Lichen plan

C’est une affection de la peau, des muqueuses et des phanères qui se manifeste par une éruption cutanée qui démange. Mis à part l’aspect disgracieux des lésions, certains patients peuvent être asymptomatiques. Selon la zone concernée, on distingue plusieurs formes de lichen plan : cutané, buccal, génital (vulvaire et pénien), planopilaris et unguéal. Le diagnostic est dermatologique. Le traitement n’est cependant pas systématique pour deux raisons : le lichen plan évolue majoritairement de façon spontanée vers la guérison et il n’existe pas de traitement curatif à ce jour. Pour le confort du patient, un traitement symptomatique de la douleur et/ou des démangeaisons peut être mis en place. Il peut consister en l’application de crèmes anti-inflammatoires ou anesthésiantes, en l’administration d’injections à base de corticoïdes ou en séances de photothérapie par exemple.

Définition et symptômes

Une dermatose aux diverses localisations

C’est une pathologie inflammatoire chronique fréquente qui peut concerner la peau, les muqueuses (dont l’appareil génital ou la bouche), le cuir chevelu et les ongles. Bien que cette maladie puisse affecter tout individu, elle survient préférentiellement après la quarantaine.

Son origine exacte est encore inconnue à ce jour. Les recherches sont toujours en cours. La piste auto-immune semble cependant privilégiée. Dans le lichen plan, on observe en effet une accumulation anormale de certains lymphocytes (une variété de cellules impliquées dans l’immunité) au niveau de la zone cutanée concernée par les lésions, qui viennent s’attaquer à l’épiderme.

Dans tous les cas, cette maladie n’est ni contagieuse ni cancéreuse. Plusieurs facteurs favorisants ont cependant été identifiés : une prédisposition génétique, un stress (physique ou émotionnel), une affection ou lésion cutanée, une infection virale (hépatite C), une allergie de contact et certains médicaments (antipaludéens, diurétiques).

À savoir ! Le lichen plan concerne jusqu’à 1% de la population adulte. Il affecte très rarement les enfants.

Plusieurs tableaux cliniques

L’affection peut être d’apparition brutale ou progressive. Selon la ou les zones du corps affectées, on distingue plusieurs formes cliniques de lichen plan.

Le lichen plan cutané se traduit de manière habituelle par la présence de petites boursouflures de consistance ferme sur la peau. Elles sont aplaties sur le dessus, brillantes et de couleur rouge, brune ou violette. Cette forme de lichen est majoritairement associée à d’intenses démangeaisons, mais dans certains cas elle est asymptomatique. Les lésions peuvent desquamer lorsqu’elles sont grosses. Le lichen plan cutané concerne souvent les poignets, les mains, les chevilles et le bas du dos. Une fois cicatrisées, les lésions laissent place à des tâches grises ou brunes sur la peau qui finissent par s’estomper après plusieurs mois ou années.

Généralement, les éruptions cutanées sont symétriques sur la zone corporelle affectée. A noter que le lichen plan affecte rarement la peau du visage.

Le lichen plan buccal concerne plus volontiers l’intérieur des joues, mais peut aussi survenir sur la langue, les lèvres et les gencives. Il peut être associé à des lésions cutanées sur d’autres zones corporelles. Ce type de lichen se manifeste souvent par des taches blanches et indolores associées à des stries rouges et gonflées. Les gencives peuvent parfois peler. On parle de lichen plan érosif si le patient présente des plaies ou ulcérations douloureuses qui le gênent pour s’alimenter.

Les manifestations du lichen plan génital divergent selon le sexe du patient. Ainsi, on distinguera le lichen plan vulvaire du lichen plan pénien.

Le lichen plan vulvaire peut affecter les grandes lèvres et les petites lèvres. Plusieurs tableaux cliniques existent, incluant des stries blanches indolores, des ulcérations douloureuses, un saignement et une scarification. Le lichen plan vulvaire peut impacter la qualité de vie de la patiente et fortement gêner ses relations sexuelles.

Le lichen plan pénien se traduit par la présence de petites boursouflures en forme d’anneau autour du gland. Les lésions sont de types stries blanches ou ulcérations douloureuses.

Lorsque l’affection concerne le cuir chevelu ou une zone poilue du corps, on parle de lichen planopilaris. Il se présente sous la forme d’une rougeur cutanée associée à des démangeaisons. De minuscules boursouflures rouges sont visibles autour du follicule pileux. En détruisant ce dernier, le lichen planopilaris laisse des cicatrices formant des zones d’alopécie définitive.

Le lichen plan unguéal est caractérisé par des ongles fins et fragiles qui présentent des stries ou sillons. Ils peuvent également prendre une couleur sombre. Parfois, les ongles sont épaissis et bordés de cicatrices. Leur pousse peut se stopper et ils finissent par tomber, temporairement ou définitivement. Ce type de lichen plan peut concerner un seul ongle, plusieurs ou la totalité d’entre eux.

À savoir ! Un même patient peut présenter plusieurs types de lichen plan de façon simultanée. Par exemple, un lichen plan buccal est souvent associé à un lichen plan cutané.

Lichen plan, diagnostic et traitement

Le diagnostic dermatologique du lichen plan

Toute suspicion de lichen plan doit conduire à consulter un dermatologue afin d’avoir un diagnostic et un traitement adapté si nécessaire.

Le diagnostic dermatologique d’un lichen plan est, en général, basé sur l’aspect et la localisation des lésions.

Le diagnostic de certitude d’un lichen plan est obtenu grâce à une biopsie. Cet examen repose sur l’observation au microscope d’un échantillon de tissu. Il fournit des renseignements précis vis-à-vis de la composition des lésions. La biopsie est surtout prescrite pour différencier le lichen plan d’autres pathologies qui peuvent avoir des manifestations proches, par exemple le lupus érythémateux ou une candidose.

Entre abstention thérapeutique et traitement symptomatique

La prise en charge d’un lichen plan n’est pas systématique. En effet, dans la plupart des cas, l’affection disparaît spontanément. Il n’existe, par ailleurs, aucun traitement curatif pour cette affection.

Un lichen plan peut guérir spontanément en 1 an voire 2 ans dans la majorité des cas. Les lésions buccales sont souvent les plus longues à s’estomper. Cependant, des récidives surviennent chez environ 20% des patients.

Les lichen plans asymptomatiques ne nécessitent pas de traitement. Il est uniquement recommandé de faire attention à ne pas consommer les médicaments potentiellement responsables de la maladie, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou certains antibiotiques.

Lorsque les symptômes (démangeaisons, douleurs) sont gênants pour le patient ou que les lésions sont nombreuses, le médecin peut prescrire un traitement symptomatique pour le soulager. Divers types de médicaments sont disponibles. Par exemple, des antihistaminiques ou dermocorticoïdes pour les démangeaisons, des antalgiques pour les douleurs, ou encore de la photothérapie pour favoriser la cicatrisation des lésions.

A noter ! Les taches foncées qui persistent parfois après un lichen plan peuvent être éclaircies par l’application de crèmes ou un traitement au laser. Seul un dermatologue est habilité à prescrire ce type de traitement.

Par ailleurs, certaines mesures hygiéno-diététiques, propres à chaque type de lichen, doivent être appliquées par les patients. Par exemple, en cas de lichen plan cutané, il faut éviter de se gratter. A propos du lichen plan buccal, il est conseillé d’éviter l’alcool, le tabac et certains aliments ou boissons épicés, salés ou acides. Une hygiène buccodentaire irréprochable est également de mise.

Charline D., Docteur en pharmacie