Si le jeûne intermittent est souvent pratiqué dans le but de perdre du poids, ce mode d’alimentation pourrait également avoir un impact positif sur la santé, et donc un intérêt dans différentes situations cliniques. Différentes études ont été menées sur le sujet depuis la fin des années 1990 et une revue de littérature fait le point dans la revue scientifique The New England Journal of Medicine.
Jeûne intermittent et perte de poids
Le jeûne intermittent consiste à insérer dans l’alimentation quotidienne des périodes sans repas, et ce régulièrement au cours de l’année. Au-delà du jeûne quotidien que représente la nuit, un jeûne plus long peut être pratiqué selon différentes possibilités :
- Réduire sa ration alimentaire de 25 % un jour sur deux ;
- Sauter un repas tous les jours ;
- Jeûner pendant 24 heures au moins une fois par semaine ;
- Abaisser sa ration calorique à 25 % de l’apport calorique habituel 2 jours par semaine.
La majorité des personnes, qui pratiquent l’une des formes de jeûne intermittent, le font pour perdre du poids. Différentes études ont évalué les effets minceur de ce mode d’alimentation. Elles démontrent que le jeûne intermittent peut être un choix intéressant pour maigrir, à la fois chez les personnes de poids normal et les personnes en surpoids ou obèses. Mais les études s’intéressent aussi plus largement aux effets sur la santé du jeûne intermittent.
Des bénéfices sur la santé
Dès 1997, des études chez l’animal suggéraient que le jeûne intermittent pouvait réduire la production de radicaux libres dans l’organisme et améliorer l’espérance de vie. Un tel effet peut s’expliquer par les conséquences métaboliques et physiologiques du jeûne. Pendant le jeûne, une voie métabolique particulière est activée, la cétogenèse, qui permet de puiser dans les graisses stockées pour produire de l’énergie pour les cellules et les tissus. Cette réaction ne débute que 8 à 12 heures après le début du jeûne et devient optimale après 24 heures de jeûne.
Chez l’homme, les études ont essentiellement porté sur deux types de jeûne intermittent, 2 jours de jeûne par semaine ou 1 jour de jeûne par semaine. Les bénéfices du jeûne intermittent sur la santé apparaissent indépendants de la perte de poids. Ils reposent principalement sur une réduction du stress oxydant, généralement élevé chez les personnes en surpoids et/ou sédentaires. Ainsi, le jeûne intermittent serait plus bénéfique pour ces catégories de personnes que pour les sujets en bonne santé.
Des effets à confirmer par de nouvelles études
D’autres bénéfices sur la santé ont été rapportés avec le jeûne intermittent, notamment :
- Une baisse du taux de lipides ;
- Une amélioration de la fréquence cardiaque ;
- Une amélioration du métabolisme glucidique, caractérisée par une diminution de la glycémie, une meilleure sécrétion d’insuline et une baisse de l’insulinorésistance ;
- Une amélioration des fonctions cognitives.
En revanche, toutes les études ne concluent pas à une baisse de la mortalité.
Le jeûne intermittent a également fait l’objet d’études dans différentes situations cliniques :
- Le cancer : des études se sont intéressées à l’intérêt du jeûne intermittent chez les patients cancéreux traités par chimiothérapie, mais aucune étude n’a évalué son influence sur la récidive de cancer ;
- Différentes pathologies chroniques, comme l’asthme chez les sujets obèses, la sclérose en plaques ou la polyarthrite rhumatoïde;
- Avant une intervention chirurgicale pour réduire les lésions tissulaires et l’inflammation.
Cette vaste revue de littérature montre que de multiples bénéfices sur la santé sont avancés avec le jeûne intermittent. Mais ces effets nécessitent d’être confirmés par des études plus approfondies. De plus, un suivi spécifique par un diététicien ou un médecin nutritionniste semble nécessaire pour prévenir tout risque de déséquilibre nutritionnel.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Effects of Intermittent Fasting on Health, Aging, and Disease.NCBI. Consulté le 6 mars 2020.