Actuellement en France, plus de 13 millions de Français ont plus de 65 ans, une proportion qui augmente d’année en année compte-tenu de l’évolution démographique. Le vieillissement constitue de plus en plus un champ de recherche en pleine expansion en Europe et dans le monde. En France, l’INSERM vient d’ailleurs de lancer un programme de collaboration internationale dans l’objectif d’approfondir les connaissances sur le vieillissement.
La recherche sur le vieillissement
L’allongement de la durée de vie et l’essor de certaines maladies liées à l’âge soulèvent toute une série de questions sur le vieillissement. Les chercheurs s’interrogent toujours sur l’origine du vieillissement entre un processus génétiquement programmé et la conséquence d’une série de dysfonctionnements successifs. Comprendre les mécanismes du vieillissement constitue désormais un enjeu majeur de recherche pour les équipes du monde entier.
Dans ce contexte, l’INSERM a initié, en 2016 et pour une durée de cinq ans, un programme français de collaboration scientifique, baptisé AgeMed (pour AGed cells to MEDical applications). Plus de vingt laboratoires français ont collaboré à ce programme, empreint d’une grande interdisciplinarité, qui a permis d’améliorer les connaissances sur le vieillissement. Entre autres découvertes, AgeMed a permis de comprendre les mécanismes de régulation génétique impliqués dans la sénescence des cellules.
Du programme français AgeMed …
Au fur et à mesure des années, les cellules capables de régénération, comme les cellules de la peau, de l’intestin ou du sang, subissent un certain nombre de stress. Ces événements négatifs impactent la structure des chromosomes et la régulation des gènes qui s’y trouvent. Or cette cascade d’événements qui catalysent la sénescence cellulaire serait le résultat de phénomènes épigénétiques, programmés dès le plus jeune âge de la cellule. Les chercheurs en déduisent qu’il serait possible d’identifier des facteurs de régulation des gènes, qui seraient capables d’activer ou d’inhiber la sénescence cellulaire. De tels facteurs constitueraient des cibles thérapeutiques inédites face aux maladies liées à l’âge.
Et les travaux scientifiques d’AgeMed ne se sont pas limités aux cellules qui se régénèrent. Des chercheurs se sont également penchés sur les cellules neuronales ou musculaires, dans lesquelles les fonctions cellulaires évoluent avec le temps. Le déclin cognitif pourrait par exemple être en partie lié à une incapacité croissante des cellules à détruire le matériel cellulaire endommagé au fil des années. Découvrir des substances capables de restaurer la destruction du matériel cellulaire endommagé pourrait ainsi contribuer à la prise en charge médicale de certaines pathologies neurologiques ou musculaires.
… à la collaboration internationale InterAging
Le programme AgeMed doit se terminer d’ici un an, mais l’INSERM, fort des découvertes issues de ce programme, a d’ores et déjà décidé d’aller plus loin, en inaugurant un programme de collaboration internationale sur le vieillissement pour cinq ans. Deux principaux objectifs sont associés à ce programme, baptisé InterAging :
- Comprendre comment les cellules vieillissent ;
- Développer de nouvelles pistes thérapeutiques pour rester plus longtemps en bonne santé.
Les premières collaborations prévues dans le cadre de ce programme vont être prochainement mises en place entre des laboratoires français et des laboratoires en Chine, à Singapour, en Allemagne et au Royaume-Uni. En se basant sur les découvertes françaises dans le domaine, l’INSERM espère pour les années à venir une considérable avancée des connaissances sur le vieillissement et sur les maladies liées à l’âge.
Estelle B., Docteur en Pharmacie