Expédition 5300 : 30 jours dans la plus haute ville du monde

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 février 2019

Les spécialistes considèrent que l’Homme ne peut pas vivre en permanence à une altitude de plus de 5 000 m. Pourtant, au Pérou, se trouve la ville la plus haute au monde, entre 5 100 et 5 300 m d’altitude, et une population de plus de 50 000 habitants. Pour mieux comprendre les effets de l’altitude sur l’organisme, des chercheurs grenoblois ont décidé d’organiser sur place une mission de 30 jours, une opération baptisée Expédition 5300, qui a débuté fin janvier 2019.

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De Grenoble à La Rinconada

La haute altitude fait souvent immédiatement penser aux randonnées en haute montagne. Mais dans certaines régions du monde, des personnes vivent en permanence à une altitude de plus de 5 000 m. Ainsi, au Pérou, se trouve la ville de La Rinconada, la ville la plus haute du monde, située entre 5 100 et 5 300 m d’altitude. La population de La Rinconada compte plus de 50 000 habitants, qui vivent dans des conditions de vie parfois extrêmes.

Jusqu’ici, aucune étude n’a été menée sur des personnes vivant en permanence à une telle altitude. Pour mieux comprendre les effets de l’altitude et d’un faible taux d’oxygène dans l’air respiré (hypoxie), des chercheurs grenoblois ont organisé une expédition de 30 jours, baptisée Expédition 5300. Conçue par le laboratoire Hypoxie Physiopathologie de l’INSERM et de l’Université Grenoble Alpes, cette mission réunit les plus grands spécialistes mondiaux dans les domaines suivants :

  • L’altitude ;
  • L’hypoxie ;
  • La génétique.

En pratique, les chercheurs souhaitent mettre en place un laboratoire grandeur nature à La Rinconada. Avec des équipements de pointe, ils disposeront de 30 jours pour réaliser de nombreux tests. Par ailleurs, ils souhaitent également apporter des conseils à la population locale.

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L’Homme, l’altitude et l’hypoxie

L’objectif de l’expédition 5300 est d’approfondir les connaissances scientifiques sur les mécanismes d’adaptation de l’organisme à la vie en haute altitude. Ainsi, des travaux antérieurs menés dans d’autres villes d’Amérique du Sud, à des altitudes de 3 500 à 4 000 m, ont indiqué l’existence de certaines particularités physiologiques développées au fil des siècles par les habitants de ces zones. Ainsi, les populations vivant en altitude depuis des générations auraient acquis une capacité physiologique à s’adapter au manque d’oxygène en altitude.

La Rinconada est la ville la plus haute du monde et représente donc les conditions de vie les plus extrêmes sur Terre, en termes d’altitude et d’hypoxie. Alors que les spécialistes considèrent que la vie permanente n’est pas possible au-dessus de 5 000 m, les habitants de La Rinconada naissent, grandissent, travaillent, dorment et vieillissent à 5 300 m. Les chercheurs sont donc très impatients de comprendre comment les habitants ont pu s’adapter à de telles conditions.

L’hypoxie engendrée par la haute altitude constitue un grand défi pour l’organisme. Elle peut provoquer de nombreux désagréments :

  • Une gêne ;
  • Des symptômes du mal chronique des montagnes ;
  • Des pathologies spécifiques, notamment pulmonaires, dont les complications sont parfois mortelles.

Ces conséquences sont connues chez les randonneurs de haute montagne, mais ils semblent également exister chez une fraction des habitants de La Rinconada.

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Un projet scientifique, mais aussi humain

Sur les populations vivant en haute altitude, entre 10 et 20 % des personnes rencontrent des difficultés pour tolérer l’hypoxie. Mieux comprendre comment les habitants de ces régions se sont adaptés à leurs conditions de vie, mais aussi déterminer pourquoi certains s’adaptent et d’autres pas, sont importants pour plusieurs aspects :

  • La connaissance de l’état de santé des populations de haute altitude ;
  • Les mécanismes de certaines pathologies pulmonaires, survenant en plaine chez certains patients ;
  • Les limites d’adaptation de l’être humain à son environnement.

Au-delà du contexte médical et scientifique de l’expédition 5 300, les chercheurs souhaitent apporter une valeur humanitaire à leur projet. Ils souhaitent entrer en contact étroit avec les habitants pour initier sur place des projets médicaux, sanitaires et éducatifs. Les chercheurs sont arrivés sur place fin janvier pour installer le laboratoire et les équipements. Les tests doivent durer tout le mois de février 2019 et devraient livrer leurs secrets dans les prochains mois.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Site internet de l’expédition 5300. expedition5300.com. Consulté le 31 janvier 2019.