Maladie de Lyme, quelles autres maladies peuvent être transmises par les tiques ?

Actualités Maladies infectieuses Maladies parasitaires

Rédigé par Estelle B. et publié le 24 mai 2023

En 2020, les autorités de santé publique estiment à plus de 60 000 cas de maladie de Lyme chaque année en France. Mais cette borréliose n’est pas la seule maladie transmise par les tiques. A l’heure où les sorties en forêts, les randonnées en montagne et les nuits en camping reprennent, des chercheurs publient une étude sur les maladies transmises par les tiques, en fonction de l’espèce de tique. Résultats.

maladie tiques

Morsure de tiques et maladie de Lyme

Chaque année, les morsures de tiques sont responsables de plusieurs milliers de cas de maladie de Lyme, une pathologie qui peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas diagnostiquée et traitée à temps. En mordant, la tique transmet à l’homme des bactéries (entre autres du genre Borrelia) qui sont responsables de la maladie. Mais la situation est en réalité plus complexe. En effet, il n’existe pas une seule espèce de tiques, mais plusieurs, tout comme il n’existe pas une seule maladie transmise par les tiques, mais plusieurs.

A Marseille, il existe un centre de référence, spécialiste mondial des maladies transmises par les tiques. Les chercheurs et médecins y analysent des tiques reçues du monde entier. En 2016, cette équipe avait publié une étude sur les différentes espèces de tiques prélevées sur des humains entre 2002 et 2013, ainsi que les bactéries pathogènes pour l’homme potentiellement transmises lors de la morsure. L’équipe vient de publier de nouvelles données, sur des prélèvements effectués en France sur la période 2014-2021.

Les tiques, différentes espèces capables de mordre l’homme

Les chercheurs ont analysé toutes les tiques prélevées sur des humains en France et envoyées au centre de référence pendant la période considérée. Au total, les analyses ont porté sur 418 tiques, retirées de 359 personnes. Différentes analyses ont été effectuées sur ces tiques :

  • Des analyses morphologiques par un entomologiste spécialiste des tiques ;
  • Des analyses spectrométriques capables de différencier les tiques d’autres vecteurs de maladies bactériennes ;
  • Des analyses génomiques pour identifier les bactéries transmises par les tiques.

Parallèlement, ont été pris en compte les caractéristiques cliniques et démographiques des patients mordus. Des analyses sérologiques ont été effectuées pour déterminer si ces patients avaient été contaminés par une bactérie transmise lors de la morsure.

Sur l’ensemble des tiques analysées, les résultats mettent en évidence plusieurs espèces de tiques :

  • Des Ixodes (47 % des tiques analysées) ;
  • Des Dermacentor (33 %) ;
  • Des Rhipicephalus (16 %) ;
  • Des Hyalomma (3 %) ;
  • Des Amblyomma (2 %) ;
  • Des Argas (0.5 %) ;
  • Des Haemaphysalis (0.5 %).

Démonstration que les tiques constituent une famille assez diverse !

Plus de la moitié des tiques sont porteuses de bactéries pathogènes !

En parallèle des différentes espèces de tiques retrouvées, les chercheurs ont détecté que 58 % des tiques étaient porteuses d’au moins une bactérie pathogène. Et les bactéries pathogènes varient selon l’espèce de tique en cause :

  • Rickettsia raoultii et Rickettsia slovaca pour les tiques du genre Dermacentor;
  • Borrelia Pour les tiques du genre Ixodes;
  • Rickettsia massiliae pour les tiques du genre Rhipicephalus.

Quel est l’intérêt de distinguer les espèces de tiques et les différentes bactéries pathogènes ? Lors de la morsure, il est impossible de déterminer à l’œil nu l’espèce responsable.

Mettre au point des techniques qui permettent d’identifier l’espèce de tique en cause et donc de savoir quelle bactérie elle peut transmettre est important pour déterminer la meilleure prise en charge pour le patient. Sur l’ensemble des patients de l’étude, 107 ont présenté des symptômes suite à la morsure et 26 d’entre eux ont développé une maladie. Parmi les maladies observées, figuraient des escarres du cuir chevelu, des lymphoadénopathies du cou et des maladies de Lyme. La mise en place d’un traitement antibiotique préventif après une morsure peut être orientée grâce aux résultats de cette étude. Tous les cas de maladie de Lyme observés résultaient d’une morsure par une seule espèce de tique, Ixodes ricinus.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Bacterial Agents Detected in 418 Ticks Removed from Humans during 2014–2021, France. wwwnc.cdc.gov. Consulté le 24 mai 2023.