Les hépatites A, B ou C sont généralement connues du grand public, mais qu’en est-il de l’hépatite E ? Souvent méconnue voire totalement ignorée, cette maladie infectieuse du foie serait pourtant bien plus répandue qu’on ne pourrait le penser. Santé Sur le Net vous éclaire sur celle-ci.
L’hépatite E, une hépatite virale à connaître
Nombreux sont ceux qui connaissent de près ou de loin l’hépatite A, l’hépatite B ou encore l’hépatite C, les trois formes d’hépatite virale les plus connues du grand public. Mais elles ne sont pas les seules. Contrairement aux idées reçues, l’hépatite E est en effet aujourd’hui la première cause d’hépatite virale aigüe en France.
Les dernières données épidémiologiques sur cette infection du foie révèlent que le nombre de cas d’hépatite E en France connaît une importante évolution, de 9 cas en 2012 à 2 292 cas en 2016. Mais qu’est-ce exactement que l’hépatite E ?
L’hépatite E est une infection du foie, provoquée par un virus, le virus de l’hépatite E. La contamination virale peut s’effectuer par deux moyens principaux :
- La consommation de viande de porc insuffisamment cuite, en particulier le foie ;
- Une transfusion sanguine, puisque les spécialistes estiment qu’un produit sanguin sur 10 à 2 200 contiendrait le virus de l’hépatite E.
Une fois dans l’organisme, le virus provoque une hépatite virale aigüe, qui ne devient jamais chronique. Dans la grande majorité des cas, les personnes infectées ne s’aperçoivent pas qu’elles sont contaminées, car elles ne développent aucun symptôme. Quelques cas d’hépatite aigüe grave ont néanmoins été recensés, avec une mortalité de 3 %.
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Un dépistage ciblé en France
Si le nombre de cas d’hépatite E en France a littéralement explosé en quelques années, les spécialistes notent également une forte augmentation du nombre d’hospitalisations suite à cette infection. Cette tendance serait en partie liée à une meilleure connaissance de la maladie, qui permettrait un meilleur diagnostic et donc une meilleure prise en charge.
Si le dépistage de l’hépatite E est systématique chez les donneurs de sang dans certains pays (Irlande, Angleterre, Pays-Bas, Suisse, …), en France, il n’est réservé qu’aux donneurs de plasma, lorsque le plasma frais congelé est spécifiquement destiné à des patients immunodéprimés. Cette sélectivité du dépistage entraîne une forte prévalence en France des donneurs de sang infectés par l’hépatite E (22,4 %), une des valeurs les plus élevées du monde. Cette valeur serait également variable selon les régions, ce qui pourrait mettre en cause un autre mode de contamination, par les eaux de boissons.
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Un médicament antiviral… mais pas de vaccin
Les tests sérologiques deviennent de plus en plus performants et sont désormais capables de dépister et de diagnostiquer la quasi-totalité des sujets porteurs du virus. Pourtant, le dépistage systématique chez tous les donneurs de sang n’est pas à l’ordre du jour en France, pour deux raisons :
- Le risque de contamination par transfusion est faible ;
- Seul un nombre très faible d’hépatites graves ont été recensées après une transfusion sanguine.
L’accent est donc mis pour l’instant sur la prise en charge de ces infections virales, avec un plus grand recours à l’hospitalisation grâce à un meilleur diagnostic. Le traitement de l’hépatite E repose sur l’administration d’un médicament antiviral, la ribavirine, efficace contre le virus. Il faut noter qu’il existe un vaccin actif contre l’hépatite E, disponible en Chine, mais pas en France à ce jour.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Surveillance de l’hépatite E en France, 2002-2016. Couturier, Elisabeth et al. 2018. BEH 28:566.