Les adeptes du jeûne intermittent sont de plus en plus nombreux, mettant en avant des effets bénéfiques sur la santé de ce mode d’alimentation sous contrôle. Mais qu’en est-il réellement ? Le jeûne intermittent a-t-il des effets positifs sur les pathologies métaboliques, sur la prise de poids ? Une récente conférence organisée à l’occasion du 38ème congrès de la Société Française d’Endocrinologie permet de faire le point sur les connaissances actuelles. Santé sur le net fait le point sur les bénéfices et risques du jeûne intermittent.
Qu’est-ce que le jeûne intermittent ?
Le jeûne intermittent correspond à une alternance volontairement mise en place entre des périodes de restriction alimentaire (privation partielle ou totale de toute alimentation) et des périodes d’alimentation normale. Selon les situations, plusieurs types de jeûne intermittent sont possibles :
- Le jeûne intermittent 16/8, avec une alimentation normale sur une période de 8 heures et un jeûne sur les 16 autres heures. Dans ce type de jeûne , le petit-déjeuner ou le diner sont supprimés ;
- Le jeûne un jour sur deux;
- Le jeûne intermittent 5:2, avec une alimentation normale 5 jours par semaine et un jeûne total ou partiel (limité à 600 calories par jour) sur deux jours consécutifs.
Les adeptes du jeûne intermittent vantent les mérites de ce mode d’alimentation sur la santé, se disant plus en formes, moins malades. Mais que disent les études scientifiques menées sur le sujet ? Principalement, ces études s’intéressent à deux effets : les paramètres métaboliques (glycémie, profil lipidique, …) et la prise de poids.
Jeûne intermittent entre bénéfices et risques
A ce jour, un nombre croissant d’études révèle une amélioration des paramètres métaboliques lorsque la durée entre le dernier repas pris le soir et le premier repas pris le matin s’allonge. Diner tôt, petit-déjeuner tard serait donc meilleur pour le métabolisme. Un résultat qui fait écho aux études mettant en évidence les conséquences négatives sur le métabolisme des horaires décalés. Les derniers travaux sur le jeûne intermittent et le métabolisme montrent ainsi une corrélation entre la réduction de la durée de la fenêtre alimentaire et l’amélioration des paramètres métaboliques. L’organisme pourrait ainsi mieux réguler le métabolisme, en bénéficiant d’une période allongée sans repas.
En revanche, les effets du jeûne intermittent sur le contrôle du poids corporel sont beaucoup moins clairs. Deux grands essais cliniques randomisés, menés récemment sur des sujets obèses ou en surpoids, concluent à une absence d’effet significatif du jeûne intermittent sur le poids. Par ailleurs, d’autres études suggèrent une meilleure régulation des hormones de l’appétit et de la satiété lorsque les prises alimentaires ont lieu vers 8 heures du matin.
Un effet bénéfique qui reste à démontrer sur le contrôle du poids corporel
Actuellement, il est donc impossible d’attribuer au jeûne intermittent un effet bénéfique sur le poids corporel. Seules des études ciblées sur des populations spécifiques et décrivant un type particulier de jeûne intermittent pourront permettre d’y voir plus clair. Mais selon les experts, il sera difficile de généraliser et de conclure que le jeûne intermittent peut faire maigrir. Pourtant, ce mode d’alimentation suscite de plus en plus l’engouement, un engouement qui peut conduire à des dérives.
Le jeûne intermittent ne doit pas devenir une pratique régulière, pratiquée par tous et sans encadrement par un professionnel de la diététique et de la nutrition. En effet, une pratique inadaptée peut conduire à des troubles alimentaires, et donc à des problèmes de santé. Il doit s’agir d’une pratique ciblée, conseillée et encadrée dans une situation précise pour une population particulière. Des études complémentaires pourront dévoiler dans quelles conditions et pour quelles personnes le jeûne intermittent peut avoir une utilité et sous quelles modalités.
Estelle B., Docteur en Pharmacie