L’hypertension artérielle (HTA) est la pathologie chronique la plus fréquente en France puisqu’elle touche 1 adulte sur 3. Afin de faire le point global sur cette maladie, Santé Publique France a réalisé une enquête nationale, nommée Esteban, entre 2014 et 2016 sur plus de 2000 individus âgés de 18 à 74 ans. Bilan depuis 2006 ? La maladie touche autant de personnes et aucune amélioration de son dépistage et de sa prise en charge ne sont constatées. Pire : les femmes seraient moins bien prises en charge.
Les principaux résultats : prévalence, dépistage, prise en charge
Sur les 2169 adultes participants à l’étude et constituants un échantillon représentatif de la population française, la prévalence de l’HTA était de 30,6%.
La maladie touchait 36,5% des hommes contre 25,2% des femmes.
Cette qualification de l’HTA était notamment déterminée si la pression artérielle systolique (PAS) était supérieure à 140 mmHg et/ou de la pression artérielle diastolique (PAD) supérieure à 90 mmHg ou si le participant bénéficiait d’au moins un traitement remboursé à action antihypertensive.
À savoir ! La Pression Artérielle Systolique est la pression mesurée au moment où le cœur se contracte (systole) et éjecte le sang dans le réseau artériel. La pression artérielle diastolique (PAD) est la pression mesurée au moment où le cœur se remplit. Une pression artérielle est dite normale aux alentours de 120 mmHg/80mmHg (ou 12/8cmHg).
Contre toutes attentes, les auteurs de l’étude ont observé que seule 1 personne sur 2 avait connaissance de son hypertension et que seulement 55% des personnes traitées contrôlaient leur pression artérielle.
Contrairement aux hommes qui présentent une situation assez stable depuis 2006, la situation des femmes est devenue plus défavorable.
En effet, on assiste à une augmentation du niveau moyen de leur PAS et une diminution, depuis 2006, des femmes hypertendues traitées par une thérapie médicamenteuse.
Les auteurs donnent plusieurs hypothèses quant à ces observations faites chez les femmes :
- Une augmentation de la corpulence (surpoids, obésité) ;
- Une diminution de l’activité physique ;
- La fin de la considération de l’hypertension artérielle sévère comme une affection de longue durée depuis 2013 (entraînant ainsi la fin de l’exonération du ticket modérateur pour les médicaments concernés et la prise en charge du remboursement par les mutuelles privées).
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La France : un mauvais élève sur le sujet de l’hypertension artérielle ?
A la différence de la plupart des autres pays où la prévalence de l’HTA a diminué, celle de la France est restée stable.
Dans les pays à revenus élevés, la proportion de personnes ayant connaissance de leur pathologie est de 67% contre 55,5% pour la France. Aux Etats-Unis et en Allemagne, cette connaissance dépasse les 80%.
Compte tenu de ce contexte, les autorités sanitaires se demandent si le dépistage de l’HTA en France est assez performant et si le diagnostic de l’HTA est facilement accepté et compris par les patients.
D’un autre côté, seul 47% des personnes hypertendues sont traitées contre 56% dans les pays ayant un niveau socioéconomique comparable.
Autre problématique : un quart des personnes ayant connaissance de leur HTA ne bénéficiaient pas de remboursement de leur traitement.
Pour aller plus loin et comprendre les raisons de ces comportements, les auteurs proposent de réaliser une analyse plus fine du profil des femmes souffrant d’HTA et qui ne sont pas traitées.
Enfin, d’autres campagnes de prévention devront être menées pour expliquer les facteurs aggravants la survenue de l’HTA comme la sédentarité, le surpoids ou encore la consommation excessive de sels.
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Julie P., Journaliste scientifique