La vitamine D contribuerait à l’efficacité de l’immunothérapie contre le mélanome

De nombreux Français seraient carencés en vitamine D, une vitamine apportée par l’alimentation mais aussi synthétisée par l’organisme grâce à l’action du soleil. Si cette vitamine a un rôle reconnu dans la santé osseuse, une récente étude suggère qu’elle pourrait influencer l’efficacité de l’immunothérapie utilisée dans le traitement du mélanome. Explications.

Une majorité de Français carencés en vitamine D

Plus de 16 000 nouveaux cas de mélanome sont diagnostiqués chaque année en France. Ce cancer cutané a vu son pronostic considérablement s’améliorer depuis quelques années avec l’arrivée des traitements d’immunothérapie. Selon les estimations, 70 % des patients répondent à ces thérapies ciblées et 20 % des métastases disparaissent totalement. Chez 20 à 55 % des patients, l’immunothérapie permet d’obtenir une rémission complète et durable, même après l’arrêt des traitements.

Pour aller plus loin, les chercheurs et les médecins s’attachent à améliorer les traitements d’immunothérapie, mais aussi à identifier des marqueurs prédictifs de la réponse à l’immunothérapie. Dans ce contexte, des chercheurs viennent de s’intéresser à la vitamine D. La vitamine D, bien connue pour son importance dans la santé osseuse, est indispensable à l’absorption du calcium alimentaire. Ses sources sont doubles :

• L’alimentation couvre 15 à 30 % des apports. Les apports recommandés pour la population générale sont de 15 microgrammes par jour pour les adultes, mais dans les faits, les Français en consommeraient moins de 5 ;
• L’exposition au soleil qui permet à la peau de produire de la vitamine D. Seulement 15 à 20 minutes d’exposition au soleil en fin de matinée ou en début d’après-midi suffisent.

Une meilleure efficacité de l’immunothérapie anticancéreuse chez les sujets avec un statut vitaminique en vitamine D normal

Mais la vitamine D n’agit pas uniquement sur le métabolisme osseux. Elle intervient également dans la régulation du système immunitaire, justement la cible de l’immunothérapie anticancéreuse. La vitamine D peut-elle influencer l’efficacité du traitement contre le mélanome ? Pour répondre à cette question, des chercheurs ont mené une étude sur 200 patients atteints d’un mélanome de stade avancé, traités par immunothérapie en première intention. Ils ont suivi les taux sériques de vitamine D avant l’instauration de l’immunothérapie puis toutes les douze semaines. Certains patients ont bénéficié d’une supplémentation en vitamine D pendant le traitement.

Le taux de réponse à l’immunothérapie anticancéreuse chez les patients avec de faibles taux de vitamine D et non supplémentés était de 36,2 %, un taux qui s’élevait à 56,0 % chez les patients ayant des taux sériques normaux de vitamine D ou supplémentés pour obtenir un taux normal. En parallèle, la survie sans progression des patients était respectivement de 5,75 mois chez les sujets carencés en vitamine D, pour 11,25 mois chez les sujets avec un statut vitaminique normal en vitamine D. La survie globale était également meilleure (31,5 mois contre 27 mois) pour un statut en vitamine D normal.

Doser la vitamine D et supplémenter si besoin pour renforcer l’efficacité de l’immunothérapie anticancéreuse

Ces nouvelles données montrent l’importance du statut vitaminique en vitamine D dans la réponse à l’immunothérapie contre le mélanome. Pour les auteurs de l’étude, il est capital que ce statut vitaminique soit vérifié avant l’instauration du traitement, puis régulièrement au cours du traitement, pour s’assurer de la bonne couverture des besoins de l’organisme en vitamine D. Cette couverture serait indispensable à l’efficacité de l’immunothérapie et contribuerait ainsi à améliorer le pronostic du patient.

Un simple dosage biologique, associé si besoin à une supplémentation orale en vitamine D, pourrait ainsi contribuer à renforcer l’immunothérapie anticancéreuse chez les patients, augmentant ainsi leurs chances de guérir de leur mélanome.

Estelle B., Docteur en Pharmacie