Selon une étude collective menée à l’Université américaine de Stanford, 21 000 suicides supplémentaires seraient à prévoir aux USA et au Mexique à l’horizon 2050 si les prévisions des experts sur le changement climatique se confirment. Voilà l’une des illustrations de l’importance de la santé mentale dans les enjeux du réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Selon l’OMS, il devient urgent que les autorités publiques se penchent sur l’impact du réchauffement climatique sur la santé mentale.
Changement climatique et santé mentale
Au fil des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le changement climatique s’impose dans les politiques nationales. Sur le plan de la santé, de nombreuses études évaluent les effets sur la santé physique du changement climatique. Mais qu’en est-il concernant la santé mentale ? Les études sont plus rares. Les quelques-unes réalisées semblent inquiétantes.
Il y a quelques jours, l’OMS publiait une note d’orientation présentant différentes mesures que les Etats membres prennent en compte l’impact du changement climatique sur la santé mentale. Dès 2018, une étude menée dans deux universités américaines établissait un lien entre les variations de la température et l’augmentation des chiffres de la violence, à deux niveaux :
- La violence envers les autres
- Les actes suicidaires.
De la simple inquiétude à l’éco-anxiété
Par ailleurs, d’autres données révèlent que le niveau de pollution de l’air serait corrélé aux troubles dépressifs. Ce type de lien se vérifierait dès l’enfance, au travers d’une réaction inflammatoire cérébrale provoquée par les particules ultrafines de l’air atmosphérique. Cet impact psychologique du réchauffement climatique serait particulièrement important pour les catégories les plus fragiles de la population :
- Les personnes âgées ;
- Celles qui sont isolées ;
- Les personnes atteintes de maladies chroniques.
Un autre aspect associant santé mentale et changement climatique est le développement de l’éco-anxiété. Depuis la théorie de l’effondrement proposée en 1972 par le Club de Rome, une fraction croissante de la population mondiale s’inquiète de l’effondrement pur et simple de la civilisation humaine actuelle, au point de donner naissance à une nouvelle science, baptisée la collapsologie.
Intégrer la dimension de la santé mentale dans l’action en faveur du climat
Dans sa note d’orientation, l’OMS insiste sur les conséquences du réchauffement climatique sur le sommeil, la santé mentale et le bien-être psychique. A ce titre, les politiques de santé mentale doivent constituer un des piliers importants de la lutte contre le changement climatique. Et ce au même titre que les politiques de santé publique globales mises en œuvre. D’après une enquête menée par l’OMS en 2021 dans 95 pays à travers le monde, seuls 9 pays avaient pris en compte la santé mentale et les mesures de soutien psychosocial dans leurs plans nationaux contre le changement climatique.
Selon l’OMS, cinq approches sont importantes à développer dans chaque pays :
- Intégrer la notion climatique dans les programmes de santé mentale ;
- A l’inverse, prendre en compte le soutien psychologique dans l’action en faveur du climat ;
- Décliner des engagements à l’échelle mondiale en ce sens ;
- Développer des approches communautaires pour atténuer la fragilité de certains ;
- Mieux financer les programmes de santé mentale.
En France, selon un sondage IFOP d’octobre 2018, 85 % des Français se déclarent inquiets par rapport à l’évolution du climat. Ce chiffre atteint 93 % chez les jeunes adultes. Le bien-être psychique passe donc nécessairement par une meilleure action en faveur du climat, et réciproquement.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Changements climatiques et santé mentale. agir-ese.org. Consulté le 7 juin 2022.