 2025 pour le dosage 250 mg tandis que la situation s’améliore significativement pour le dosage de 400 mg.
Aussi, d’après le laboratoire Cheplapharm, ils seront en mesure de commencer à « remettre à disposition le médicament Zypadhera (olanzapine sous forme injectable) à partir de septembre 2025 »
Quelles répercussions pour les patients ?
L’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) tire la sonnette d’alarme et rappelle que ces ruptures de stock entrainent de nombreux effets délétères chez les patients souffrant de dépression ou d’une forme de psychose.
L’USPO souligne ainsi les risques pour les patientes et patients :
- Des déstabilisations cliniques allant jusqu’à des hospitalisations (patient sous quétiapine ou sous lithium) ;
- « Effet de fin de dose » trop important et éventuelle rechute clinique, notamment pour les patients bénéficiant de l’olanzapine injectable ;
- Avec les arrêts d’antidépresseur, il faut s’attendre à la survenue du syndrome de discontinuation, cliniquement ressenti par les patients ;
- Anxiété accrue ressentie par les patients qui doivent se rendre dans plusieurs officines pour espérer trouver leurs médicaments (les trois quarts des officines françaises connaissent ces ruptures de stock) ;
- Surcharge pour le système de santé qui est confronté à une hausse des hospitalisations et des consultations d’urgence liées aux rechutes. Psychiatres, pharmaciens et infirmiers se retrouvent démunis.
Comment endiguer ce phénomène de pénurie ?
Comme le souligne l’ANSM, des mesures de gestion ont été activées et sont suivies chaque semaine. Il s’agit de la mobilisation des stocks de sécurité, les arrêts des exportations et la hausse des importations, mobilisation des laboratoires non défaillants, la distribution plafonnée.
Auprès des professionnels de santé, il a été recommandé de ne pas initier un traitement avec ces molécules sous tension et d’identifier des alternatives médicamenteuses.
D’un autre côté, le 23 avril 2025, une trentaine d’organisations de professionnels de santé a rappelé aux autorités sanitaires, aux laboratoires pharmaceutiques et aux décideurs politiques de prendre des mesures urgentes pour résoudre cette crise.
Ce collectif, regroupant syndicats de médecins et pharmaciens et sociétés savantes, demande la création d’un outil permettant de faire le point sur les stocks et les approvisionnements de médicaments, la mise en place d’un dispositif incitant les laboratoires fabricants à maintenir l’accès à ces médicaments et des dispositions réglementaires permettant de faciliter les flux de médicaments en pénurie et enfin, un soutien renforcé pour les professionnels de santé et les patients affectés par ces pénuries.
– Point de situation sur l’approvisionnement en médicaments psychotropes en France. ANSM.. ansm.sante.fr. Consulté le 21 juillet 2025.
– Syndrome de discontinuation associé aux antidépresseurs. Uliege.be. . orbi.uliege.be. Consulté le 21 juillet 2025.
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