Cosmétiques « maison » : prudence !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 2 décembre 2017

Depuis quelques années, la mode du « faire soi-même » est devenue une véritable tendance de fond et touche tous les domaines de la vie quotidienne : alimentation, bricolage, habillement. La cosmétique n’y échappe pas comme en témoignent les sites internet toujours plus nombreux qui présentent mille et une recettes de soins à élaborer chez soi. Pour autant,  la fabrication de ses propres produits de beauté est-elle si inoffensive qu’elle y parait ? Lumière sur les zones d’ombre des cosmétiques « maison »…

cosmétiques maison

Un concept grandissant

Si le progrès de la chimie industrielle a mis de côté pendant des décennies la fabrication de ses propres soins de beauté, cette pratique revient aujourd’hui en force avec l’éclosion des tendances au naturel, à l’écologie et à la « slow-life ».

A savoir ! La slow-life est une philosophie de vie qui invite à ralentir son rythme quotidien afin de prendre le temps de vivre et d’apprécier chaque moment. La slow-life s’appuie sur les valeurs fondamentales telles que l’authenticité, le respect, l’amour, le partage, la nature et s’étend aujourd’hui à tous les domaines dont la cosmétique avec les produits faits maison.

On entend par cosmétiques « maison » des produits cosmétiques personnalisés, réalisés par un particulier, à son domicile et pour un usage personnel. Les cosmétiques « maison » se divisent en trois groupes :

  • ceux dont les ingrédients sont d’origine strictement alimentaire
  • ceux dont la base est vendue déjà prête (base lavante neutre, crème neutre, gel d’Aloe vera) et à laquelle il suffit d’ajouter les ingrédients de son choix comme des huiles essentielles ou des parfums afin d’obtenir un produit personnalisé.
  • ceux dont la composition est beaucoup plus complexe et qui nécessitent des adjuvants spécifiques (tensioactifs, émulsifiants).

Les cosmétiques « maison » connaissent aujourd’hui un succès considérable en ce sens qu’ils surfent sur les notions de loisir créatif et écologique. Preuve en est l’excellente santé financière du pionner du secteur, le site Aroma-Zone, qui affiche une croissance forte et soutenue ainsi qu’un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros en 2016, avec un million de clients déjà séduits par le concept.

Les adeptes des cosmétiques « maison »,  toujours plus nombreux, vantent d’ailleurs une meilleure qualité, une meilleure efficacité ainsi qu’une meilleure tolérance de ces produits :

 « Je réagissais mal aux produits conventionnels« , a confié à l’AFP Mme Hajer Chouaref en évoquant les allergies et problèmes respiratoires dont elle souffrait auparavant. Adepte des cosmétiques « maison » depuis plusieurs années, elle ne ferait marche arrière « pour rien au monde »

Dernier atout : le prix de revient de ces cosmétiques « maison » qui peut être jusqu’à dix fois moins cher pour les formules les plus basiques.  Il comprend uniquement le coût des matières premières vu qu’il n’y a plus ni intermédiaires, ni marges de distributeurs, ni budget marketing.

Les cosmétiques « maison » échappent néanmoins à toute réglementation et élaborer soi-même des produits ambitionnant de rivaliser avec l’offre du marché implique une excellente connaissance des matières premières utilisées ainsi qu’une bonne maîtrise de la qualité de fabrication des cosmétiques.

Dans ce contexte, les associations et instances réglementaires ont pris soin de lancer des campagnes d’information sur le sujet.

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La nécessité d’une hygiène stricte

Si la fabrication industrielle des produits cosmétiques est règlementée et soumise à des normes de qualité très strictes pour garantir la sécurité du consommateur final, il en va autrement pour les cosmétiques fabriqués par le particulier. A la maison, le fabricant et l’utilisateur ne font qu’un. Pour autant, la fabrication doit se faire dans des conditions d’hygiène irréprochables afin d’éviter tout risque de contamination et d’effet indésirable pour l’usager.

C’est pour cette raison que la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) a lancé une campagne d’information intitulée « La cosmétique maison, pas si simple » censée transmettre les bonnes pratiques relatives à la fabrication maison d’un soin cosmétique. L’objectif est avant tout d’informer le particulier sur l’absolue nécessité de respecter un certain nombre de règles élémentaires parmi lesquelles :

  • bien se laver les mains
  • nettoyer ses ustensiles avec des détergents
  • conserver ses produits dans des contenants en verre opaque et pas plus de 15 jours s’ils sont composés d’eau.

A savoir ! Le cosmétique « maison » se révèle impropre à l’utilisation lorsqu’apparait une modification de ses caractéristiques organoleptiques initiales (odeur, couleur, apparence, consistance, texture) ou une séparation de phase dans le cas d’une émulsion.

La communication de ces règles élémentaires est loin d’être superflue car certains contenus retrouvés sur internet constituent un véritable risque pour les cosmétologues amateurs.

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La prudence est de rigueur !

Certaines recettes des plus farfelues diffusées par des particuliers loin d’être experts en la matière, circulent en effet librement sur internet, ce qui peut parfois constituer un véritable danger pour la santé publique.

Charlie Marandet, présidente de l’association « Ensemble pour la cosmétique maison » confirme auprès de l’AFP que la prudence est de rigueur : « De nos jours, les gens ont tendance à faire un blog au bout de trois recettes réalisées ». Selon elle, le cas de la recette d’un masque miel-cannelle diffusée en 2015 par une « youtubeuse française » doit faire office d’exemple : de nombreux internautes s’étaient en effet plaints de brûlures de la peau après avoir visionné la vidéo. En cause : les propriétés dermocaustiques  de la cannelle qui n’avaient pas été énoncées.

D’où la nécessité fondamentale pour chacun de s’informer et de prendre en compte les consignes communiquées par les acteurs officiels de la filière.

Il est également important de rappeler que les ingrédients entrant dans la composition de ces cosmétiques « maison » ne sont pas anodins. Les huiles essentielles sont à manipuler avec grande précaution car elles peuvent être irritantes et susceptibles d’entraîner des réactions allergiques. C’est pourquoi, il est recommandé de réaliser un test cutané avec le produit afin de vérifier que la peau ne présente ni irritation ni rougeur, signes d’une possible intolérance. Les huiles essentielles sont par ailleurs contre-indiquées chez certaines personnes, notamment les femmes enceintes

Enfin, les cosmétologues en herbe doivent savoir qu’il est strictement  interdit de commercialiser leurs soins de beauté faits « maison ». Ils sont en effet réservés à un usage personnel et vu la peine encourue (jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende), il vaut mieux garder ses créations pour soi !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Attention, cosmétiques maison ! D. Doukhan. Le quotidien du pharmacien. Le 23 Novembre 2017
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