Comment lutter naturellement contre l’insomnie ? C’est en voulant répondre à cette question que des chercheurs suisses se sont penchés sur les effets du bercement. Contre toutes attentes, ils ont découvert qu’un mouvement lent et répétitif pendant la nuit module l’activité électrique du cerveau pour renforcer l’endormissement et le sommeil. Zoom sur deux études parues dans la revue Current Biology.
Un endormissement plus rapide, un sommeil plus profond
Pourquoi les enfants s’endorment-ils facilement lorsqu’ils sont bercés ? Ou bien, pourquoi sommes-nous plus enclins à tomber dans les bras de Morphée quand nous faisons une sieste dans un hamac ?
Pour comprendre ces phénomènes et les mécanismes cérébraux qui s’y rattachent, des chercheurs des universités de Genève, de Lausanne et des Hôpitaux universitaires de Genève ont réalisé deux études.
La première consistait à suivre le sommeil de jeunes adultes tout en mesurant un ensemble de paramètres physiologiques tandis que la deuxième s’est focalisée sur les mécanismes cérébraux impliqués chez des souris endormies au bercement.
Dans cette première étude, dirigée par Laurence Bayer et Sophie Schwartz, 18 jeunes adultes en bonne santé ont passé trois nuits au centre de médecine.
La première nuit, des enregistrements polysomnographiques ont permis de suivre leurs rythme cardiaque, fréquence respiratoire et activité électrique cérébrale (électroencéphalogramme). Ensuite, ils ont passé une nuit sur un lit en mouvement et la dernière nuit sur le même lit mais qui est resté immobile.
À savoir ! La polysomnographie enregistre plusieurs paramètres physiologiques tels que l’activité cérébrale, l’activité cardiaque, l’activité musculaire ou encore les mouvements des globes oculaires.
Résultats ? Les participants réussissaient à s’endormir plus rapidement tout en ayant un sommeil plus profond lorsqu’ils étaient bercés.
» De plus, ils présentaient des périodes de sommeil profond plus longues et moins de micros-éveils, l’un des facteurs fréquemment associé à une mauvaise qualité du sommeil » précise Laurance Bayer dans un communiqué de presse.
Concrètement, les données physiologiques montrent que le bercement synchronise l’activité des neurones situés dans les réseaux thalamo-corticaux. Une région du cerveau jouant un rôle clef dans la consolidation du sommeil et la mémoire.
En testant d’ailleurs leur mémoire, les chercheurs ont mis en évidence que le bercement renforçait les capacités mnésiques.
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Une synchronisation des ondes réalisée par l’oreille interne
La deuxième étude, portant sur des souris, a été réalisée à Lausanne sous la supervision de Paul Franken, professeur associé à la Faculté de biologie et médecine de l’UNIL.
En mettant des souris dans une cage soumise à des bercements, les scientifiques ont observé une réduction du temps d’endormissement et une augmentation de la durée du sommeil. Par contre, leur qualité de sommeil n’a pas été améliorée comme chez l’homme.
En berçant des souris dépourvues de récepteurs sensoriels dans le vestibule de leur oreille interne, les chercheurs n’ont observé aucun effet. Ainsi, les chercheurs avancent que c’est donc la stimulation de cette zone sensorielle pendant le bercement qui agit sur les réseaux neuronaux spécifiques du sommeil.
À savoir ! L’oreille interne est la partie profonde de l’oreille qui a pour fonction l’audition (cochlée) et l’équilibre (vestibule).
Reste désormais aux chercheurs d’identifier les neurones qui reçoivent ces stimuli provenant de l’oreille interne pour les communiquer aux structures neuronales plus profondes impliquées dans le sommeil.
Cette découverte est un véritable espoir pour offrir un nouveau type de thérapie aux patients souffrant d’insomnie et de perte de mémoire.
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Julie P., Journaliste scientifique