Comment les jeux vidéo façonnent notre cerveau ?

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Rédigé par Isabelle V. et publié le 6 juillet 2017

Les jeux vidéo sont souvent accusés de tous les maux. Incitation à la violence, perturbation du sommeil, addiction, voire obésité par manque d’activité physique ! Un chercheur espagnol a compilé toutes les dernières études sur le sujet pour démêler le vrai du faux. Le résultat est plutôt rassurant : si les jeux vidéo façonnent bien notre cerveau, ce n’est pas toujours pour le pire !

Effets des jeux vidéo sur le cerveau

Plus attentifs avec les jeux vidéo

L’effet des jeux vidéo sur l’attention est l’un des champs les plus étudiés. Diverses études prouvent que la pratique des jeux vidéo augmente la taille et améliore le fonctionnement des zones du cerveau responsables de l’attention (notamment le cortex cingulaire antérieur). L’amélioration concerne tous les types d’attentions, aussi bien soutenue que sélective. Il en résulte une vigilance accrue, mais aussi la possibilité de se concentrer sur une seule tâche en éliminant les « bruits » parasites.

De plus, lorsque le niveau d’attention requis devient plus important, on observe dans le cerveau des « gamers » un meilleur recrutement de neurones pour faire face à cette demande que dans celui des non-joueurs.

Ce sont les jeux d’action qui développent davantage les capacités d’attention, par comparaison avec les jeux de rôles, de stratégie ou type puzzle qui exigent plutôt des facultés d’organisation.

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Le sens de l’orientation amélioré

Et si on arrêtait de se perdre grâce aux jeux vidéo ? Les joueurs sont habitués à localiser, reconnaître ou manipuler de nombreux stimuli visuels. Leur perception dans l’espace est meilleure, et ils savent mieux s’orienter. Là encore, les études ont montré une coordination accrue entre différentes parties du cortex cérébral.

A savoir ! Les jeux vidéo les plus vendus en France en 2016 étaient : FIFA 2017 (jeu de football), Pokémon soleil et lune et Battlefield 1 (jeu d’action avec armes). En 2014, 356 millions de personnes par mois dans le monde s’adonnaient à Candy Crush (jeu en ligne).

Toujours plus intelligents avec les jeux vidéo

Les jeux vidéo améliorent également les aptitudes cognitives ; c’est-à-dire les différents processus liés à la mémoire, le raisonnement, les apprentissages ou encore la prise de décision. En effet, le joueur est soumis à de nombreux problèmes qu’il doit résoudre pour avancer dans sa partie ; de là à augmenter l’intelligence, il n’y a qu’un pas…

Et il n’est jamais trop tard pour optimiser les capacités de son cerveau : les modifications cérébrales structurelles ont pu être observées chez des volontaires après seulement quelques semaines d’entraînement.

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…mais un risque d’addiction

C’est le gros bémol pointé par l’étude. Comme dans le cadre de la consommation de drogue, la pratique des jeux vidéo activent la partie du cerveau liée à la récompense. Il en résulte un risque d’addiction, le gamer cherchant inlassablement son plaisir dans le jeu. L’addiction aux jeux en ligne est d’ailleurs en passe de devenir une pathologie psychiatrique reconnue.

A savoir ! Dans le cerveau, le circuit de la récompense est un circuit de renforcement positif. Il met en jeu la libération d’un neuromédiateur : la dopamine. Cette libération provoque la sensation de plaisir. C’est un important facteur de motivation, mais, lors de l’addiction, le circuit de la récompense est déréglé. La recherche du plaisir par la libération de dopamine devient compulsive et irrépressible.

Le fait de lier des contenus parfois violents au système cérébral de la récompense interpelle. L’addiction aux jeux vidéo pourrait-elle déboucher sur une addiction à la violence ?

C’est une question à laquelle l’étude ne répond pas.

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Isabelle V., Journaliste scientifique

– Neural Basis of Video Gaming: A Systematic Review. Front Hum Neurosci. 2017. Doi 10.3389/fnhum.2017.00248. Marc Palaus et al. Le 22 Mai 2017. 
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