Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant toucheraient, selon les estimations, entre 3 et 5 % des enfants d’âge scolaire. Parfois lourds de conséquence pour la vie de l’enfant et de son entourage familial, ces troubles représentent un enjeu majeur de santé publique. Mieux comprendre leurs origines reste un élément déterminant pour mieux les prévenir et les dépister.
Troubles de l’attention et hyperactivité chez l’enfant
Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant regroupent un ensemble de troubles du comportement, qui surviennent le plus souvent dès les premières années de vie. Les causes exactes de ces troubles restent encore mal connues à ce jour, même ils semblent impliquer plusieurs facteurs génétiques et environnementaux.
Chez 30 à 40 % des enfants diagnostiqués pour un TDAH, au moins un autre membre de la famille est concerné par ces troubles, ce qui suggère une composante génétique à ce problème.
Plusieurs études scientifiques se sont concentrées sur le rôle de la dopamine (un neurotransmetteur cérébral), qui joue un rôle important dans l’attention, l’organisation et l’action. Certains médicaments utilisés contre les TDAH entraînent ainsi une augmentation des niveaux de dopamine entre les neurones.
Par ailleurs, des composantes environnementales ont été évoquées, telles que :
- L’exposition à l’alcool in utero ;
- Le tabagisme de la mère pendant la grossesse ;
- Une naissance prématurée.
Lire aussi – AVC : une forme particulière chez les femmes enceintes
L’alimentation maternelle pointée du doigt !
Si le mode de vie de la femme enceinte a déjà été évoqué comme un facteur déterminant dans la survenue de troubles de l’attention chez l’enfant, l’influence de son alimentation restait à évaluer. Le seul élément alimentaire connu est le lien entre une carence en fer chez l’enfant et la sévérité des symptômes des TDAH. Mais cette association ne serait pas associée à l’alimentation maternelle au cours de la grossesse, mais à une anomalie de stockage du fer chez l’enfant.
L’alimentation de la femme enceinte est déterminante pour le développement physique et mental du fœtus et de l’enfant. Partant de ce constat, des chercheurs français ont mené une étude sur le rôle de l’alimentation maternelle sur les TDAH.
L’étude, baptisée EDEN (Étude des Déterminants pré- et post-natals précoces du développement et de la santé de l’Enfant) a porté sur 1 242 mères et leur enfant. Les femmes étaient suivies durant toute leur grossesse et les enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 8 ans. Une alimentation riche en fruits, légumes, poissons et céréales complètes était considérée comme saine, tandis qu’une alimentation de type occidentale était marquée par la consommation d’aliments transformés et des grignotages.
Lire aussi – Alerte sur les compléments alimentaires pendant la grossesse
Une alimentation saine pour limiter les risques
Les résultats de cette étude ont mis en évidence que les enfants nés d’une mère ayant eu une alimentation peu saine durant la grossesse avaient plus de risques que les autres de développer des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) (21,4 % de cas contre 12,9 %) et des troubles du comportement entre 3 et 8 ans. Une même tendance était observée pour les enfants, dont les mères avaient une alimentation essentiellement de type occidentale.
Ce lien entre alimentation maternelle et développement des TDAH restait significatif, même après élimination d’autres facteurs tels que :
- Les habitudes alimentaires des enfants avant l’âge de 2 ans ;
- Le stress maternel et la dépression post-natale ;
- Le diabète gestationnel
- Le niveau socio-économique des familles.
L’alimentation maternelle au cours de la grossesse pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans le développement des troubles de l’attention et des troubles du comportement chez le jeune enfant. S’il est clairement établi que les TDAH ne sont pas liés au stress, à l’éducation familiale, aux parents ou à l’équipe enseignante, la mère pourrait limiter le risque de tels troubles, en adoptant une alimentation saine dès le début de la grossesse. De tels résultats suggèrent l’importance des recommandations nutritionnelles chez les femmes enceintes ou ayant un projet de conception.
Lire aussi – Grossesses successives et excès de prise de poids
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Prenatal diet and children’s trajectories of hyperactivity-inattention and conduct problems from 3 to 8 years: the EDEN mother-child cohort. Galera, C. and al. 2018. J Child Psychol Psychiatry. doi: 10.1111/jcpp.12898.