Je prends des corticoïdes, suis-je immunodéprimé ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 8 décembre 2023

Environ 0,75 % des Français ont reçu des corticoïdes sur une période d’au moins trois mois au cours de l’année écoulée. Les corticoïdes sont des médicaments largement utilisés dans différentes indications, notamment l’inflammation et l’allergie. Quels sont les liens entre corticoïdes et immunodépression ? Santé Sur le Net répond à cette question.

Corticoïdes immunodepression

Corticoïdes et immunodépression

Les corticoïdes forment une classe de médicaments très utilisés pour traiter des états inflammatoires ou allergiques, qu’ils soient aigus ou chroniques. Ils se retrouvent par exemple dans le traitement de l’asthme, de la rhinite allergique, de la sclérose en plaques, de maladies rhumatismales ou encore de certains cancers. Dérivés d’une hormone naturellement sécrétée par l’organisme, la cortisone ou cortisol, ils sont à la fois très efficaces sur le plan thérapeutique, mais aussi à l’origine de multiples effets secondaires.

Parmi ces effets secondaires, figure l’immunodépression, qui expose le patient sous corticoïdes à un risque infectieux augmenté. L’immunodépression correspond à la réduction plus ou moins forte des capacités du système immunitaire. Le sujet immunodéprimé devient plus fragile face aux infections. L’immunodépression congénitale désigne une immunodépression présente dès la naissance, en lien avec certaines mutations génétiques affectant différentes composantes du système immunitaire. Mais l’immunodépression peut aussi survenir plus tard au cours de la vie, c’est l’immunodépression acquise :

  • L’infection par le VIH provoque une immunodépression ;
  • La transplantation d’organes impose la mise en place d’un traitement antirejet responsable d’une immunodépression ;
  • La prise de certains médicaments appelés des immunosuppresseurs ou des immunomodulateurs entraîne une immunodépression plus ou moins forte.

Une immunodépression en fonction du traitement corticoïde

L’immunodépression induite par certains médicaments expose les patients à des risques majorés de différentes infections, des infections bucco-dentaires, des infections cutanées, des infections ORL ou respiratoires, ou encore des infections de l’appareil génito-urinaire. Ces infections peuvent être plus fréquentes, mais aussi plus sévères et/ou plus difficiles à soigner. Les traitements récents des maladies auto-immunes et de certains cancers font appel à des médicaments immunosuppresseurs. Mais les corticoïdes aussi peuvent entraîner une immunodépression.

Tout traitement par les corticoïdes expose-t-il à une immunodépression ? Les corticoïdes sont prescrits à différents dosages, sur des durées variables et avec différentes voies d’administration : voie orale, voie veineuse, voie intra-articulaire (pour les infiltrations par exemple en cas d’arthrose, voie cutanée ou encore voie inhalée. Tout traitement par des corticoïdes n’expose pas systématiquement à une immunodépression. Tout dépend du contexte, de la durée et de la dose administrée.

La durée de traitement détermine l’immunodépression cortico-induite

Toutes les voies d’administration utilisées pour les corticoïdes peuvent entraîner une immunodépression. Plus la dose de corticoïde est élevée, plus le risque d’immunodépression est important. Par exemple, les doses administrées dans les cancers ou certaines maladies auto-immunes sont nettement supérieures à celles utilisées pour soulager une articulation enflammée. Mais le critère le plus important à prendre en compte est la durée du traitement. Pour les situations aiguës, par exemple une sinusite, le traitement ne dure que quelques jours. Aucun risque de se retrouver immunodéprimé dans ce contexte.

Pour les traitements plus longs, le risque est bien réel, même pour des doses peu élevées de corticoïdes. Les spécialistes considèrent qu’après 15 jours de traitement continu, quel que soit le corticoïde prescrit et quelle que soit la dose, il existe un risque d’immunodépression, avec une majoration du risque infectieux. Parmi les nombreux effets secondaires des corticoïdes, l’immunodépression n’est pas l’effet le plus connu. Pourtant, il est essentiel d’être informé pour prendre les précautions nécessaires pour se préserver des infections pendant ce traitement. Et au moindre symptôme suspect, il faut demander conseil au pharmacien ou au médecin.

Lire aussi – Dermocorticoïdes et soleil ne sont pas contre-indiqués ! – https://www.sante-sur-le-net.com/dermocorticoides-et-soleil-ne-sont-pas-contre-indiques/

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Présentation des déficits immunitaires. James Fernandez. www.msdmanuals.com. Consulté le 27 novembre 2023.
– Les effets indésirables des corticoïdes. Institut National du Cancer. www.e-cancer.fr. Consulté le 27 novembre 2023.
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