Depuis un décret de 2016, mis en application en 2017 et étendu en 2022, l’activité physique adaptée (APA), plus communément appelée le sport sur ordonnance, peut être prescrite pour toutes les personnes atteintes d’une pathologie chronique. Une thérapie non médicamenteuse qui a démontré des bénéfices sur la santé des patients dans de nombreuses maladies.
Qu’est-ce que l’activité physique adaptée (APA) ?
L’activité physique adaptée (APA), encore appelée le sport sur ordonnance, correspond à des programmes structurés et planifiés d’exercices physiques, dispensés par un professionnel de l’APA. L’APA est désormais considérée comme une intervention thérapeutique non médicamenteuse, qui s’inscrit dans le parcours de soins des patients atteints de maladies chroniques. Elle a été instaurée par un décret du 30 décembre 2016, rentré en application le 1er mars 2017.
Ce décret précise les conditions suivantes :
- Quels professionnels de santé peuvent prescrire l’APA ;
- Quels professionnels peuvent dispenser l’APA ;
- Quels patients peuvent se voir prescrire l’APA.
Ce décret précisait que le sport sur ordonnance ne pouvait être prescrit qu’aux seuls patients atteints d’une Affection Longue Durée (ALD). Dans la loi du 2 mars 2022 qui vise à démocratiser le sport en France, les conditions d’éligibilité des patients à l’APA ont été élargies. Désormais, peuvent en bénéficier les patients :
- Atteints d’une ALD ;
- Atteints d’une maladie chronique (non reconnue en ALD) ;
- Qui présentent des facteurs de risque, comme les sujets en surpoids ou obèses ;
- Qui sont dans une situation de perte d’autonomie (sujets âgés dépendants et/ou personnes en situation de handicap).
N’hésitez pas à poser des questions à votre médecin sur l’APA.
L’APA, pour quels patients et par quels professionnels ?
N’importe quelle activité physique ne peut pas être considérée comme une activité physique adaptée. L’APA est dispensée sous la forme de programmes d’exercices physiques, d’une durée limitée, adaptés à :
- La pathologie du patient ;
- Les capacités physiques du patient ;
- Le risque médical encouru par le patient.
L’activité physique adaptée est prescrite – sur une ordonnance – par un médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste. Il précise sur l’ordonnance le ou les objectifs du programme d’APA, par exemple perdre du poids, renforcer la masse musculaire ou encore travailler la fonction cardiovasculaire. La Haute Autorité de Santé précise dans des guides les programmes d’APA les plus pertinents pour différentes pathologies ou situations cliniques, comme :
- Les pathologies articulaires inflammatoires, telles que la spondylarthrite ankylosante ou la polyarthrite rhumatoïde ;
- La sclérose en plaques ;
- Les lombalgies chroniques ;
- La fibromyalgie ;
- Le surpoids et l’obésité chez l’enfant.
L’APA est désormais considérée un soin de support dans le parcours de soins des patients de nombreuses maladies chroniques, notamment les cancers. Ce soin de support est déterminant dès le diagnostic et tout au long du parcours de soins. Il s’appuie sur les bénéfices démontrés de l’activité physique sur la santé physique et mentale. Dans de nombreuses pathologies, il améliore la condition physique, favorise la réponse aux traitements et donc le pronostic et améliore la qualité de vie des patients.
Tous les éducateurs ou moniteurs sportifs ne peuvent pas dispenser des programmes d’APA. Les professionnels de l’APA doivent être qualifiées et remplir certaines conditions, définies dans le décret de 2016. En pratique, les professionnels de l’APA sont :
- Les masseurs-kinésithérapeutes ;
- Les ergothérapeutes ;
- Les psychomotriciens ;
- Les professionnels titulaires d’un diplôme dans le domaine de l’activité physique adaptée (APA), à savoir les professionnels issus de la filière universitaire STAPS « activité physique adaptée et santé » ;
- les éducateurs sportifs, les fonctionnaires et militaires figurant à l’article R.212-2 du Code du sport ou enregistrés au répertoire national des certifications professionnelles ;
- Les personnes qualifiées titulaires d’une certification délivrée par une fédération sportive agréée, garantissant les compétences permettant à l’intervenant d’assurer la pratique d’activité physique.
Comment se déroule un programme d’activité physique adaptée ?
A toutes les étapes, le professionnel de l’APA va concevoir, puis adapter le programme d’activités physiques à la prescription du médecin, et à l’état de santé et à la condition physique du patient. En pratique, un programme d’APA se compose de 2 à 3 séances d’activité physique par semaine sur une période de 3 mois. Si besoin, le programme peut être renouvelé, à nouveau sur prescription médicale. Les séances durent généralement entre 45 min et 1h et peuvent se dérouler en séances individuelles ou le plus souvent en groupes.
Les exercices physiques qui sont associés dans l’APA sont le plus souvent des exercices d’endurance, d’aérobie et de renforcement musculaire. D’autres activités peuvent être ajoutées selon la prescription et la pathologie :
- Des exercices d’équilibre ;
- Des exercices de coordination ;
- Des exercices d’assouplissement ;
- Des exercices respiratoires.
Les séances débutent toujours par une phase d’échauffement et se terminent par une phase de récupération. Il doit systématiquement y avoir un jour de repos entre deux séances d’APA.
En théorie, tous les patients remplissant les conditions de prescription de l’APA peuvent bénéficier de ce soin de support. Mais certains patients sont plus particulièrement ciblés par ces dispositifs :
- Les personnes n’ayant pas une activité physique répondant aux recommandations de l’OMS (30 min d’activité physique par jour sur 5 jours par semaine) ;
- Les patients ne pratiquant pas d’activité physique dans un club ou en autonomie ;
- Les patients nécessitant un accompagnement personnalisé pour pratiquer en toute sécurité.
Il faut néanmoins savoir qu’à ce jour aucun remboursement par l’Assurance maladie n’est prévu pour l’APA. Certains organismes complémentaires peuvent prendre en charge une partie des frais associés. Dans certains établissements de santé, l’APA fait partie de la prise en charge et est dispensée gratuitement aux patients hospitalisés et/ou suivis dans l’établissement. Enfin, certaines associations ou collectivités locales mettent en place des programmes d’APA et facilitent leur accessibilité à tous les patients.
Quel examen médical avant de commencer le sport sur ordonnance ?
Avant de prescrire un programme d’APA à un patient éligible à ce soin de support, le médecin effectue une évaluation médicale, pour évaluer différents aspects :
- L’état de santé du patient et sa pathologie ;
- Son mode de vie ;
- Son niveau d’activité physique et sa condition physique ;
- Sa motivation à faire du sport ;
- Le risque cardiovasculaire et les autres risques à prendre en compte dans la définition du programme d’APA.
Cette évaluation médicale est associée à un examen médical complet du patient.
Une évaluation de la condition physique du patient peut être demandée par le médecin à un professionnel de l’APA, avant de prescrire le sport sur ordonnance. De même, le médecin peut demander un avis médical à certains spécialistes, par exemple un cardiologue, avant de prescrire l’APA. Si besoin, des examens complémentaires seront effectués.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Activité physique adaptée : conseils pratiques pour l’intégrer dans son parcours de soins. www.france-assos-sante.org. Consulté le 27 septembre 2024.
– La prescription d’activité physique adaptée (APA). Haut Autorité de Santé. www.has-sante.fr. Consulté le 27 septembre 2024.