En France, selon les estimations, environ 280 000 personnes sont atteintes d’une hépatite B chronique, un facteur de risque majeur de cancer hépatique. Récemment, des chercheurs français ont identifié une nouvelle molécule favorisant le développement du virus de l’hépatite B dans les cellules hépatiques infectées. Une découverte qui pourrait donner lieu à de nouvelles approches thérapeutiques.
Virus de l’hépatite B et cellules du foie
Malgré l’existence d’un vaccin efficace, l’hépatite B représente toujours une cause majeure d’hépatite chronique et de cancer du foie. Actuellement, les traitements utilisés peuvent limiter et ralentir l’évolution de la maladie, mais ne permettent pas de la guérir.
Dans ce contexte, des chercheurs français cherchent à mieux comprendre les interactions entre le virus de l’hépatite B et les cellules du foie. Récemment, ils ont travaillé sur deux lignées de cellules humaines de tumeurs primitives du foie cultivées en laboratoire. Ces deux lignées expriment le récepteur du virus de l’hépatite B (permettant au virus d’entrer dans la cellule pour l’infecter), mais l’une des lignées se révèle plus sensible à l’infection que l’autre.
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Un gène influençant la sensibilité des cellules à l’infection
En effectuant des analyses génétiques sur ces deux lignées, les chercheurs ont identifié plusieurs gènes intéressants, dont le gène CDKN2C fortement exprimé dans la lignée sensible à l’infection par le virus de l’hépatite B. Pour aller plus loin, les chercheurs ont réalisé deux expériences :
- Sur-exprimer ce gène dans la lignée peu sensible à l’infection : les cellules deviennent alors sensibles à l’infection ;
- Bloquer ce gène dans la lignée sensible à l’infection : les cellules deviennent moins sensibles à l’infection.
Le gène CDKN2C semble donc jouer un rôle important dans la sensibilité des cellules hépatiques à l’infection par le virus de l’hépatite B. Mais par quel mécanisme ? Les chercheurs ont montré que la protéine codée par ce gène participe à l’arrêt du cycle cellulaire des cellules hépatiques (les cellules rentrent alors dans un état proche de la dormance), mais aussi à l’augmentation de production du matériel génétique viral (le virus se réplique de plus en plus dans la cellule).
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Une cible pour développer de nouveaux traitements contre l’hépatite
Par ailleurs, les chercheurs ont montré que le virus de l’hépatite B pouvait lui-même influencer l’expression du gène CDKN2C des cellules hépatiques. L’expression de ce gène est également associée à :
- Une plus forte évolution des maladies chroniques du foie, comme le cancer hépatique ;
- Une survie à long terme plus faible chez les patients atteints d’un cancer du foie.
Ces découvertes permettent d’améliorer les connaissances sur les interactions entre le virus de l’hépatite B et les cellules du foie. Le gène CDKN2C pourrait à l’avenir représenter une nouvelle cible privilégiée pour développer de nouveaux traitements contre le virus de l’hépatite B.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Hépatite B : identification d’une nouvelle molécule produite par les cellules hôtes favorisant l’infection Communiqué de Presse. INSERM. Consulté le 10 juin 2020.