Sportif, gare au burn-out du sportif : fatigue physique à la fatigue mentale

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Rédigé par Julie P. et publié le 15 octobre 2019

Douleurs, fatigue, démotivation… Un entraînement physique excessif peut mener au syndrome du burn-out du sportif. Mais dans quelles mesures cette sollicitation intense du corps peut-elle aussi induire un épuisement mental ? Éclairage sur l’étude de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) de l’hôpital de la Pitié Salpétrière AP-HP de l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) et de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) parue dans la revue scientifique Current Biology.

femme sportive faisant un burn-out du sportif

Le syndrome du burn-out du sportif

Le syndrome du surentraînement sportif est une forme de burn-out qui touche les athlètes de haut niveau exerçant le plus souvent un sport d’endurance.

En plus de la fatigue physique chronique (asthénie chronique), le sportif n’arrive plus à atteindre sa performance malgré une période de repos.

Ce syndrome s’accompagne d’autres symptômes comme :

  • Une modification du fonctionnement du système cardiovasculaire et des sécrétions hormonales ;
  • Une dépression, une irritabilité et une apathie ;
  • Des insomnies et une perte de l’appétit.

Aujourd’hui les mécanismes physiologiques et neurologiques sous-jacents à cet état de burn out dans lequel le corps ne répond plus sont encore mal connus. C’est, par ailleurs, une des causes amenant les athlètes et leurs entraîneurs à avoir recours au dopage.

À la lumière de leur précédente étude sur le contrôle cognitif, les chercheurs du centre de neuroimagerie de l’ICM de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière dirigée par Mathias Pessiglione, ont émis une hypothèse pouvant expliquer ce phénomène. Pour eux, cette forme de fatigue extrême retrouvée chez l’athlète serait provoquée, en partie, par un dysfonctionnement du système de contrôle cognitif. Un dérèglement que l’on observe par ailleurs chez les individus en proie à une grande fatigue intellectuelle.

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L’excès d’activités physiques épuise aussi les neurones

Pour tester leur hypothèse de travail, les chercheurs ont réuni 37 triathlètes masculins de haut niveau, âgés, en moyenne, de 35 ans.

Deux groupes ont été constitués : le premier a suivi un entraînement normal et l’autre, un entrainement 40% plus intense que le premier groupe et cela pendant neuf semaines pour les deux groupes.

En observant le fonctionnement de leur cerveau par l’imagerie par résonance magnétique (IRM), ils ont constaté que le groupe suivant l’entraînement intensif présentait une fatigue mentale.

Cette fatigue se traduisait par une activité réduite dans une partie du cerveau importante dans la prise de décision : le cortex préfrontal latéral.

À savoir ! Le cortex préfrontal latéral est l’une des 3 régions corticales du cortex préfrontal situé à l’avant du cerveau. Le cortex préfrontal joue un rôle dans les émotions et les troubles de l’humeur. Une baisse de son activité est retrouvée chez les personnes dépressives. Le cortex préfrontal latéral nous aide à opter pour un comportement donné en nous permettant d’évaluer mentalement différentes alternatives.

En parallèle à cet épuisement mental, les chercheurs ont constaté, grâce à des tests comportementaux, que les athlètes du groupe du surentraînement étaient plus impulsifs et qu’ils choisissaient de préférence des récompenses peu rémunératrices mais immédiates plutôt que des récompenses plus lucratives mais moins rapides.

« La région préfrontale latérale affectée par la surcharge d’entraînement sportif était exactement la même que celle exposée à un travail cognitif excessif dans nos études précédentes » explique Mathias Pessiglione.

Reste désormais pour les chercheurs à expliquer dans quelles mesures une surcharge d’entraînement physique induit un dysfonctionnement du système de contrôle cognitif.
Ces connaissances permettront de trouver des thérapies ou des méthodes permettant de prévenir la survenue du burn-out chez les athlètes.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Can excessive athletic training make your brain tired? New study says yes. Science Daily. Consulté le 7 octobre 2019.
  • Bonjour Julie, déjà merci pour votre article. Je suis surfeur à la recherche de performances depuis mon jeune age et j’ai commencé à faire des crises d’épilepsie partielles nocturnes autour de mes 20 ans. Si je comprend bien, et nous l’avons déjà constaté sans le certifier, des sessions de surf trop longues peuvent déclencher un état de fatigue qui psychologiquement pourrait m’amener à faire des crises la nuit suivante? « Le surentrainement » serait déclencheur d’un état émotionnel et d’un état de fatigue propice au déclenchement de crises épileptiques selon vous?

    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour Maxime,

      Merci d’avoir partagé votre expérience.
      N’ayant pas l’ensemble des éléments de votre dossier médical nous ne sommes pas en mesure de vous répondre de manière spécifique à votre question. Seul un médecin ayant pris connaissance de l’intégralité de votre dossier médical pourra vous répondre.

      Nous vous souhaitons une bonne journée !
      L’équipe Santé sur le Net.

Ou

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