Lien entre aliments ultra-transformés et cancer

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Rédigé par Julie P. et publié le 20 février 2018

Barres chocolatées, poêlées de légumes, desserts aromatisés, brioches, sodas, biscuits apéritifs… les aliments ultra-transformés sont omniprésents sur les étagères des grandes surfaces. Les promesses de ces prêts à manger ? Rapide à consommer tout en étant appétissant. Déjà impliqués dans le diabète, l’obésité et l’hypercholestérolémie, aucune étude n’a jusqu’ici mesurer la relation entre consommation de ces produits ultra-transformés et le risque de survenue de cancers. Une nouvelle étude de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et de l’université Paris 13 montre qu’il existe une relation mais que l’éventuel lien de cause à effet n’est pas encore avéré. Focus sur l’étude et sur les investigations à mener prochainement.

Aliments transformés et cancer

Une corrélation entre consommation de prêt à manger et risque de survenue de cancer

Selon les dernières estimations de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments), la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux est assurée par des aliments ultra-transformés.

À savoir ! Selon la classification internationale NOVA distingue 4 groupes d’aliments en fonction de leur degré de transformation. On distingue : les aliments peu ou pas transformés, les ingrédients culinaires (vinaigre, sel, sucre), les aliments transformés (fruits au sirop, compote de fruits avec sucre ajouté) et enfin, les aliments ultra-transformés.  Ces derniers, composés de 5 ingrédients au minimum, incluent des aliments transformés tels que le sucre et les matières grasses, les sels, les antioxydants, les stabilisants, les exhausteurs de goût ou en encore les conservateurs. Au final, ce sont des aliments très denses en énergie et pauvres en micronutriments protecteurs. C’est le cas, entre autres, des barres chocolatées, des biscuits apéritifs, des sodas et boissons sucrées aromatisées, des soupes instantanées, des plats cuisinés congelés ou prêts à consommer.

La composition de ces produits ultra-transformés viennent répondre à deux besoins :

  • Fabriquer un produit alimentaire plus ou moins complexe répondant aux exigences sensorielles du consommateur (aspect, goût, odeur, consistance)
  • Proposer un aliment qui se conserve dans le temps (conservateurs, stabilisants) et qui s’utilise facilement (précuit, pré-frit, emballage facile).

Pour réaliser cette étude, les chercheurs français ont suivi pendant 8 ans (entre 2009 et 2017) plus de 104 000 participants inclus dans la cohorte NutriNet-Santé. L’âge moyen de cette population était de 43 ans.

Leurs observations ?

Une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 12% des risques de développer un cancer au global, toutes localisations confondues, et notamment,  avec 11%, un cancer du sein , l’un des plus fréquent.

Pour rendre ces résultats significatifs et éliminer les biais de confusion, les chercheurs ont tenu compte des facteurs sociodémographiques et ceux liés au mode de vie (consommation de tabac, alcool, activités sportives etc…) ainsi que celui impliquant la qualité nutritionnelle de l’alimentation.

Ainsi, ces résultats suggèrent que la faiblesse nutritionnelle des aliments ultra-transformés n’explique pas à elle seule la relation entre leur consommation et le surrisque de survenue d’un cancer.

« Il ne faut pas être alarmiste et c’est une première étude. C’est une association qui a été observée pour la première fois et qu’il faut confirmer dans d’autres populations, dans d’autres pays. Pour établir le lien de causalité, il faudrait donner des aliments ultra-transformés à des personnes et un placebo à un autre groupe. Ethiquement, nous ne ferons pas cela puisque l’on pressent, potentiellement, des effets négatifs » souligne Mathilde Touvier qui a coordonné cette enquête, au micro de France Info.

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Un lien de « cause à effet » encore à vérifier et à préciser

Cependant, les chercheurs précisent qu’en l’état actuel de leurs connaissances, un lien de « cause à effet » général ne peut pas être mis en évidence entre consommation de produits ultra-transformés et apparition de maladies cancéreuses.

Pour eux, d’autres mécanismes inhérents aux produits ultra-transformés sont à explorer.

Ainsi, il faut désormais mesurer précisément l’impact sur la santé humaine d’une consommation :

  • D’additifs alimentaires (seuls ou en association) ;
  • De sous-produits de transformation industrielle (ou contaminants néoformés comme l’acrymamide) ;
  • D’aliments en contact avec des matériaux d’emballage spécifique.

Pour poursuivre ces travaux, l’équipe de recherche commence un nouveau programme sur les additifs alimentaires dans lequel il sera question d’évaluer leurs influences, seuls ou en association, sur la santé humaine.

À savoir ! Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées aux aliments pour exercer certaines fonctions technologiques spécifiques comme colorer, sucrer ou contribuer à leur conservation plus ou moins longue dans le temps. Dans l’Union européenne, tous les additifs alimentaires sont identifiés par un numéro commençant par « E ». Les additifs les plus communs mentionnés sur les étiquettes sont les antioxydants (qui empêchent la détérioration due à l’oxydation), les colorants, les émulsifiants, les stabilisateurs, les agents gélifiants et épaississants, les conservateurs et les édulcorants. En Europe, c’est le groupe scientifique de l’EFSA (European Food Safety Authority) sur les additifs alimentaires et les sources de nutriments ajoutés aux aliments (groupe ANS) qui évalue la sécurité des additifs alimentaires. Aujourd’hui plus de 250 additifs sont autorisés sur le marché européen et américain.

Si vous souhaitez faire progresser la Recherche en nutrition santé, le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé se poursuit. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne sur le site etude-nutrinet-sante.fr et de remplir des questionnaires.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer. Inserm. Le 15 février 2018.
– Plats transformés et risque de cancer : « Il faut confirmer ces résultats » de la première étude, prévient l’INSERM. France Info. Consulté le 19 février 2018.