Alcool et antidépresseurs, comment éviter les risques pour votre santé !

Anxiolytiques et antidépresseurs sont fréquemment prescrits dans le traitement des troubles anxieux et dépressifs. Ces médicaments agissent sur le système nerveux central et ne font pas bon ménage avec l’alcool, même consommés en petites quantités. Voici pourquoi il ne faut absolument pas associer l’alcool avec des antidépresseurs.

Qu’est-ce qu’un antidépresseur ?

Les antidépresseurs sont une classe de médicaments agissant sur le système nerveux central et largement utilisés en santé mentale. Ces médicaments font partie des classes médicamenteuses les plus prescrites en France, notamment avec les anxiolytiques. Les antidépresseurs sont indiqués dans le traitement de la dépression, en association avec une prise en charge psychothérapeutique. Ils peuvent également être prescrits dans d’autres contextes, comme les troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale, hyperphagie boulimique) ou les troubles émotionnels associés à certaines maladies psychiques.

Les antidépresseurs agissent directement sur le système nerveux central, au niveau de la communication entre les neurones via les neurotransmetteurs. Il existe cinq grandes classes de médicaments antidépresseurs, choisis par le médecin en fonction du profil du patient, des effets indésirables et de ses symptômes dépressifs. Les plus connus sont sans doute les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) ou les IMAO (inhibiteurs de la monoamine oxydase). Schématiquement, les spécialistes distinguent les antidépresseurs stimulants, qui stimulent le système nerveux central, et les antidépresseurs sédatifs, qui au contraire inhibent le système nerveux central. Généralement, il faut compter plusieurs semaines de traitement pour évaluer l’efficacité du traitement. Les traitements antidépresseurs sont parfois pris pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, selon le contexte.

Qu’est-ce que l’alcool et comment agit-il ?

L’alcool, ou plus exactement l’éthanol qui est la substance chimique retrouvée majoritairement dans les alcools consommés, est issu de la fermentation des fruits, des grains ou des tubercules. En dehors de la grossesse, au cours de laquelle l’alcool doit être totalement proscrit en raison de l’impact sur la santé du fœtus, il est possible de consommer modérément de l’alcool sans nuire à sa santé physique ou mentale.

Qu’est-ce qu’une consommation modérée d’alcool ?

La même quantité d’alcool, environ 10 grammes d’alcool pur, est contenue dans le verre standard servi pour différentes boissons alcoolisées. A titre d’exemple, il faut boire 25 cl de bière pour obtenir les 10 grammes d’alcool contenus dans 3 à 4 cl de whisky. Il n’y a donc pas de boissons faiblement alcoolisées qui soient sans risques pour la santé. Tout est une question de quantité consommée et de répétition de la consommation.

À savoir ! Pour évaluer votre consommation d’alcool, vous pouvez vous rendre sur le site d’Alcool Info Service : https://www.alcoometre.fr/

Les recommandations actuelles préconisent de ne pas consommer plus de deux verres d’alcool par jour et pas tous les jours. Les hommes comme les femmes doivent s’abstenir de boire de l’alcool plusieurs jours chaque semaine, ne pas boire plus de 2 verres standard d’alcool les jours où ils boivent de l’alcool et au final ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine.

En France, la consommation d’alcool fait partie du patrimoine culturel et social. Si la majorité des personnes en boivent occasionnellement ou raisonnablement, certains ont une consommation abusive de l’alcool, qui provoque une dépendance à l’alcool et des effets néfastes sur la santé. La dépendance à l’alcool n’est pas forcément liée à une consommation abusive quotidienne. L’abus ponctuel d’alcool (éthylisme aigu) peut aussi provoquer une dépendance. Cette dépendance est l’une des addictions les plus fréquemment retrouvées en France.

L’alcool est-il un antidépresseur rapide ?

Comme les antidépresseurs, l’alcool agit sur le système nerveux central. Son action s’exerce à court, moyen et long terme. A court terme, l’alcool peut donner l’impression d’agir comme un antidépresseur (l’alcool ralentit la communication entre les neurones), mais ce n’est qu’une illusion. Et cette illusion peut s’avérer dangereuse. Si l’alcool est pris comme un antidépresseur dans un contexte de troubles anxieux, l’effet sur le système nerveux central va s’estomper au fil des jours, incitant à consommer de plus grandes quantités d’alcool pour obtenir un effet sur l’humeur. Le risque de développer une dépendance à l’alcool est alors majeur, sans compter qu’il impacte la santé mentale à plus long terme.

L’alcool a des effets toxiques à moyen et long terme sur différents organes, comme le foie ou le cerveau. A terme, il peut être responsable de troubles de l’attention, de troubles de la concentration, de troubles de la mémoire et d’une baisse des capacités d’abstraction et des fonctions exécutives. Ces effets sont liés à la destruction de cellules cérébrales sous l’effet de l’alcool.

Alcool et antidépresseurs, comment interagissent-ils ?

Sur les notices de tous les médicaments antidépresseurs, figure la précaution d’emploi d’éviter toute consommation d’alcool pendant la durée du traitement. Pourquoi une telle recommandation ? Nous avons vu précédemment que l’alcool et les antidépresseurs agissent tous les deux sur le système nerveux central, mais ils interagissent également entre eux.

Quelques chiffres clés sur alcool et antidépresseurs. Il n’existe pas précisément de chiffres sur la consommation simultanée d’alcool et d’antidépresseurs. Mais le risque d’une consommation simultanée est loin d’être nul. En effet, selon les données du Baromètre Santé Publique France, en 2020, près de 24 % de la population française dépassaient les repères de consommation d’alcool. Parallèlement, plus de 21 % des Français ont déjà pris des antidépresseurs. Sans compter que la dépendance à l’alcool est fréquemment liée à des troubles dépressifs, et donc potentiellement à une prise d’antidépresseurs. La dépendance à l’alcool et les problèmes de santé mentale peuvent être intimement liés.

Quels sont les dangers du mélange d’alcool et d’antidépresseurs ?

Associer un antidépresseur avec de l’alcool expose à de multiples risques :
– Des troubles dépressifs plus importants, la dépression peut s’aggraver lors de la prise concomitante d’alcool et d’antidépresseur ;
– De graves troubles du comportement, avec un risque de conduites suicidaires ;
– La prise d’autres substances addictives, pouvant provoquer une toxicomanie ;
– Une augmentation des effets secondaires et notamment des troubles hépatiques et digestifs ;
– Une somnolence et une diminution de la vigilance.

Quel que soit le niveau de consommation ou la fréquence, toute prise d’alcool est à proscrire pendant un traitement antidépresseur, et même d’ailleurs pendant une dépression, même si elle n’est pas associée à un traitement médicamenteux. L’alcool agit sur l’humeur et peut s’avérer dépressif par lui-même !

Alcool et dépression, quelle prise en charge ?

En cas de dépression, si le médecin prescrit un antidépresseur, il faut stopper toute consommation d’alcool. Une consommation modérée, en-dessous des repères de consommation recommandés peut être reprise à distance de l’arrêt des antidépresseurs, si la dépression est guérie et que tout signe dépressif a disparu.

La plus grande difficulté est sans doute pour les personnes qui ont une consommation abusive d’alcool et des troubles dépressifs. Le contexte de la dépression peut rendre plus complexe l’arrêt de la consommation d’alcool. Le diagnostic de la dépression et la mise en place d’un traitement antidépresseur peuvent être l’occasion de faire le point sur sa consommation d’alcool.

Alcool et antidépresseurs, comment se faire prendre en charge ? Se faire aider

Débuter un traitement antidépresseur dans un contexte de consommation d’alcool, abusive ou non, présente des risques pour la santé, à court, moyen et long terme. Demandez de l’aide à votre médecin, contactez Alcool Info Service ou rendez-vous dans un Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) pour bénéficier d’un accompagnement adapté. Liée ou non à la prise d’alcool, la dépression peut être une occasion de faire le point sur votre consommation d’alcool et de prendre en charge une dépendance à l’alcool. Stopper toute consommation d’alcool pendant le traitement antidépresseur est essentiel pour préserver votre santé et garantir l’efficacité du traitement de la dépression.

Estelle B., Docteur en Pharmacie