Lors du 32ème congrès du collège européen de neuropsychopharmacologie qui s’est tenu à Copenhague du 7 au 10 septembre, l’université libre d’Amsterdam a partagé ses résultats de recherche sur l’effet dose-réponse du méthylphénidate (Ritaline) sur des enfants diagnostiqués avec un Trouble du Déficit de l’Attention avec hyperactivité (TDAH). Zoom sur les principales conclusions de ces travaux.
La Ritaline : un traitement de première intention datant des années 1990
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est le trouble neuropsychiatrique de l’enfance le plus répandu : 5% des enfants et des adolescents dans le monde souffrent de TDAH.
Les symptômes sont multiples et peuvent être comportementaux et neurocognitifs. L’enfant présente un déficit émotionnel, une hyperactivité motrice et une impulsivité.
Les estimations montrent que 50% à 70% des enfants et adolescents diagnostiqués avec un TDAH prennent un traitement médicamenteux et 40% à 60% bénéficient d’une thérapie comportementale.
À savoir ! La prise en charge d’un enfant souffrant de TDAH varie selon les symptômes. Elle est multidisciplinaire et peut faire intervenir le médecin généraliste (ou pédiatre), un psychiatre, un psychologue, un orthophoniste, un psychomotricien ou/et un assistant social. La première intention de traitement repose toujours sur une psychothérapie. Un traitement médicamenteux n’est proposé qu’en cas d’échec ou d’insuffisance de cette dernière chez l’enfant de plus de 6 ans. La prescription initiale de méthylphénidate est réservée aux spécialistes hospitaliers et/ou services hospitaliers spécialisés en neurologie, en psychiatrie et en pédiatrie. Les autres renouvellements peuvent être faits par tout médecins.
Le méthylphénidate, le principe actif du médicament Ritaline, est un psychostimulant amphétaminique couramment utilisé pour traiter les enfants de plus de 6 ans atteints de TDAH depuis les années 1990.
Même s’il est efficace et bien toléré, 30% des enfants prenant de la Ritaline ne répondent pas aux doses standards.
Par conséquent, les médecins à envisager d’augmenter la dose. Cependant, cette prescription n’est pas sans conséquence puisqu’elle augmente le risque de survenue d’effets secondaires.
Ces effets indésirables peuvent se matérialiser, par exemple, par un retard de croissance et des difficultés à prendre du poids.
À savoir ! Une étude clinique américaine, en 2011, sur 521 enfants atteints de TDAH et suivant une thérapie à base de méthylphénidate a montré qu’après 14 mois, les enfants traités au méthylphénidate avaient moins grandis (1,23 cm en moins en moyenne) et moins pris de poids (2,48 kg en moins en moyenne) comparativement aux enfants non traités. Après 3 ans, les différences étaient d’environ 2 cm et 2,7 kg. La croissance de rattrapage se produit généralement pendant une période de 2 ans après le retrait du méthylphénidate. Pour les chercheurs, l’effet du méthylphénidate sur la croissance est probablement dû à son impact sur la réduction de l’appétit.
L’utilisation au long cours du médicament augmente aussi les risques neuropsychiatriques, cardiovasculaires et cérébrovasculaires.
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Mieux comprendre la relation dose-effet de la Ritaline
Pour comprendre les effets du médicament sur les enfants atteints de TDAH, Karen Vertessen et ses collègues de l’université libre d’Amsterdam ont passé en revue toute la littérature scientifique relative aux effets du méthylphénidate sur des enfants atteints de TDAH. Ils ont catégorisé les niveaux de prescription en trois niveaux : dose légère, dose moyenne et dose élevée.
En analysant ainsi 18 études portant sur 606 enfants atteints de TDAH, ils ont pu conclure que :
- La dose moyenne de méthylphénidate entraîne le meilleur effet sur le contrôle inhibiteur, un aspect de l’impulsivité ;
- Une dose élevée, au-delà de la dose moyenne, ne permet pas au médicament d’agir plus efficacement sur l’inhibition de l’impulsivité.
« Scientifiquement, il s’agit d’un résultat intéressant. En règle générale, des doses élevées de MPH ne permettent pas à l’enfant ou à l’adolescent de mieux contrôler ses inhibitions, bien qu’une augmentation de la dose ait généralement un effet plus marqué sur le comportement général » souligne Karen Vertessen.
Les chercheurs mettent en garde contre l’augmentation des doses en se basant ici sur la découverte que la relation dose-effet de la ritaline ne peut être observé que pour des facteurs comportementaux généraux (perte d’attention ou hyperactivité) et non par sur la capacité de l’enfant à contrôler ses impulsions.
D’autres études sont encore nécessaires pour comprendre :
- Pourquoi certains enfants sont insensibles aux doses moyennes et dans quelles mesures le professionnel de santé peut s’orienter vers une augmentation de la dose de méthylphénidate ;
- Le mécanisme d’action précis du méthylphénidate sur les symptômes du TDAH ;
- Comment est-il possible de mesurer le plus objectivement possible les effets de l’augmentation de la dose de méthylphénidate sur l’ensemble des symptômes du TDAH ;
Aujourd’hui, l’évaluation actuelle de l’efficacité d’une thérapie à base de ritaline TDAH n’utilise que des résultats comportementaux.
Pour les chercheurs, des investigations neurocognitives permettraient d’améliorer l’évaluation de l’effet du médicament sur le contrôle inhibiteur de l’enfant et de l’adolescent.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Méthylphénidate : données d’utilisation et de sécurité d’emploi en France. ANSM. Consulté le 16 septembre 2019.
– 32nd ECNP Congress 2019. MedflixS. Consulté le 5 novembre 2019.