Fertilité féminine : quels sont les liens avec la pollution ?
Pollution de l’air, exposition aux perturbateurs endocriniens, contamination de l’eau et des sols… tous ces polluants chimiques présents dans l’environnement impactent la fertilité féminine, et donc les chances de conceptions d’un enfant.

L’omniprésence des perturbateurs endocriniens
Présents dans les pesticides, les plastiques et microplastiques, les retardateurs de flamme, les produits ménagers ou encore les cosmétiques, les perturbateurs endocriniens sont des molécules chimiques qui vont interférer avec le système hormonal.
Ces perturbateurs endocriniens peuvent :
- Altérer la qualité des ovocytes : le bisphénol A ou les phtalates, des molécules utilisées dans la fabrication de plastique, sont suspectés de réduire la qualité des ovules et d’augmenter le risque d’anomalies chromosomiques ;
- Dérègler le système hormonal : certains perturbateurs endocriniens limitent ou bloquent l’action des œstrogènes, ce qui entraine des dysfonctionnements induisant troubles de l’ovulation ou infertilité ;
- Altérer la qualité de l’endomètre : une exposition prolongée à certains perturbateurs endocriniens pourrait rendre la muqueuse utérine moins réceptive à l’implantation et la croissance de l’embryon. Les conséquences peuvent être des fausses couches à répétition, des difficultés d’implantation de l’embryon ou les complications pendant la grossesse.
Une étude, remontant déjà à l’année 2006, et menée par l’école de médecine de Tulane à la Nouvelle-Orléans, avait montré que les perturbateurs endocriniens peuvent perturber le cycle menstruel, diminuer la réserve ovarienne, et augmenter le risque de fausses couches et d’anomalies congénitales.
L’étude ELFE (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance) de 2011 montre que 74% des femmes enceintes sont imprégnées par du bisphénol A et les principaux modes d’imprégnation étaient les aliments préemballés, le vin et l’air intérieur. Pour les phtalates, 99% d’entre elles étaient imprégnées avec des modes de contamination via la crème fraiche et les glaces, les produits ménagers et les cosmétiques.
Pollution de l’air, de l’eau et des sols
Les particules fines (PM2.5, PM10), les oxydes d’azote (NOx) et d’autres polluants atmosphériques sont reconnus comme des facteurs de risque pour la santé reproductive féminine. Tout comme les polluants retrouvés dans les sols et l’eau.
Plusieurs études scientifiques ont établi un lien entre l’exposition à la pollution de l’air et :
- Une baisse de la réserve ovarienne : diminution plus rapide du nombre de follicules contenant les ovocytes ;
- Des perturbations du cycle menstruel avec des irrégularités, des règles douloureuses ou absentes et la survenue plus fréquente du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) plus fréquent ;
- Un risque augmenté de fausses couches, et notamment en début de grossesse.
L’exposition à des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium) ou à des résidus de pesticides contenus dans les sols et dans l’eau peut également jouer un rôle dans la baisse de la fertilité féminine. Ces substances s’accumulent dans l’organisme via l’alimentation et l’eau du robinet.
Les métaux lourds et les résidus de pesticides peuvent :
- Réduire la production des hormones sexuelles ;
- Modifier la qualité des ovocytes ;
- Favoriser l’endométriose, une maladie inflammatoire souvent associée à l’infertilité.
L’étude ELFE montrait que 100% des femmes de l’étude étaient imprégnées par les pesticides (pyréthrinoïdes) avec une contamination principalement issue de pesticides, produits anti-poux, tabac et alcool.
Idem pour l’arsenic dont le principal mode d’imprégnation est la consommation de poissons et crustacés. Le cadmium était quant à lui retrouvé chez 88% des femmes avec une contamination véhiculée par les légumes racines type poireaux, carottes et oignons. Le mercure, retrouvé principalement par les produits de la mer (poissons, crustacés), était retrouvé chez 88% des participantes.
Que faire à son échelle pour limiter les risques ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, plus de 20 % des couples en âge de procréer dans les pays industrialisés rencontrent des difficultés à concevoir. La pollution environnementale est désormais considérée comme un facteur contributif majeur.
Aussi, ce chiffre vient raisonner avec les données retrouvées à l’échelle nationale. Ainsi, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 10 % à 25 % des cas d’infertilité en France sont inexpliqués. Une partie de ces cas pourrait être due à l’exposition à des polluants environnementaux, qui interfèrent avec le système hormonal et perturbent la reproduction.
Face à ces constats, des mesures à titre individuel peuvent être mises en place :
- Réduire son exposition dès que possible : privilégier les aliments bio, éviter les contenants en plastique ;
- Utiliser des produits cosmétiques et ménagers écologiques et certifiés sans perturbateurs endocriniens ;
- Eviter les cosmétiques avec parabènes et substances nocives ;
- Améliorer la qualité de l’air des logements : aérer régulièrement et limiter les sources de pollution (tabac, encens, produits chimiques, parfums d’ambiance et bougies parfumées, etc.) ;
- Consulter un spécialiste : en cas de projet de grossesse, un bilan de fertilité et une évaluation de l’exposition aux polluants peuvent être utiles.
Collectivement, les travaux de Recherche doivent également se poursuivre sans relâche. Aujourd’hui, il est établi que certains polluants présents dans l’environnement, comme le bisphénol A, les phtalates, certains pesticides, les dioxines ou les PFAS, peuvent altérer la fertilité féminine.
Cependant, de nombreuses questions sont encore non élucidées : quelle est la proportion exacte de cas d’infertilité liés à ces substances ? Quelles sont les expositions réelles ? Comment se manifeste l’effet « cocktail », autrement dit les interactions entre différentes molécules ? Quelles sont les périodes d’exposition les plus à risque dans une vie ?
La réglementation doit aussi évoluer en fonction de ces nouveaux résultats scientifiques. Les enjeux de cette réglementation sont multiples : préserver la santé des populations, protéger les écosystèmes et promouvoir l’innovation pour développer des substituts.
– Pollution : quand l’environnement menace la fertilité féminine. theconversation.com. Consulté le 28 octobre 2025.
– Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l'environnement en France en 2011 – Tome 3 : synthèse et conclusions. www.santepubliquefrance.fr. Consulté le 3 novembre 2025.
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