Fibromyalgie : les premières recommandations de la Haute Autorité de Santé
Touchant jusqu’à 2% de la population, et majoritairement des femmes, la fibromyalgie est une pathologie chronique encore trop méconnue. Pour éviter les errances médicales et mieux prendre en charge les patientes et patients, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié ses premières recommandations. Etat des lieux.

La fibromyalgie en bref
Loin d’être une maladie psychosomatique ou une maladie inflammatoire, la fibromyalgie est une altération des voies de contrôle de la douleur au niveau du système nerveux central.
Les patientes et patients ont une extrême sensibilité à la douleur (perception douloureuse des stimulations qui sont normalement indolores et une perception importante de la douleur elle-même). L’imagerie fonctionnelle met notamment en évidence que certaines zones du cerveau responsables de la modulation de la douleur fonctionnent de manière anormale.
Les symptômes majeurs sont des douleurs diffuses persistantes et une forme de sensibilité à la pression. Le plus souvent, ces douleurs sont associées à d’autres signes évocateurs comme une fatigue intense et des troubles du sommeil.
La réalisation des activités de la vie quotidienne devient plus ou moins compliquée et ce retentissement peut s’aggraver dans le temps. Cette répercussion est variable d’une personne à l’autre.
Fibromyalgie : quelles sont les recommandations de la HAS ?
Les premières recommandations de la HAS concernent la marche à suivre pour poser un diagnostic. La fibromyalgie se diagnostique désormais en consultation, en écoutant le patient et en évaluant ses symptômes à l’aide de critères validés. La combinaison est donc entretien approfondi et examen clinique. Aucun examen biologique ou d’imagerie n’est envisagé sauf en cas d’alerte.
Deux outils sont mis à disposition du médecin : le questionnaire FiRST et les critères de l’American College of Rhumatology.
Ces grilles d’évaluation ont pour objectif de vérifier que les douleurs sont présentes depuis au moins trois mois et qu’elles sont diffuses sur plusieurs zones du corps. Les symptômes associés sont aussi questionnés comme l’hypersensibilité sensorielle, la fatigue, des troubles du sommeil ou des difficultés de concentration.
Du côté du traitement, les médicaments ne sont plus hissés en première intention et comme solution unique. L’autorité sanitaire recommande d’utiliser en seconde intention certains neuromodulateurs pour diminuer les intensités des douleurs et favoriser le sommeil. Il s’agit notamment de la prégabaline, de la dulotexine et de l’amitriptyline. Ces traitements pharmaceutiques, intégré dans un parcours de soin global, devront être testés et évalués régulièrement.
Les antalgiques, certains antidépresseurs ou antiépileptiques doivent être introduits à faibles doses, avec une surveillance étroite de la tolérance et de l’efficacité. Les opioïdes restent exceptionnels.
En première intention, la HAS conseille une reprise régulière, 2 à 3 fois par semaine, d’activités physiques douces. Plusieurs options s’offrent à la patiente et au patient : activité physique adaptée, marche, yoga, natation et vélo à faible intensité.
Pour aider à soutenir les efforts sur la longueur et effectuer les mouvements adaptés, les patients peuvent être encadrés par un professionnel formé, comme un kinésithérapeute ou un éducateur en activité physique adaptée. Cette reprise d’activité a plusieurs vertus : revenir à une écoute apaisée de ses sensations corporelles, réduire les raideurs, mieux gérer la fatigue et améliorer son bien-être psychique.
En troisième intention, la neurostimulation peut être envisagée, sur avis spécialisé.
Un parcours personnalisé et une adaptation au monde du travail
Le médecin généraliste joue un rôle clef en coordonnant le programme de soins. Il pourra orienter vers des spécialistes si nécessaire et proposer des parcours de soins adaptés (consultation en centre d’évaluation et de traitement de la douleur, suivi d’un programme d’éducation thérapeutique, consultation psychologique, accompagnement dans l’activité physique, référencement des associations de patients).
Des mesures sont également initiées pour concilier fibromyalgie et vie professionnelle. Notons en effet que les trois quarts des personnes souffrant de fibromyalgie déclarent avoir dû adapter, réduire ou parfois arrêter leur activité.
Ainsi, la HAS recommande une prise en charge se matérialisant par :
- Des aménagements de poste individualisés ;
- La mise en place d’un temps partiel thérapeutique ;
- Un suivi par la médecine du travail ;
- Une reconnaissance éventuelle en tant que travailleur handicapé.
Avec ses recommandations de la HAS, les pouvoirs publics reconnaissent pleinement la souffrance du patient et la réalité de cette maladie.
– Fibromyalgie de l’adulte : Conduite diagnostique et stratégie thérapeutique. HAS. . www.has-sante.fr. Consulté le 21 juillet 2025.
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