La caféine pour dépister la maladie de Parkinson

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Rédigé par Estelle B. et publié le 30 janvier 2018

Aujourd’hui, 8 personnes sur 10 dans le monde consomment quotidiennement une boisson contenant de la caféine. Au-delà de son action stimulante sur le cerveau, elle exercerait un effet neuroprotecteur. Une récente étude, dont les résultats viennent de paraître dans la revue scientifique Neurology, suggère que la caféine et ses dérivés pourraient être utilisés dans le dépistage précoce de la maladie de Parkinson, qui touche plus de 150 000 personnes en France.

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Café, caféine et cerveau

Le café est l’une des boissons les plus consommées dans tous les pays du monde. Les innombrables études scientifiques sur les effets de la caféine, substance stimulante contenue dans le café, le thé ou le cacao, suggèrent qu’elle pourrait présenter plusieurs effets bénéfiques sur la santé.

Souvent dénoncée pour son effet négatif sur le sommeil, la caféine est un stimulant naturel du système nerveux central. Elle exerce plusieurs actions sur le cerveau :

  • Une réduction de la fatigue ;
  • Une stimulation de la vigilance et de la concentration ;
  • Une amélioration de l’humeur et des fonctions cérébrales (diminution du risque de suicide ou de dépression notamment) ;
  • Une réduction du risque de certaines maladies cérébrales, comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson

Quelle est exactement la nature du lien entre la caféine et la maladie de Parkinson ? De récents travaux semblent indiquer qu’une consommation modérée de caféine (environ 400 mg de caféine par jour) pourrait protéger contre cette maladie neurodégénérative.

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Caféine et maladie de Parkinson

Des chercheurs japonais se sont récemment penchés sur l’effet neuroprotecteur de la caféine. Leur étude a porté sur 108 patients (âge moyen : 67,1 ans, 54 % d’hommes) atteints d’une forme légère à modérée de la maladie de Parkinson, sans critères de démence, pris en charge en 2013 et 2014. Leur consommation quotidienne de caféine a été déterminée. Les taux sanguins de caféine et de ses dérivés (produits de dégradation de la caféine dans l’organisme) ont été mesurés et comparés avec ceux de patients en bonne santé (groupe contrôle).

Après la consommation d’une boisson contenant de la caféine (thé ou café par exemple), les patients atteints de la maladie de Parkinson présentaient un taux trois fois plus faible de caféine dans le sang que les personnes en bonne santé du groupe contrôle. De même, en testant 11 dérivés de la caféine, 9 d’entre eux étaient à des taux plus faibles chez les patients parkinsoniens. Parmi ces 9 dérivés de la caféine, trois d’entre eux auraient un effet neuroprotecteur selon des études scientifiques récentes :

  • La théophylline ;
  • La théobromine ;
  • La paraxanthine.

Les taux sanguins de caféine les plus faibles observés chez les patients atteints de la maladie de Parkinson étaient ceux qui présentaient des troubles moteurs. Or l’effet bénéfique de la caféine se traduit notamment par une amélioration des symptômes moteurs.

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La caféine, marqueur du risque de maladie de Parkinson !

Les patients atteints de la maladie de Parkinson pourraient présenter une malabsorption intestinale de la caféine. Pour l’expliquer, les chercheurs invoquent des altérations de la flore intestinale, qui seraient responsables de cette malabsorption, mais aussi des troubles gastro-intestinaux, qui affectent plus de 80 % des patients, avant même l’apparition des premiers signes de la maladie de Parkinson.

Face à cette malabsorption, l’administration de caféine par voie transcutanée pourrait selon les chercheurs représenter une piste thérapeutique à explorer pour ralentir l’évolution de la maladie.

Au final, les taux sanguins de la caféine et de ses dérivés pourraient être considérés comme un biomarqueur fiable dans le diagnostic précoce de la maladie de Parkinson. Selon les chercheurs, des études complémentaires sont désormais nécessaires pour :

  • Confirmer ces résultats à plus grande échelle ;
  • Evaluer l’éventuelle influence des médicaments antiparkinsoniens sur le métabolisme de la caféine.

De ces travaux, un test simple de diagnostic précoce de la maladie de Parkinson pourrait voir le jour, peut-être même avant l’apparition du premier symptôme de la maladie. Une avancée majeure pour cette maladie neurodégénérative encore difficile à diagnostiquer dans ses premiers stades de développement.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Maladie de Parkinson: la caféine et ses métabolites envisagés comme biomarqueurs. Medscape. 15 janvier 2018.
– Serum caffeine and metabolites are reliable biomarkers of early Parkinson disease. Neurology. Fujimaki, M. and al. 2018.
  • Aux vues de ces informations et compte tenu qu’il y a eu quelques cas de la maladie d’Alzheimer dans la parenté, je vais donc continuer de prendre mes 4 cafés par jour , ☕☕☕☕

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