L’agence Santé Publique France et la Haute Autorité de Santé (HAS) s’inquiètent de la très nette augmentation des cas de formes graves chez les enfants (syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques : PIMS ou MIS-C) ces dernières semaines. Liés à l’augmentation des infections par la Covid-19, ces formes graves provoquent, dans la majorité des cas, des problèmes cardiaques et doivent être prises en charge rapidement.
Les cas de PIMS liés à une infection par la Covid-19 en nette augmentation
Pour des raisons encore obscures, les enfants présentent moins de formes symptomatiques et de formes sévères que les adultes suite à une infection par le virus SARS-CoV-2. Cependant, cela ne signifie pas que les formes graves ne peuvent pas toucher les enfants et les adolescents. Selon un rapport publié par l’agence Santé Publique France jeudi dernier le nombre de cas de PIMS chez les enfants connait une nette augmentation depuis fin décembre 2021, particulièrement marquée sur les trois dernières semaines.
Les syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques constitue l’une des principales formes graves de Covid-19 chez les mineurs. Entre mars 2020 et janvier 2022, 932 cas ont été signalés dont 849 en lien avec une infection par la Covid-19 (confirmés par des tests RT-PCR ou sérologiques positifs). Tous ces cas ont donné lieu à une hospitalisation. Plus de la moitié concerne des garçons (60%) et des enfants le plus souvent âgés de moins de 11 ans (75%). Parmi ceux liés à une infection par la Covid-19, deux tiers des cas de PIMS sont associés à une myocardite, c’est-à-dire une inflammation des tissus musculaires qui composent le cœur.
Actuellement, l’augmentation des cas touche en grande majorité la France métropolitaine avec 35% des cas en Ile-de-France, 14% en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et 12% en Auvergne-Rhône-Alpes. Au total, en France, l’incidence des cas de PIMS en lien avec la Covid-19 s’élève à 5,9 cas pour 100 000 individus inclus dans la population des moins de 18 ans. Le rapport de Santé Publique France souligne que l’amplitude de la vague actuelle (liée au remplacement du variant Delta par le variant Omicron) pourrait s’avérer supérieure à celle de la vague précédente (liée au variant Delta uniquement).
Reconnaître le PIMS pour le prendre en charge rapidement
La survenue des cas de PIMS post-infectieux a lieu 4 à 6 semaines après le début des symptômes liés à la Covid-19 chez l’enfant. Il est à préciser que ce n’est pas parce que l’enfant n’a a priori pas été infecté par la Covid-19 qu’il ne peut pas développer un PIMS.
Pour reconnaître un PIMS, les symptômes évocateurs sont :
- Une fièvre élevée et persistante sur quelques jours ;
- Une altération marquée de l’état général de l’enfant reconnaissable par une fatigue intense, des frissons, une tachycardie, une perte d’appétit, des douleurs diffuses dans le corps… ;
- Des troubles digestifs tels que des douleurs abdominales, des nausées, vomissements ou des diarrhées.
Il s’agit d’une maladie grave pouvant engendrer une décompensation cardiaque en phase aigüe qui se traduit par une aggravation progressive ou soudaine des symptômes d’insuffisance cardiaque. Ce syndrome peut inclure des signes du syndrome de Kawasaki (conjonctivite, langue framboisée, inflammation des lèvres…) ou du syndrome de choc toxique (atteintes rénales). Le diagnostic de PIMS se confirme par l’intermédiaire de tests biologiques, mais l’HAS recommande une hospitalisation en urgence de l’enfant avant même l’obtention des résultats des tests biologiques.
Formes graves chez les enfants : Un effet protecteur de la vaccination
La (ou les) cause(s) de déclenchement des PIMS est encore inconnue, c’est pourquoi il est difficile de trouver un traitement efficace. De plus, la majorité des patients ne présente aucun antécédent médical ou facteur de risque pouvant expliquer la survenue du syndrome. Comme évoqué, la totalité des patients est hospitalisée avec 42% qui sont inclus en service de réanimation et 29% en unités de soins critiques.
Par ailleurs, une étude de l’agence sanitaire américaine parue en début d’année indique que la vaccination protègerait du risque de PIMS. Elle met en évidence qu’un schéma vaccinal complet avec le vaccin Pfizer serait efficace à hauteur de 91% chez les adolescents hospitalisés âgés de 12 à 18 ans. Il s’agit d’un argument encourageant la vaccination des plus jeunes étant les plus à risque de développer un PIMS. Actuellement en France, seuls 5% des enfants âgés de 5 à 11 ans ont reçu une première dose de vaccin.
Si la maladie initiale est sévère, le rapport de Santé Publique France se veut rassurant puisque, d’après les données actuelles de la littérature, très peu de séquelles sont rapportées lors des suivis de cas de PIMS dans les 6 mois suivants. En outre, le rapport n’exclut pas que le variant Omicron puisse entrainer des formes moins sévères chez les enfants que le variant Delta. Rien ne peut être affirmé à ce jour car les données sont encore insuffisantes.
Alexia F., Docteure en Neurosciences
– Covid-19 : Point sur la prise en charge des patients en ambulatoire. has-sante.fr. Consulté le 31 janvier 2022.
– Effectiveness of BNT162b2 (Pfizer-BioNTech) mRNA Vaccination Against Multisystem Inflammatory Syndrome in Children Among Persons Aged 12–18 Years. cdc.gov. Consulté le 31 janvier 2022.