« Late » : découverte d’une nouvelle forme de démence proche de la maladie d’Alzheimer

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Rédigé par Julie P. et publié le 18 mai 2019

Un rapport récent montre que les personnes âgées, et particulièrement celles ayant plus de 85 ans, pourraient souffrir d’une forme de démence nouvellement identifiée. Cette maladie neurodégénérative, dont l’acronyme est « LATE », et qui survient après 85 ans, possède des symptômes proches de la maladie d’Alzheimer tout en faisant intervenir un mécanisme physiopathologique différent.

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« Late » : similarités et différences avec la maladie d’Alzheimer

L’acronyme de la maladie « LATE » correspond à Limbic-predominant Age-related TDP-43 Encephalopathy » signifiant « encéphalopathie TDP-43 liée au vieillissement et à prédominance limbique ». C’est aussi un acronyme approprié puisque c’est une maladie qui a tendance à toucher plus tard (« late » en anglais) les individus que la maladie d’Alzheimer (MA).

Le nouveau rapport sur cette pathologie neurodégénérative qui paraît dans la revue Brain est basé sur un projet de l’Institut national du vieillissement des Etats-Unis et implique pas moins de 35 chercheurs issus de 20 institutions implantées dans six pays différents.

Dans ce rapport, les chercheurs expliquent que la maladie « LATE » :

  • Est semblable à la MA en terme de symptômes cliniques comme la perte de la mémoire et la mise en place d’un déclin cognitif ;
  • Ne possède pas une composante génétique (elle ne serait pas héréditaire) mais touche progressivement les mêmes parties du cerveau (amygdales puis hippocampe et enfin, au gyrus frontal moyen) ;
  • Est présente particulièrement chez les séniors âgés de plus de 85 ans tandis que la MA débute dès l’âge de 65 ans ;
  • Progresse plus lentement que la MA mais elle peut se développer simultanément à la MA en accélérant, par ailleurs, la vitesse du déclin cognitif ;
  • Implique un dysfonctionnement moléculaire différent de celui retrouvé dans la MA. C’est la protéine TDP 43 qui est impliquée dans LATE et non pas la protéine TAU et les plaques amyloïdes comme retrouvées dans la MA.

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Un diagnostic toujours difficile

Les scientifiques estiment que 25% des personnes de plus de 85 ans sont touchées par cette forme de démence et que cette découverte de LATE (TARD) permettra de limiter les diagnostics erronés de la MA.

« Environ un tiers des personnes de plus de 85 ans chez qui on a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer pourraient avoir un TARD » commente l’auteur de l’étude, Peter Nelson, professeur à l’Université du Kentucky à Lexington.

Des études de neuroimagerie ont démontré que les sujets atteints de LATE présentaient une atrophie des lobes temporaux médians, du cortex frontal et d’autres régions du cerveau.

A l’heure actuelle, TARD ne peut être diagnostiqué formellement qu’après le décès du patient, car une biopsie (prélèvement de tissu) va permettre d’identifier les structures cérébrales lésées.

Les chercheurs soulignent d’ailleurs que les personnes touchées par cette maladie présentent un hippocampe, la région cérébrale permettant de consolider la mémoire, complètement abimé. En parallèle, ils constatent une présence cérébrale importante en protéine TDP-43 toxique pour les cellules nerveuses.

À savoir ! La protéine TDP-43 (TAR DNA binding protein 43) est impliquée dans la fabrication de protéine dans la cellule par l’intermédiaire de son contact avec l’ARN. Son dysfonctionnement est retrouvé dans plusieurs maladies neurodégénératives comme la démence fronto-temporale, la maladie de Parkinson et la sclérose latérale amyotrophique (SLA). En s’agrégeant dans les cellules nerveuses, la TDP-43 entraîne leur mort cellulaire. Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les mécanismes à l’origine de cette formation d’agrégats et pour développer des agents pharmacologiques qui vont venir les dissoudre dans la cellule.

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Quelles sont les pistes thérapeutiques ?

Comme la MA, LATE n’a pas encore de thérapie curative. Les médecins peuvent seulement prescrire des médicaments qui vont venir soulager les symptômes associés aux démences.

Un obstacle au progrès clinique est le manque d’outils de diagnostic, tels que les biomarqueurs de fluide (sang, lymphe, liquide céphalo-rachidien) ou de neuroimagerie, pour la détection de LATE avant le décès.

Désormais, les chercheurs doivent poursuivre leurs investigations sur la maladie et comprendre comment la molécule TDP-43 peut constituer une cible thérapeutique. Est-il possible de diminuer sa présence grâce à des agents pharmacologiques ? Quels sont les processus cellulaires et moléculaires qui accélèrent son évolution dans le cerveau ? Toutes ces questions restent encore en suspens.

A moyen terme, les chercheurs espèrent développer la médecine personnalisée dans la prise en charge des démences. L’objectif serait d’identifier les sous-types de démence à l’aide de tests sanguins, peu coûteux et non invasifs, et proposer ensuite des traitements sur mesure répondant au profil de démence diagnostiquée.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Limbic-predominant age-related TDP-43 encephalopathy (LATE): consensus working group report. Brain. P.T Nelson et al. Consulté le 14 mai 2019.
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