Dépression : un risque diminué de moitié grâce à ces réflexes
Les épreuves douloureuses de la vie et certaines prédispositions génétiques interviennent bien sûr dans le risque de survenue de dépression. Cependant, il est possible d’agir sur certains comportements inhérents à notre hygiène de vie. Eclairage.
Méthodologie de l’étude
En analysant les données de santé de plus de 195 000 individus, des chercheurs, des universités de Fudan en Chine et de Cambridge au Royaume-Uni ont mis en évidence qu’il est possible de réduire de 57 % le risque de dépression avec un mode de vie sain.
Pour mener à bien cette étude, les scientifiques se sont appuyés sur les données de santé de la UK Biobank. En combinant risque génétique et type de mode de vie, ils ont montré le rôle protecteur de sept comportements en lien avec l’hygiène de vie.
Ce sont notamment la consommation d’alcool, l’alimentation, l’activité physique, le sommeil, le tabagisme, la sédentarité et les relations sociales.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont examiné mécanismes neurobiologiques sous-jacents impliquant le fonctionnement de certaines structures cérébrales, la fonction immunitaire et métabolique et la génétique.
Les comportements bénéfiques pour son bien-être mental
Les travaux, publiés dans la revue Nature Mental Heath, viennent confirmer, une fois de plus, que le mode de vie est un puissant levier pour agir sur sa santé mentale.
Les comportements bénéfiques peuvent être regroupés en cinq grandes catégories :
- Une alimentation adéquate ;
- La réalisation régulière d’activités physiques ;
- Un sommeil satisfaisant et réparateur ;
- Des relations sociales fréquentes et de qualité ;
- L’absence de tabagisme.
Leurs analyses statistiques permettant d’établir des relations de cause à effet montrent une boucle d’interaction, et notamment de rétroaction. Autrement dit, l’effet de la cause peut constituer ou aggraver la cause. Par exemple, si nous mangeons mal et que l’on ne bouge pas assez, une dépression peut survenir. Et en retour, la dépression peut elle-même conduire à des habitudes alimentaires peu saines.
Les chercheurs ont aussi analysé les profils génétiques des participants. Résultats ? Le mode de vie se révèle protecteur même chez ceux qui présentent une forme de fragilité ou prédisposition naturelle face au risque d’apparition de la dépression.
C’est une découverte enthousiasmante et pleine d’espoir : même chez les personnes à haut risque génétique, l’hygiène de vie peut jouer un rôle protecteur face au risque de survenue de la dépression.
Impacts dans les différentes formes de dépression
Les chercheurs ont constaté qu’une consommation d’alcool nulle ou légère et une durée de sommeil de 7 à 9 heures étaient optimales pour réduire le risque de dépression.
Parmi tous les facteurs de risque protecteurs, un sommeil optimal a montré la plus grande réduction du risque de dépression, y compris dans le cadre d’un épisode dépressif isolé et une dépression résistante au traitement.
Pour les personnes souffrant de troubles dépressifs récurrents, les liens sociaux fréquents étaient le facteur le plus protecteur, ce qui témoigne des bénéfices de la prescription d’activités sociales pour aider les patients à mieux gérer leur état dépressif.
Le mécanisme potentiel par lequel les facteurs liés au mode de vie influencent le risque de dépression est complexe et multifactoriel. Plusieurs dimensions sont impliquées : les aspects génétiques, les habitudes comportementales et les paramètres neurobiologiques. Les chercheurs ont par ailleurs constaté que le lien entre le mode de vie et la fonction immunométabolique (système de défense de l’organisme et métabolisme) est significatif.
Une altération de la morphologie cérébrale est un autre mécanisme plausible sous-tendant l’association entre le mode de vie et la dépression. Les chercheurs ont mis en évidence que des scores de mode de vie plus élevés sont corrélés à un volume plus important du cortex orbitofrontal et du cortex préfrontal médian. Ceci suggérant une amélioration du contrôle cognitif et de la régulation émotionnelle.
En conclusion, la présente étude a confirmé une relation causale protectrice entre de multiples facteurs liés au mode de vie et le risque de dépression. L’adoption d’un mode de vie sain contribuerait à la prévention de la dépression même en cas de de risque génétique plus élevé.
Ces résultats soulignent donc l’importance de promouvoir un mode de vie sain dans la prise en charge, préventive et curative, de la dépression.
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