Encéphalite à tiques : Une vaccination efficace et durable des enfants suisses

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Rédigé par Deborah L. et publié le 4 juin 2024

Du printemps à l’automne, la vigilance est de mise contre l’encéphalite à tiques dans les zones boisées et humides. En Suisse, où cette maladie sévit en permanence, des chercheurs ont mené une étude selon laquelle chez l’enfant et l’adolescent, la vaccination complète contre l’encéphalite à tiques serait efficace à 91 %. Son effet protecteur se maintiendrait même pendant dix ans. On fait le point.

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Qu’est-ce que l’encéphalite à tiques ?

L’encéphalite à tiques désigne une maladie virale transmise à l’être humain entre le printemps et l’automne par la piqûre d’une tique infectée à l’occasion d’activités professionnelles ou de loisirs, dans les zones boisées humides.

À savoir ! Le virus de l’encéphalite à tiques peut également être transmis en consommant des produits laitiers non pasteurisés contaminés. Le virus peut en effet être excrété pendant plusieurs jours dans le lait des ruminants infectés. Certes plus rare, la consommation de lait cru ou de fromage au lait cru peut aussi être source de contamination.

S’ensuit une période d’incubation d’une à deux semaines avant l’apparition brutale de symptômes tels que de la fièvre, des maux de tête et des frissons. A l’origine d’une infection du système nerveux central (cerveau et moelle épinière), l’encéphalite à tiques provoque des symptômes neurologiques importants (paralysie, convulsion) pouvant entraîner des séquelles graves à long-terme.

Encéphalite à tiques : une incidence accrue en Europe

Ces dernières années, l’encéphalite à tiques a vu son incidence augmenter dans toute l’Europe avec un élargissement de son périmètre de circulation. Dans ce contexte et pour un meilleur recensement des cas, l’encéphalite à tiques est devenue une maladie à déclaration obligatoire en France depuis mai 2021. Si jusqu’en 2016, la plupart des cas chez l’être humain étaient essentiellement localisés en Alsace, dans l’est de la Lorraine, en Savoie et en Haute-Savoie, de nouveaux foyers sont récemment apparus dans toute la partie est de la France.

Le principal moyen de prévention de cette maladie consiste à ne pas s’exposer aux piqûres de tiques. Pour cela, il convient d’éviter de se rendre dans des zones où les tiques sont abondantes du printemps à l’automne, de porter des vêtements couvrants et d’utiliser des produits répulsifs sur la peau et des insecticides sur les vêtements. Il faudra enfin s’examiner minutieusement au retour de promenade et enlever les tiques qui se seraient fixées sur la peau.

Il existe par ailleurs des vaccins pour les personnes exerçant en milieu forestier, et qui se retrouvent particulièrement exposées. Ils sont disponibles en France sous les noms de Ticovac® (une forme adulte et une forme pédiatrique) et Encepur®.

À savoir ! La vaccination contre l’encéphalite à tiques est également recommandée du printemps à l’automne aux voyageurs ayant prévu de séjourner en zone rurale ou boisée dans les régions endémiques (Europe centrale, orientale et septentrionale, nord de l’Asie centrale, nord de la Chine et nord du Japon).

Une vaccination efficace et durable des enfants suisses

Dans certains pays, l’encéphalite à tiques est endémique, c’est-à-dire qu’elle y sévit en permanence. C’est le cas de la Suisse (sauf dans les cantons du Tessin et de Genève) où la vaccination est recommandée à tous les habitants à risque d’être exposés aux tiques. Les enfants de plus de 3 ans ainsi que les adolescents sont également concernés par cette recommandation vaccinale vu qu’ils peuvent souffrir, comme les adultes, d’encéphalites à tiques graves.

Mais si la plupart des autres pays européens recommandent un intervalle de rappel du vaccin contre l’encéphalite à tiques de 3 à 5 ans en fonction de l’âge, la Suisse recommande quant à elle un rappel tous les dix ans. Dès lors, la protection vaccinale est-elle toujours présente chez les enfants suisses au bout de dix ans ?

C’est ce qu’ont cherché à savoir des scientifiques suisses à travers une étude ayant pour but de le vérifier. Ils ont ainsi pu faire les constats suivants :

  • Protection des enfants (de 2, 8 et 16 ans) contre l’encéphalite à tiques efficace à 91 % en cas de vaccination complète (trois doses).
  • Protection des enfants (de 2, 8 et 16 ans) contre l’encéphalite à tiques efficace à plus de 66 % en cas de vaccination incomplète (une ou deux doses).
  • Maintien de cette protection dans le temps avec une efficacité de 84 % à dix ans pour un schéma vaccinal complet.

Publiée dans la revue Eurosurveillance, ces résultats confirment ceux observés précédemment dans la population adulte suisse et soulignent l’efficacité élevée et durable de la vaccination contre l’encéphalite à tiques chez les enfants. Dès lors, les chercheurs estiment que dans la mesure où une vaccination complète avec trois doses de vaccin permet de protéger durablement les enfants et adolescents contre la maladie, des intervalles de rappel de dix ans seraient suffisants pour cette tranche d’âge.


Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Vaccin contre l’encéphalite à tiques : une efficacité durable chez les enfants. www.lequotidiendupharmacien.fr. Consulté le 27 mai 2024.
– Encéphalite à tiques. www.anses.fr. Consulté le 27 mai 2024.
– Encéphalite à tiques. Vaccination info service. vaccination-info-service.fr. Consulté le 27 mai 2024.
– Encéphalite à tiques en France : premier bilan des cas recensés par la déclaration obligatoire entre 2021 et 2023. www.santepubliquefrance.fr. Consulté le 27 mai 2024.