L’importance de la qualité et de la durée du sommeil reste souvent méconnue des Français, qui négligent parfois leurs nuits et leurs siestes. Quel est le lien entre la durée du sommeil et le déclin cognitif observé chez les personnes âgées ? Le suivi d’une vaste cohorte de population a permis en 2020 d’apporter des éléments de réponse à cette question. Explications.
Durée du sommeil et déclin cognitif
Le sommeil constitue tout comme l’alimentation l’un des piliers essentiels de la santé. Le manque de sommeil peut profondément impacter la santé mentale, en agissant négativement sur :
- L’humeur ;
- Le comportement ;
- Le cerveau ;
- L’organisme dans son ensemble.
Dormir d’un sommeil de bonne qualité et d’une durée adaptée est donc essentiel pour préserver sa santé physique et mentale, mais sans doute aussi pour limiter le déclin cognitif lié à l’âge. C’est sur cette question que s’est penchée une étude, menée en 2020 sur une cohorte de 28 756 personnes âgées de plus de 50 ans vivant au Royaume-Uni ou âgées de plus de 45 ans vivant en Chine. Les chercheurs ont évalué pour chacun des participants :
- Leurs fonctions cognitives ;
- Leur durée de sommeil.
Un lien révélé entre la durée du sommeil et le déclin cognitif
Au total, 9 254 participants anglais et 10 811 participants chinois ont mené l’étude à son terme. L’évaluation des capacités cognitives, réalisée à partir de plusieurs tests classiquement utilisés, a révélé que les participants dormant moins de quatre heures par nuit ou plus de dix heures par nuit déclinaient plus rapidement que les participants du groupe de référence, dormant environ sept heures par nuit.
Ce lien entre la durée du sommeil et le déclin cognitif suivait donc une courbe en U, suggérant que l’excès de sommeil comme le manque de sommeil seraient négatifs pour les fonctions cognitives. Ce lien restait significatif après ajustement des données sur d’autres paramètres, tels que :
- Le sexe ;
- L’âge ;
- L’Indice de Masse Corporelle (IMC) ;
- La tension artérielle ;
- Le niveau d’éducation ;
- Le tabagisme ou la consommation d’alcool.
L’excès de sommeil aussi nocif que le manque de sommeil
Plus précisément, la fonction cognitive la plus impactée par la durée du sommeil était la mémoire, qui est justement la fonction directement affectée dans la maladie d’Alzheimer et les autres démences. Si des études antérieures avaient déjà pointé du doigt le manque de sommeil dans l’altération des capacités de mémorisation, chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte, aucun lien n’avait jusque-là été démontré entre l’excès de sommeil et le déclin cognitif.
Même si les mécanismes associant la durée du sommeil et l’impact sur les fonctions cognitives restent à éclaircir, cette étude souligne l’importance de dormir en quantité suffisante mais pas trop pour préserver ses capacités cognitives, notamment pour les personnes de plus de 45 ans. Parallèlement, pour les patients souffrant d’un manque (insomnie) ou d’un excès chronique (hypersomnie) de sommeil, une évaluation régulière des fonctions cognitives serait intéressante à intégrer dans leur prise en charge.
Estelle B., Docteur en Pharmacie