Les édulcorants sont de plus en plus employés par les industriels pour conserver le goût sucré des produits alimentaires tout en réduisant leur teneur en sucre. Ces additifs alimentaires seraient pourtant loin d’être inoffensifs. Déjà suspectés d’être cancérigènes, ils seraient également associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires d’après une étude nouvellement parue. On fait le point.
Edulcorants artificiels : une alternative au sucre
Il est communément admis qu’une trop grande consommation de sucres alimentaires est néfaste pour la santé. Pour conserver le goût sucré tout en réduisant la teneur en sucre ajouté dans les produits alimentaires, les industriels utilisent donc massivement des substances artificielles appelées « édulcorants ».
À savoir ! L’Organisation mondiale de la santé recommande de limiter la consommation de sucres libres (sucres ajoutés et naturellement présents dans les jus de fruits, sirops, miel) à moins de 10 % de l’apport énergétique quotidien.
Ils sont présents dans de très nombreux aliments et boissons allégées. Ces additifs alimentaires se retrouvent ainsi consommés quotidiennement par des millions de personnes. L’un des édulcorants les plus connus reste l’aspartame. Sa valeur énergétique est similaire à celle du sucre (4 kcal/g) avec un pouvoir sucrant 200 fois plus élevé. Quant à l’acésulfame-K et au sucralose, respectivement 200 et 600 fois plus sucrants que le saccharose, ils ne contiennent aucune calorie !
Aussi intéressants soient-ils pour remplacer le sucre, ces additifs alimentaires ne seraient pourtant pas si inoffensifs pour la santé. Une récente étude française a démontré le risque d’apparition de cancer associé à la consommation régulière de certains édulcorants. Par ailleurs, le risque cardiovasculaire lié à la consommation d’édulcorants reste quant à lui peu documenté. En effet, jusqu’à présent, seules des études sur des boissons édulcorées ont suggéré une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.
Consommation d’édulcorants alimentaires : quel impact sur le risque de cardiovasculaire ?
Forts de ce constat, des membres de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) ont souhaité étudier l’impact d’une exposition globale aux édulcorants sur le risque cardiovasculaire.
L’étude a duré 12 ans et a porté sur 103 388 participants
Pour mener à bien leurs investigations, les scientifiques ont eu recours à la même méthodologie que dans la précédente étude. Ils ont ainsi analysé les données de santé et de consommation d’édulcorants de 103 388 adultes participant à l’étude de cohorte NutriNet-Santé. 37 % de ces participants ont consommé des édulcorants, à hauteur de 42,46 mg/jour en moyenne. Cette quantité équivaut à 100 ml de soda light ou un sachet individuel d’édulcorant de table par jour.
À savoir ! L’étude NutriNet-Santé est une étude de santé publique participative visant à faire avancer la recherche sur les liens entre la nutrition et la santé. Elle a été lancée en 2009 par l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN). Cette étude a déjà donné lieu à plus de 200 publications scientifiques internationales.
Pendant une période de 12 ans (de 2009 à 2021), les scientifiques ont recueilli des informations relatives au diagnostic de maladies cardiovasculaires. Ils ont pu ensuite procéder à des analyses statistiques. L’objectif étant d’évaluer le lien entre la consommation d’édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont alors observé la survenue de 1 502 événements cardiovasculaires tels que des crises cardiaques, des angines de poitrine, des angioplasties ou des accidents vasculaires cérébraux.
Un impact sur le risque cardiovasculaire
Publiés le 8 septembre dernier dans le British Medical Journal, ces résultats suggèrent ainsi que la consommation d’édulcorants artificiels (en particulier d’aspartame, acésulfame-K et sucralose) serait liée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires et coronariennes.
Des travaux à approfondir
Ces premiers résultats ne penchent pas en faveur de l’utilisation d’édulcorants artificiels en remplacement du sucre. Cependant, les auteurs de cette étude admettent qu’elle comporte des limites. Des différences majeures dans de nombreuses caractéristiques des sujets consommant des édulcorants artificiels par rapport à ceux qui n’en consommaient pas ont en effet pu brouiller les pistes. Les travaux restent donc à approfondir pour pouvoir confirmer ces conclusions.
Déborah L., Docteur en Pharmacie