Depuis 2021, des algues microscopiques du genre Ostreopsis ont fait leur apparition sur la côte Basque. Ces algues peuvent représenter un risque sanitaire pour les baigneurs comme pour les personnes qui fréquentent le front de mer. Elles font l’objet d’une surveillance renforcée par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine. Explications.
La microalgue tropicale Ostreopsis présente sur les côtes françaises
A l’été 2021, les premières proliférations de cette algue microscopique, ou microalgue, du genre Ostreopsis, ont été signalées sur la côte Basque. Microscopique et donc invisible à l’œil nu, cette algue peut en proliférant donner un goût métallique à l’eau de mer et forme des films bruns gélatineux sur les rochers et les grandes algues (macroalgues). Au-delà de son aspect, ce sont surtout les toxines qu’elle libère qui posent problème. Ces toxines se dispersent au gré des vents et des courants, non seulement dans l’eau, mais aussi dans l’air.
Les toxines produites par Ostreopsis peuvent ainsi affecter les baigneurs, les personnes installées sur le sable ou les rochers, mais aussi les promeneurs du bord de mer. D’origine tropicale, la microalgue Ostreopsis est arrivée en Méditerranée il y a une vingtaine d’années avec la hausse des températures et plus récemment sur la côte Basque. En proliférant, ces microalgues produisent des quantités importantes de toxines, qui peuvent provoquer de multiples symptômes chez les personnes exposées :
- Une toux d’irritation ;
- Un écoulement nasal ;
- Un mal de gorge ;
- Une irritation cutanée ;
- Des brûlures ou irritations oculaires ;
- Des saignements de nez ;
- Une gêne respiratoire ;
- Une fièvre ;
- Des tremblements ;
- Des douleurs musculaires ;
- Des maux de tête ;
- Des nausées.
Une microalgue sous haute surveillance sur la côte Basque
Les premiers signes apparaissent au cours des six premières heures suivant l’exposition aux toxines d’Ostreopsis et disparaissent généralement en quelques jours, sans complications. Mais de tels symptômes suffisent à gâcher la sortie sur le bord de mer. Depuis les premiers signalements en 2021, un plan de surveillance spécifique a été mis en place pour repérer les microalgues et informer la population. Ce plan est coordonné entre autres par l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, l’IFREMER, les centres antipoison, la Communauté d’Agglomération du Pays Basque et Rivage Pro Tech.
Les microalgues sont recherchées dans des prélèvements d’eau de mer et de macroalgues, les microalgues se développant à la surface des macroalgues. Lorsqu’un début de prolifération est détecté (quand la température de l’eau de mer dépasse les 20°C), les prélèvements s’intensifient pour suivre au mieux le niveau de toxines. Pour informer la population, une affiche a été conçue et est affichée en 4 langues (Français, Basque, Anglais, Espagnol). Une application mobile, Kalilo, a également été développée à destination du grand public. A ce jour, près de 900 intoxications aux toxines d’Ostreopsis ont été recensées sur la côte Basque. Aucun cas n’est pour l’instant détecté pour la saison 2023.
4 conseils incontournables pour se protéger d’Ostreopsis
Quelles précautions adopter pour prévenir l’intoxication en cas de prolifération ? L’ANSES a récemment émis plusieurs recommandations pour se protéger des toxines d’Ostreopsis en cas de prolifération de la microalgue :
- Prendre systématiquement une douche en rentrant de la plage ou du bord de mer (se situer à quelques mètres de la plage peut suffire à être intoxiqué), et en lavant corps et cheveux ;
- Eviscérer tous les poissons pêchés, même les plus petits (les toxines s’accumulent dans le système digestif) avant de les consommer ;
- Ne pas consommer d’autres produits de la mer pendant cette période (mollusques, crustacés) ;
- Ne pas fréquenter la plage pour les personnes fragiles (enfants et nourrissons, personnes âgées, personnes atteintes de pathologies chroniques, …) et consulter un médecin en cas d’apparition de symptômes inhabituels.
Les symptômes disparaissent d’eux-mêmes en quelques jours, mais il faut consulter un médecin si les signes d’intoxication persistent plus de 3 à 4 jours ou s’ils s’aggravent, en particulier, en cas de gêne respiratoire importante, de douleurs musculaires persistantes, de tremblements prolongés ou d’une éruption cutanée généralisée. La suspicion d’intoxication peut être signalée au centre antipoison qui indiquera la conduite à tenir. Les services de secours ne doivent être contactés qu’en cas d’urgence.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Microalgue Ostreopsis – Risques, recommandations et signalement. www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr. Consulté le 26 juin 2023.