L’allaitement maternel, crucial pour la qualité du microbiote du nourrisson né par césarienne

Grossesse

Rédigé par Estelle B. et publié le 14 mars 2023

Avoir un bon microbiote, qui assure une bonne santé et préserve des maladies, est en partie déterminé par le mode d’accouchement à la naissance. Naître par césarienne ne permettrait pas d’acquérir le microbiote maternel, au contraire de l’accouchement par voie basse. Une récente étude, publiée dans la revue scientifique Cell Hosts and Microbes, suggère que l’allaitement maternel pourrait compenser le manque d’exposition au microbiote maternel à la naissance. Explications.

Maman tenant son bébé pour l'allaitement.

L’accouchement par césarienne et le microbiote du nourrisson

Les progrès de la recherche sur le microbiote démontrent son rôle majeur dans le bon fonctionnement de l’organisme et la prévention de multiples pathologies chroniques. In utero, le fœtus se développe dans un environnement stérile et son microbiote débute son développement à la naissance, au moment où il croise un autre microbiote :

  • Le plus souvent, le microbiote vaginal de sa mère, au moment de son passage par les voies naturelles lors de l’accouchement ;
  • Le microbiote de l’environnement, lorsque l’enfant nait par césarienne.

Les dernières études ont mis en évidence que la naissance par césarienne et donc l’absence de contact avec le microbiote maternel étaient associés à des risques sur la santé. Le risque d’obésité infantile est ainsi augmenté de 30 % chez les enfants nés par césarienne, par rapport aux enfants nés par voie basse. Cette situation peut-elle être compensée par l’allaitement maternel ? Les études menées jusque-là suggéraient que l’allaitement maternel ne compensait pas l’absence de contact avec le microbiote maternel à l’accouchement.

Le microbiote du nourrisson très proche de celui de sa mère, quel que soit le mode d’accouchement

Dans une nouvelle étude, des chercheurs se sont intéressés à la contribution maternelle au microbiote du nourrisson. Ils ont évalué les ensemencements de microbiote entre la mère et son enfant au cours des 30 premiers jours de vie chez 120 couples mère – enfant dans :

  • Six niches maternelles de microbes (nasopharynx, salive, peau, lait maternel, fèces, microbiote vaginal) ;
  • 4 niches infantiles de microbes (peau, nez, salive, microbiote intestinal).

Au total, les chercheurs ont analysé pas moins de 2 453 échantillons.

Leurs observations ont mis en évidence que les transferts de microbiote entre la mère et l’enfant étaient multiples et se réalisaient au travers du contact entre différentes parties du corps de la mère et de l’enfant. En moyenne, 58.5 % de la composition du microbiote infantile pouvaient être attribués à une origine maternelle des microbes, quel que soit le mode d’accouchement. De même, ils ont montré que plusieurs niches maternelles ensemencent plusieurs niches infantiles. Le microbiote infantile ne se constituerait donc pas seulement lors du contact entre le microbiote vaginal et le fœtus lors de l’accouchement.

L’allaitement maternel capable de compenser les effets de la césarienne sur le microbiote

Le microbiote infantile serait façonné par différents facteurs. Chez les enfants nés par césarienne, la contribution du microbiote du lait maternel au microbiote infantile serait plus importante que chez les enfants nés par voie basse. A l’inverse, les enfants nés par césarienne auraient une moindre contribution du microbiote fécal maternel à leur propre microbiote fécal, que les enfants nés par voie basse. Ainsi, le microbiote infantile se constituerait à partir de différentes contributions, en fonction du mode d’accouchement, puis du mode d’allaitement.

Ces différentes contributions pourraient se compenser mutuellement, permettant à chaque nourrisson d’acquérir son microbiote, quels que soient les modes de transmission du microbiote. Le mode d’accouchement impacterait plus fortement la composition du microbiote fécal, nasopharyngé et cutané. En revanche, le mode d’allaitement aurait une influence plus forte sur le microbiote cutané, salivaire et fécal. Ces nouvelles données démontrent que le microbiote du nourrisson est largement déterminé par celui de la mère, quel que soit le mode d’accouchement. Le choix d’un allaitement maternel, capable de compenser au moins partiellement l’absence de contact avec les voies naturelles, aurait une importance encore plus forte pour les enfants nés par césarienne et doit donc être encouragé autant que possible.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Mother-to-infant microbiota transmission and infant microbiota development across multiple body sites. www.cell.com. Consulté le 14 mars 2023.
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