À partir du 16 mars 2022, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes pourront donner leur sang, sans avoir à se contraindre à l’abstinence sexuelle de quatre mois actuellement en vigueur. Cette avancée sociétale est liée à la réduction des risques de transmission du VIH pendant les transfusions.
Le don du sang bientôt ouvert aux hommes homosexuels : Une avancée sociétale majeure
Le 16 mars 2022 marquera la fin d’une attente longue de 40 ans. En effet, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été exclus des dons dès 1983, en raison de l’épidémie de sida. Le gouvernement avait déjà mis fin à l’exclusion systématique au don du sang des hommes homosexuels en juillet 2016. Il fallait alors que les hommes s’abstiennent de relations sexuelles entre hommes pendant douze mois. Cette période s’est raccourcie à quatre mois en 2020 pour être totalement levée en mars 2022. Cette mesure représente une avancée sociétale majeure en donnant la possibilité à tous les citoyens, sans discrimination d’orientation sexuelle, de donner leur sang. Elle entre également dans l’engagement pris au moment de la mise en place de la loi bioéthique en août 2021 de supprimer toute discrimination.
Le questionnaire préalable aux dons du sang a été remanié
Grâce à des travaux menés de concert par les institutions, les agences sanitaires et les associations, le questionnaire et les entretiens préalables aux dons ont été remaniés. Concrètement, le critère d’accès au don faisant référence aux partenaires sexuels sera désormais le même pour toutes et tous, homosexuels et hétérosexuels, c’est-à-dire qu’il implique un monopartenariat réciproque dans les quatre mois précédant le don. Ainsi, plus aucune question relative à l’orientation sexuelle du donneur ne sera posée, ni dans le questionnaire, ni lors de l’entretien avec un professionnel de santé avant le don.
En revanche, la nouvelle disposition fait entrer un critère d’ajournement de quatre mois en cas de prise d’un traitement pour la prophylaxie pré-exposition (PrEP) ou la prophylaxie post-exposition (PEP) au VIH. La PrEP est un traitement médicamenteux empêchant l’infection par le VIH chez les personnes séronégatives. Il s’agit d’un moyen de prévention contre le virus du sida. La PEP est également un traitement préventif, mais administré aux personnes ayant été exposées à un risque de transmission du VIH afin d’éviter une contamination. Dans le cas du don du sang, ces traitements peuvent fausser le dépistage du VIH dans les prélèvements sanguins, c’est pourquoi l’ajournement est requis.
Par ailleurs, la mesure mise en place répond aux impératifs de sécurité sanitaire. Initialement, l’exclusion des hommes homosexuels était liée à un fort risque d’infection par le VIH. Or, grâce à une évolution favorable du contexte épidémique du virus du sida et à l’amélioration de la sélection des donneurs, les ajournements nécessaires au don du sang ne se sont pas accompagnés d’augmentation de risque de contamination dans tous les pays les ayant mis en place ces dernières années. Le risque de reconnaître un don de sang positif au VIH est passé de 1 sur 310 000 dons en 1990 à 1 sur 11,6 millions de prélèvements sur la période 2018-2020. Ainsi, le contexte est favorable pour faire évoluer les critères en éliminant celui du genre du ou des partenaires sexuels des donneurs.
Donner son sang, un besoin urgent
La pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur les dons du sang induisant une tension permanente entre le nombre de poches disponibles et les besoins en sang. L’établissement français du sang lance régulièrement des appels d’urgence à la mobilisation des citoyens. 10 000 dons du sang sont nécessaires chaque jour pour soigner 1 000 000 de malades par an.
Pour rappel, pour donner son sang il faut :
- Être majeur et avoir entre 18 et 70 ans, après 60 ans, le don est soumis à l’autorisation du médecin responsable du prélèvement ;
- Être en bonne santé et peser au minimum 50 kg ;
- Les hommes peuvent donner leur sang 6 fois par an et les femmes jusqu’à 4 fois ;
- Respecter un délai de 8 semaines entre deux dons ;
- Attendre quatre mois après avoir fait un tatouage ou un piercing ;
- Attendre 1 à 4 mois après un séjour dans une région où certaines maladies peuvent sévir (Tropiques, Amérique Latine, Proche et Moyen-Orient…).
Pour entrer dans les détails de sa situation personnelle, un test d’éligibilité permet de savoir s’il est possible de donner son sang en répondant à quelques questions ).
Alexia F., Docteure en Neurosciences
– Levée de l’ajournement au don du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes à partir du 16 mars 2022. dondesang.efs.sante.fr. 12 janvier 2021.
– Tout savoir sur les contre-indications. dondesang.efs.sante.fr. Consulté le 13 janvier 2021.
– Ouverture au don des HSH : état des lieux et perspectives. Pillonet, J. et al. 2021. sciencedirect.com. Transfusion clinique et biologique.