L’Institut National d’Etudes Démographiques (INED) vient de publier un rapport sur la mortalité et la natalité en France, trois ans après le début de la crise mondiale de la Covid-19. Où en est la France en termes de natalité ? Comment expliquer le ralentissement observé de l’espérance de vie ? L’analyse du rapport permet d’en savoir plus sur ces deux questions.
La France atteint 68 millions d’habitants en 2023 grâce à la natalité et la mortalité, mais pour combien de temps ?
La France aurait passé le cap des 68 millions d’habitants au 1er janvier 2023, avec une progression de 217 000 personnes en 2022. Cette progression est le résultat de deux phénomènes complémentaires, d’une part d’un excédent de naissances par rapport au nombre de décès, et d’autre part au flux migratoire, avec plus d’entrées que de sorties du territoire. Mais progressivement, l’écart entre les naissances et les décès se réduit, un phénomène qui devrait se confirmer dans les années qui viennent.
Selon les estimations et les projections de l’INSEE, le nombre de décès devrait ainsi devenir supérieur au nombre de naissances à partir de 2035. Pourtant, le taux de fécondité serait stable autour de 1,8 enfant par femme, mais insuffisant pour assurer un renouvellement des générations (assuré pour un taux de fécondité supérieur ou égal à 2,1 enfants par femme). De côté de l’espérance de vie, elle continue à progresser, mais dans une moindre mesure. En 2070, elle pourrait atteindre 88,7 ans, soit 6 années de plus qu’en 2019.
Les impacts de la Covid-19 sur la natalité et la mortalité en 2022
Si les naissances se maintiennent, les décès augmentent faiblement, avec 5 000 décès supplémentaires en 2022 par rapport à 2021. Si l’année 2020 avait vu reculer l’espérance de vie, en lien avec la pandémie de la Covid-19, l’indicateur a repris quelques couleurs depuis, mais sans rattraper le niveau de 2019. L’espérance de vie des femmes en 2021 était de 85,2 ans et de 79,3 ans pour les hommes. D’une manière générale, l’espérance de vie ne progresse plus beaucoup depuis quelques années, et ce pour plusieurs raisons :
- L’épidémie de la Covid-19, qui a fortement frappé les sujets âgés ;
- Les épidémies hivernales de la grippe saisonnière avec des mortalités importantes chaque hiver sauf les deux hivers marqués par la Covid-19 ;
- L’impact des épisodes caniculaires des précédents étés.
Si la Covid-19 semble avoir joué un rôle majeur sur la mortalité et l’espérance de vie, a-t-elle aussi impacté la fécondité ? Le nombre de naissances baisse continuellement depuis 2010, et cette tendance n’a pas été interrompue par la crise sanitaire. Les naissances ont nettement chuté pendant les confinements pour reprendre un rythme plus normal par la suite. Si certains spécialistes avaient projeté un baby-boom dans les mois suivants les confinements, la situation s’est révélée toute autre.
La fécondité et la natalité stagnent en France
La crise de la Covid-19 semble avoir profondément marqué la démographie française, aux deux âges extrêmes de la vie, avec plus de décès chez les personnes âgées, et moins de naissances d’enfants. Et la reprise d’une situation normale en sortie de crise sanitaire ne semble pas complète. Chaque année, l’écart entre le nombre de naissances et le nombre de décès se réduit, laissant entrevoir pour bientôt un déficit net de population.
Après des décennies de progression démographique, la France semble se diriger vers un plateau, puis vers une baisse de la population, qui pourrait atteindre une réduction de 110 000 personnes à l’horizon 2070. L’arrivée des générations du baby-boom à la retraite, les incertitudes sur l’avenir (économiques, politiques, écologiques) sont autant de facteurs capables d’expliquer l’évolution des indicateurs démographiques. L’impact des infections et des épidémies est également majeur, à la fois la Covid-19 de manière exceptionnelle, mais aussi plus régulièrement chaque hiver la grippe saisonnière.
Estelle B., Docteur en Pharmacie