Après une année quasi « blanche » en 2020 suite à la pandémie liée à la Covid-19, l’épidémie de bronchiolite fait son retour précocement et intensément, avec déjà des tensions dans certains services de pédiatrie.
Qu’est-ce que la bronchiolite ?
La bronchiolite est une infection respiratoire aiguë, d’origine virale, liée principalement au VRS (Virus Respiratoire Syncytial), et concerne les nourrissons (< 2 ans). Elle est secondaire à une inflammation des parois des petites bronches -les bronchioles- associée à une obstruction des voies aériennes inférieures. Elle est particulièrement contagieuse.
La bronchiolite débute le plus souvent par un rhume ou rhinopharyngite, parfois associé à de la fièvre. Secondairement s’installent une toux sèche, puis une accélération de la respiration et sifflements audibles à l’expiration.
Si cette affection est bénigne avec une évolution généralement favorable, elle nécessite toutefois une surveillance attentive durant les deux premiers jours. Les très jeunes enfants et plus particulièrement les nourrissons de moins de 2 mois ou les nourrissons fragiles sont plus à risque de présenter une forme plus grave, justifiant une surveillance et prise en charge en hospitalisation.
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Une épidémie de Bronchiolite de grande ampleur et précoce
Habituellement, l’épidémie de bronchiolite a lieu de novembre à fin mars, avec un pic fin décembre, et atteint jusqu’à 800 000 cas en France par an. Elle concerne 30% des nourrissons, parmi lesquels 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an présentent une bronchiolite sévère justifiant une hospitalisation.
Le niveau de circulation du VRS a été extrêmement faible en 2020, durant la pandémie liée à la Covid-19. Trois hypothèses à cela :
- Le respect des gestes barrières efficaces quant à la prévention de l’infection à SARS-CoV2 ;
- Un mécanisme d’interférence virale : la circulation simultanée de deux virus respiratoires est difficile ;
- Les confinements successifs ainsi que la restriction des transports internationaux ayant limité l’introduction du virus sur le territoire.
Les enfants nés après mars 2020 sont alors plus susceptibles de présenter à ce jour une bronchiolite en raison d’un déficit d’immunité collective acquise au cours de la pandémie liée à la Covid-19.
Ces constatations concernant la circulation du VRS sont similaires pour le virus de la grippe saisonnière.
Par ailleurs, d’autres données précisées par le conseil scientifique faisaient déjà craindre une épidémie précoce et conséquente pour le système de soins :
- Une circulation plus intense de ces virus à épidémie saisonnière (VRS et grippe) a été observée dans l’hémisphère sud cet hiver, avec un décalage dans le temps et selon les tranches d’âge ;
- Une circulation à bas bruit mais non négligeable des virus de la grippe en Europe déjà rapportée par les données de surveillance de début octobre.
Le scénario semble se confirmer. Certains services d’urgences pédiatriques commencent à être saturés. Le bulletin hebdomadaire bronchiolite Santé Publique France publié le 27 octobre décrit « une poursuite de l’augmentation forte et précoce des indicateurs de surveillance de la bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans ». Seulement deux des treize régions de France métropolitaine ne sont pas en alerte rouge (épidémique) : la Bretagne et la Corse, toutes deux passées en phase pré-épidémique.
Comment prévenir la bronchiolite ?
Dans ce contexte, Il est indispensable de poursuivre la mise en place des mesures barrières pour protéger les jeunes enfants : laver régulièrement les mains des enfants comme des adultes, éviter les embrassades, porter un masque en cas de rhume ou autre signe en faveur d’une virose, etc.
La société française de pédiatrie appelle également à la prévention dans un récent communiqué de presse, en rappelant, outre les gestes barrières :
- De restreindre dès la sortie de la maternité les visites à l’entourage proche et non malade ;
- D’éviter les contacts du nourrisson de moins de 3 mois avec des jeunes enfants, et de tenir à l’écart du bébé les frères et sœurs s’ils présentent des signes d’infection virale ;
- De ne pas sortir en lieux publics avant l’âge de 3 mois ;
- D’éviter l’admission en collectivité avant 3 mois ;
- D’être à jour des vaccinations, concernant à la fois le nourrisson et les adultes.
Dans ce même communiqué, la société française de pédiatrie rappelle les conseils pour éviter la saturation des services d’urgences : « en l’absence de signe de gravité (modification du comportement, enfant mou, prises alimentaires inférieures à la moitié des rations habituelles sur 3 repas consécutifs, respiration très rapide ou très lente ou irrégulière, coloration bleutée des lèvres ou des extrémités), les autres enfants doivent en priorité consulter leur pédiatre ou leur médecin généraliste […]. En cas de doute, un appel au 15 ou 112 peut aider les parents dans le choix de la consultation. »
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Yasmine B., rédactrice scientifique
– Société Française de Pédiatrie, communiqué de presse daté du 22 octobre 2021 : Epidémie d’infections virales hivernales 2021 : les parents doivent protéger leurs nourrissons. sfpediatrie.com. Consulté le 27 octobre 2021.
– Santé Publique France, Bulletin épidémiologique bronchiolite, semaine 42. Saison 2021-2022. santepubliquefrance.fr. Consulté le 27 octobre 2021.
– Reconnaître une bronchiolite. ameli.fr. Consulté le 27 octobre 2021.