Consommation de cannabis : un risque avéré pour la santé cardiovasculaire
Un article publié dans la revue Heart, le 17 juin, tire la sonnette d’alarme. Une analyse inédite compilant les données de 24 études réalisées entre 2016 et 2023 révèle que la consommation de cannabis est associée à une moins bonne santé cardiovasculaire. Focus sur les principaux enseignements de ces travaux menés par des chercheurs toulousains.

Deux fois plus de risque de décéder d’une maladie cardiovasculaire
La métanalyse, réalisée par Wilhelm Storck, doctorant à l’université de Toulouse et son équipe, est basée sur des données en vie réelle issues de 24 études internationales. Ensemble, ces études ont porté sur environ 200 millions de personnes dans plusieurs pays.
Les résultats de l’analyse sont sans appel : l’usage de cannabis est associé à une augmentation significative d’événements cardiovasculaires majeurs.
Ces données de santé, ont montré que les utilisateurs de cannabis avaient 20 % de risques en plus de souffrir d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) et 29 % de plus pour un syndrome coronarien aigu (SCA).
Aussi, ils étaient deux fois plus susceptibles de mourir de maladies cardiovasculaires que les non-consommateurs. Par ailleurs, ces complications sont confirmées dans le cadre d’une étude portant sur l’utilisation médicale du cannabis.
L’étude met également en relief que le risque d’infarctus de myocarde est plus élevé pour les consommateurs hebdomadaires. En effet, le risque serait deux fois moins important chez ceux consommant du cannabis moins fréquemment.
Décrypter les mécanismes en cause
Par quel mécanisme le THC, le composé psychoactif qui se trouve dans le cannabis, interagit avec le système cardiovasculaire
Certains travaux indiquent qu’il pourrait créer des conditions propices à l’épuisement cardiovasculaire en élevant le rythme cardiaque, la pression sanguine et en provoquant des inflammations.
Certaines études suggèrent que le THC pourrait également causer la constriction des vaisseaux sanguins, limiter la circulation sanguine et potentiellement augmenter les risques de caillots ou d’AVC. Inhaler de la fumée de cannabis peut également exposer les utilisateurs aux particules fines, ce qui peut contribuer à l’accumulation de plaques dans les artères et bloquer la circulation sanguine.
Des recherches supplémentaires sont absolument nécessaires, notamment pour identifier les substances chimiques et les composés présents dans le cannabis – qui se comptent par centaines – qui pourraient être à l’origine de ces risques pour la santé cardiovasculaire. Pour affiner les données, il est aussi nécessaire d’évaluer comment la consommation de cannabis sous différentes formes, comme les inhalables ou les comestibles, pourrait exercer une influence.
Une association qui pose question
L’un des points faibles de cette étude est que l’exposition au cannabis était souvent mal mesurée, les relevés étant souvent sous forme d’ « autodéclaration ». Seules quatre études ont recueilli des données sur la dose et évalué la relation dose-réponse.
Il est aussi important de préciser que la recherche ne démontre pas de lien de cause à effet direct, mais seulement une association. Il est possible que d’autres facteurs, non pris en compte ici, soient à l’origine de problèmes de santé cardiaque chez certains groupes de personnes. Il est donc nécessaire de poursuivre les investigations sur ce sujet.
Cependant, malgré les zones d’ombres planant encore sur le lien de cause à effet entre cannabis et pathologies cardiovasculaires, les professionnels de santé et chercheurs appellent à la grande vigilance et au principe de précaution.
Dans un éditorial, la Dr Lynn Silver et le Pr Stanton Glantz, deux épidémiologistes de Université de Californie à San Francisco, commentent : « La légalisation du cannabis médical et récréatif se multiplie dans le monde et entraîne une augmentation de la consommation et une baisse de la perception du risque. De nombreux usagers croient que le cannabis est une manière sûre et naturelle d’alléger la douleur ou le stress. ».
Avant d’ajouter : « Le cannabis doit être intégré dans le cadre de la prévention des maladies cardiovasculaires cliniques. De même, la prévention des maladies cardiovasculaires doit être intégrée dans la réglementation des marchés du cannabis ».
Par ailleurs, comme le soulignent les auteurs de l’étude dans leur conclusion, ces résultats devraient encourager la recherche de la consommation éventuelle de cannabis chez tous les patients présentant des troubles cardiovasculaires graves.
– It is time to treat cannabis as an important risk factor for cardiovascular disease. Heart. . heart.bmj.com. Consulté le 01 juillet 2025.
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