Fièvre acheteuse : quels sont les signes et remèdes de cette addiction ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 20 décembre 2018

En cette période de Noël, c’est le moment de réaliser de multiples achats pour faire plaisir à sa famille et ses amis. Pour 5 % de la population mondiale, l’action d’acheter un objet peut parfois se transformer en un véritable cauchemar. En effet, ces victimes d’oniomanie (achats compulsifs) sont sous l’emprise d’une compulsion, ou perte de contrôle, les obligeant à se procurer très fréquemment des objets tout en occultant les conséquences de ce geste sur leur budget. Retour sur les éléments clefs permettant de décrypter cette addiction comportementale.

achats-compulsifs

 Les 7 signes de la frénésie d’achats compulsifs

L’oniomanie, dont l’étymologie est basée sur le grec ancien  » onios » signifiant  « à vendre » et mania pour « folie », est un trouble lié à l’achat compulsif décrit il y a déjà plus d’un siècle par un psychiatre allemand, Emil Kraepelin.

D’autres appellations lui sont données comme la prodigalité, la frénésie d’achats compulsifs.

Suite à une étude portant sur 23 537 personnes, une échelle en 7 points pour repérer le trouble a été mise en place par l’équipe du Dr Cecile Schou Andreassen de l’université de Bergen en Norvège :

  • Des pensées obsessionnelles autour du shopping et de l’achat ;
  • L’achat permet de changer votre humeur ;
  • Les achats perturbent votre quotidien ;
  • Nécessité d’acheter toujours plus pour atteindre la même satisfaction ;
  • Incapacité à acheter moins ;
  • Un sentiment de détresse ou de tristesse si l’achat n’est pas réalisé (sentiment de manque non comblé) ;
  • Les achats affectent votre bien-être et vous ressentez des signes psychologiques d’épisodes maniaques.

À savoir ! La manie, ou épisode maniaque, se caractérise par une augmentation de l’humeur, un état euphorique sans rapport avec un contexte particulier, et une excitation psychologique et physique. Un état hypomanie est la forme atténuée de l’état maniaque.

Concrètement, trois sentiments viennent dans la tête de l’acheteur ou l’acheteuse après s’être enfin approprié un objet convoité : l’euphorie suivie immédiatement par de la déception puis du sentiment de culpabilité.

Pour lui ou elle, ce qui compte avant tout c’est l’acte d’achat et pas l’objet en lui-même. Certains patients souffrant de ce trouble auront quelques fois plusieurs exemplaires du même objet et /ou n’ouvriront même pas les paquets.

On parle de véritable « cercle vicieux » car la colère et le stress pourront être atténués chez cette personne par un retour en magasin ou sur un site d’e-commerce pour réaliser de nouveaux achats.

Quand la situation financière deviendra catastrophique, la personne souffrant de ce trouble ira jusqu’à dissimuler ou détruire les objets achetés.

La prévalence de ce trouble varie entre 1 et 8% dans la population mondiale. Aux Etats-Unis, où ce trouble est également nommé « shopping disorder », 6 % de la population en souffrent et les plus touchés seraient les plus jeunes adultes (hommes et femmes confondus), les personnes ayant plutôt des faibles revenus et/ou celles ayant un profil d’extravertis et de dépressifs.

Les experts ayant travaillé sur cette addiction estiment notamment qu’Internet a permis l’expansion phénoménale de ce trouble. Il est encore difficile de trouver les chiffres montrant ce lien, mais certains avancent qu’Internet aurait multiplier par deux le nombre de cas de personnes souffrant d’oniomanie.

En France, le trouble d’achats compulsifs peut être reconnu par les tribunaux.

Par ailleurs, cette dépendance est souvent associée à d’autres troubles comme la dépression, les troubles alimentaires ou une autre addiction.

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Comment soigner cette addiction au shopping ?

Les travaux sur ce trouble révèlent que les scores de dépendance au shopping sont inversement proportionnels aux scores d’estime de soi.

Impliquant alors, que certaines personnes achètent excessivement pour obtenir une meilleure confiance en elle.

Les thérapies principales sont :

  • Un traitement anti-dépresseur si l’addiction au shopping est accompagnée d’une dépression ou d’une forte anxiété ;
  • Une psychothérapie (classique ou une Thérapie Cognitivo-Comportementale ou TCC) ;
  • Des séances de sophrologie ou de relaxation (méditation pleine conscience) ;
  • L’hypnose ;
  • Une thérapie de groupe.

Grâce à ces thérapies, le patient pourra identifier les causes qui sont à l’origine de ces achats incontrôlables. Ces causes sont variables et peuvent être une tristesse enfouie, un manque de confiance en soi. L’objectif sera d’identifier le « manque » ou les « manques » psychologiques que ces achats compulsifs visent à combler.

En Allemagne, la clinique d’Erlangen, a mis au point une thérapie particulière, dont l’efficacité a pu être démontrée scientifiquement. Il s’agit ici de suivre une thérapie de groupe pendant 3 mois au cours de laquelle le patient va apprendre à réaliser des activités alternatives comme le sport, la lecture ou les rendez-vous pour aller boire un café. Cette substitution va permettre au patient de se détourner de ses envies incontrôlées d’aller acheter un objet.

En répondant aussi à leurs interrogations pratiques, les personnes souffrant de ce trouble apprennent des astuces qui vont leur permettre de diminuer la fréquence de leurs achats comme : utiliser de l’argent liquide au lieu de la carte de crédit, ne pas acheter sur les sites d’e-commerce, aller faire du shopping avec un proche qui va aider à contenir les envies d’achats par ses conseils et sa présence, répertorier ses biens que l’on possède à la maison et garder la liste sur soi.

Enfin, si vous pensez avoir un proche autour de vous souffrant d’oniomanie, n’hésitez pas à lui parler de vos inquiétudes et de votre point de vue ! L’étape la plus difficile pour les « shopping addict » serait la prise de conscience de ce trouble.

Lire aussi Lutter contre les addictions grâce à la pleine conscience

Julie P., Journaliste scientifique

– The Bergen Shopping Addiction Scale: reliability and validity of a brief screening test. Frontiers in Psychology. C.S. Andreassen et al. Consulté le 17 décembre 2018.
  • CATHERINE AUDIGER says:

    Bonjour,

    J’ai une amie, comme une soeur, qui a ce trouble, mais avec des vêtements de marque, que bien souvent elle ne porte pas, elle les retrouve quelques années après dans leur sac, dans une armoire ou un tiroir. Mais il faut que ce soit de la « marque ».
    Elle est actuellement en situation de remboursement par une hypothèque de la maison avec son mari. Je l’ai dépannée financièrement parce que sa banque allait la bloquer. Et avec cet argent, elle est allée faire des achats….
    Elle a maintenant un plan de remboursement encore sur 12 ans. Mais il n’y a pas longtemps, elle s’est acheté un blouson en cuir, en solde, mais quand même cher, qu’elle paye en 3 fois. Je n’arrive pas à la convaincre d’aller consulter, de changer de tactique d’achat, laisser sa carte bleue chez elle et ne prendre que du liquide, rien n’y fait.
    Je l’ai ensuite dépannée encore, mais là, il est hors de question de recommencer cette bêtise, cela va à son encontre, même si la banque la menace. Je ne sais plus comment faire.
    Pouvez-vous me conseiller svp ?
    D’avance merci.

    Reply
  • CATHERINE AUDIGER says:

    Bonjour,

    J’ai une amie, comme une soeur, qui a ce trouble, mais avec des vêtements de marque, que bien souvent elle ne porte pas, elle les retrouve quelques années après dans leur sac, dans une armoire ou un tiroir. Mais il faut que ce soit de la « marque ».
    Elle est actuellement en situation de remboursement par une hypothèque de la maison avec son mari. Je l’ai dépannée financièrement parce que sa banque allait la bloquer. Et avec cet argent, elle est allée faire des achats….
    Elle a maintenant un plan de remboursement encore sur 12 ans. Mais il n’y a pas longtemps, elle s’est acheté un blouson en cuir, en solde, mais quand même cher, qu’elle paye en 3 fois. Je n’arrive pas à la convaincre d’aller consulter, de changer de tactique d’achat, laisser sa carte bleue chez elle et ne prendre que du liquide, rien n’y fait.
    Je l’ai ensuite dépannée encore, mais là, il est hors de question de recommencer cette bêtise, cela va à son encontre, même si la banque la menace. Je ne sais plus comment faire.
    Pouvez-vous me conseiller svp ?
    D’avance merci.

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    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci de faire confiance à Santé sur le Net pour trouver des informations sur votre santé. Merci de partager votre expérience. Un forum est à votre disposition si vous souhaitez échanger entre patients. Il existe des associations qui pourraient aider votre soeur.
      Nous vous souhaitons une bonne journée.
      L’équipe Santé sur le net.

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