Ce qu’il faut savoir sur la douleur chronique, ce mal invisible du quotidien
Les douleurs chroniques concernent environ 32 % de la population française. Ce mal invisible peut être un handicap important dans la vie quotidienne et affecte considérablement la santé mentale. Voici quelques explications simples pour comprendre la notion de douleur chronique et son impact dans la vie quotidienne des personnes atteintes.
Comprendre la douleur chronique
La douleur chronique se définit comme une douleur qui persiste au-delà de 3 à 6 mois. Contrairement à la douleur aiguë, qui joue un rôle d’alerte face à un danger pour l’organisme, la douleur chronique perd sa fonction protectrice, elle devient constante et difficile à supporter.
La douleur chronique modifie le système nerveux et par conséquent la neuroplasticité. Cela signifie que le cerveau s’adapte à la douleur, il modifie sa structure et son fonctionnement en réponse à des stimuli internes ou externes, par conséquent la douleur constante. Généralement cette capacité d’adaptation permet au cerveau de rétablir à la suite d’un traumatisme, de trouble ou de lésion neuronale.
Mais cette faculté peut aussi entraîner une sensibilisation accrue du cerveau et de la moelle épinière qui deviennent hyper-réactifs. Cette circonstance amplifie les signaux de douleur, parfois même en l’absence de stimulus ou d’inflammation.
La douleur chronique est multifactorielle. Elle est influencée par des facteurs biologiques (inflammation, traumatisme physique, lésions nerveuses), psychologiques (anxiété, dépression) et sociaux (isolement, stress au travail). Ces dimensions interagissent et peuvent parfois compliquer le diagnostic.
Le dossier de presse de la Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD), publié en 2019, indique que 32 % des Français se plaignent d’une douleur quotidienne depuis plus de trois mois. Elle a un impact considérable sur la qualité de vie, la santé mentale et l’activité professionnelle.
Différents types de douleurs chroniques
La douleur chronique n’est pas une réalité uniforme, elle peut prendre plusieurs aspects selon les individus. On distingue principalement quatre types de douleurs chroniques : nociceptives, neuropathiques, nociplastiques et mixtes.
La douleur nociceptive est causée par une lésion ou une inflammation localisée comme l’arthrose, une tendinite ou une lombalgie. Elle est liée à l’activation des récepteurs de la douleur appelés nocicepteurs. Ce type de douleur, souvent lancinante ou aiguë, répond généralement bien aux antalgiques de palier 1 comme le paracétamol, les anti-inflammatoires, mais dans certains cas, elle nécessite un recours aux opioïdes.
La douleur neuropathique résulte d’une lésion ou d’un dysfonctionnement du système nerveux, comme dans la névralgie ou la neuropathie périphérique. Elle est souvent décrite comme une sensation de brûlures, de fourmillements ou de décharges électriques. Elle nécessite des traitements spécifiques, parfois en dehors des antalgiques classiques.
La douleur nociplastique, dite aussi centralisée, provient d’une altération du traitement de la douleur par le cerveau et la moelle épinière. C’est le cas de la fibromyalgie ou du syndrome du côlon irritable. Elle demande une approche neurochimique et comportementale.
Souvent, plusieurs types de douleurs coexistent chez un même patient. Leur identification permet d’adapter précisément le traitement selon l’intensité et les besoins individuels du patient.
Impact de la douleur chronique sur la santé mentale et la vie quotidienne
La douleur chronique envahit tous les aspects de la vie. Sur le plan physique, elle entraîne une fatigue persistante, des troubles du sommeil, une réduction de la mobilité, voire une perte d’autonomie. Ces limitations fonctionnelles peuvent rendre les tâches les plus simples du quotidien extrêmement difficiles.
Mais ses conséquences psychologiques sont tout aussi profondes : anxiété, irritabilité, repli sur soi, voire dépression peuvent s’installer. Vivre avec une douleur permanente épuise mentalement, surtout quand elle est mal identifiée ou peu reconnue. Cette souffrance invisible nuit aux relations sociales et professionnelles et peut déclencher un sentiment d’isolement, d’incompréhension, de l’absentéisme, voire un retrait complet de la vie professionnelle.
Une prise en charge globale est essentielle, combinant traitement physique et suivi psychologique adapté. Le gouvernement a d’ailleurs lancé une campagne de sensibilisation sur l’usage raisonné des antalgiques, notamment les opioïdes, rappelant l’importance d’un accompagnement pluridisciplinaire et du soutien psychologique pour éviter l’accoutumance et mieux vivre avec la douleur au quotidien. L’HAS a par ailleurs publié en janvier 2023 un guide de bonnes pratiques du parcours de santé pour une personne présentant une douleur chronique.
– LA DOULEUR ET SA PRISE EN CHARGE EN FRANCE, OÙ EN EST-ON EN 2019 ?. www.sfetd-douleur.org. Consulté le 6 mai 2025.
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