Anesthésie


Rédigé par Charline D. et publié le 3 septembre 2019

Anesthésie

De nombreux actes de soins, de la simple suture à l’intervention chirurgicale la plus complexe, peuvent nécessiter une anesthésie. Selon les circonstances, les médecins anesthésistes peuvent recourir, soit à l’anesthésie locale, soit à l’anesthésie locorégionale, soit à l’anesthésie générale. L’objectif parmi toutes ces anesthésies est d’empêcher que le patient ne souffre au moment de l’acte de soin.

Généralités sur les anesthésies

L’anesthésie est un terme médical provenant d’un mot grec signifiant la faculté de percevoir par les sens. L’anesthésie se définit ainsi comme la suppression des sensations, en particulier des sensations douloureuses. La mise au point des techniques d’anesthésie a largement révolutionné la chirurgie et les actes de soins douloureux. Grâce à l’anesthésie, il est possible d’opérer un patient sans le faire souffrir. Aujourd’hui, de nombreux actes médicaux sont pratiqués sous anesthésie.

Actuellement, trois grands types d’anesthésie existent :

  • L’anesthésie locale, lorsqu’uniquement une zone limitée de l’organisme est anesthésiée. Par exemple, les soins dentaires sont le plus souvent pratiqués sous anesthésie locale d’une partie de la bouche.
  • L’anesthésie locorégionale, lorsqu’une partie de l’organisme est anesthésiée. C’est notamment le cas de la péridurale très souvent utilisée pour les accouchements par voie basse, avec l’anesthésie de toute la partie basse du corps, en dessous de l’ombilic.
  • L’anesthésie générale, où l’ensemble du corps est anesthésié, ce qui s’accompagne d’une perte de conscience transitoire. La plupart des interventions chirurgicales digestives ou thoraciques se pratiquent sous anesthésie générale.

Pour anesthésier, il est nécessaire d’administrer des médicaments particuliers, qui suppriment les sensations au niveau d’une zone ou de l’ensemble du corps. Selon le type d’anesthésie, un seul ou plusieurs types de médicaments peuvent être administrés. Les médicaments anesthésiants sont administrés le plus souvent par voie injectable (voie intraveineuse pour l’anesthésie générale, voie intrarachidienne ou péridurale pour l’anesthésie locorégionale, voie sous-cutanée pour l’anesthésie locale), mais aussi parfois par voie transdermique dans le cas des patchs anesthésiants, utilisés avant certains soins (ponction lombaire, piqûre, vaccination, …).

L’anesthésie est un acte médical en lui-même. Il est pratiqué soit par le médecin ou le chirurgien-dentiste dans le cas de l’anesthésie locale, soit par un médecin anesthésiste dans le cas des anesthésies locorégionales et générales. Toute anesthésie nécessite une surveillance médicale pendant l’anesthésie et dans les minutes ou les heures qui suivent. Plus la zone anesthésiée est grande, plus la surveillance doit être importante.

Dans le cas des anesthésies générales et locorégionales, systématiquement effectuées par un médecin anesthésiste, une consultation d’anesthésie est obligatoire dans les jours qui précèdent l’anesthésie, pour s’assurer que le patient ne présente aucune contre-indication à l’anesthésie. Pour certaines personnes, notamment celles qui sont atteintes de pathologies chroniques ou qui suivent des traitements particuliers, une préparation à l’anesthésie peut être nécessaire (arrêt momentané de certains médicaments, réalisation d’examens biologiques, …).

Anesthésie locale

L’anesthésie locale correspond à la perte de sensations au niveau d’une zone relativement limitée du corps. Les anesthésiques locaux utilisés dans ce contexte agissent sur le tissu nerveux de la zone à anesthésier, et bloquent temporairement la transmission des messages nerveux, qu’ils soient moteurs, autonomes, sensitifs ou sensoriels. Ainsi, la zone anesthésiée ne transmet plus aucune information au reste du corps, pendant le temps de l’anesthésie.

anesthésie locale

Les anesthésiques locaux sont administrés par deux voies possibles :

  • La voie injectable, en général sous-cutanée ;
  • La voie transdermique, par l’application d’un patch contenant une substance anesthésiante ou l’application d’une crème anesthésiante ;
  • La voie oculaire, grâce à un collyre anesthésiant utilisé dans certaines interventions de l’œil.

Anesthésie Bouche

Les anesthésiques locaux disponibles sont des dérivés de l’acide benzoïque, notamment :

  • La lidocaïne ;
  • La prilocaïne ;
  • La benzocaïne ;
  • La tétracaïne ;
  • La bupivacaïne.

À savoir ! Certains anesthésiques locaux peuvent être associés à l’adrénaline, qui permet de prolonger l’effet de l’anesthésie.

L’avantage des anesthésiques locaux est d’agir localement, uniquement au niveau de la zone à anesthésier. Ce type d’anesthésie n’est possible que lorsque l’acte de soin ne concerne qu’une zone limitée et superficielle. Elle peut être pratiquée en dehors d’un bloc opératoire, dans un cabinet médical de ville, par un médecin généraliste ou spécialiste, ou encore par le chirurgien-dentiste dans un cabinet de soins dentaires. La surveillance post-anesthésie reste légère.

Malgré l’action locale des médicaments anesthésiants utilisés, ils peuvent entraîner des effets secondaires systémiques chez certains patients, notamment :

  • Des étourdissements, une somnolence ;
  • Une agitation, des frissons ou des tremblements au niveau des extrémités ;
  • Des effets cardiovasculaires (impact sur le rythme cardiaque, vasoconstriction des vaisseaux sanguins périphériques) ;
  • Une sédation, des troubles de la conscience et des difficultés respiratoires, seulement en cas de fortes doses.

Néanmoins, le risque le plus important avec l’anesthésie locale est le risque allergique, qui peut aller jusqu’à un choc anaphylactique. Toute réaction allergique après une anesthésie locale doit être indiquée au médecin, car la substance anesthésiante, et les substances proches, ne pourront plus être utilisées chez le patient à l’avenir. Des précautions particulières seront alors nécessaires lors d’une nouvelle anesthésie.

Anesthésie locorégionale

L’anesthésie locorégionale correspond à la perte de sensations dans une zone du corps, en général le bas du corps, en-dessous du nombril. Le patient reste conscient pendant toute la durée de l’anesthésie, ce qui permet une meilleure récupération après l’intervention. Il peut éprouver des sensations, mais ne ressent aucune douleur en provenance de la zone anesthésiée. La plus connue des anesthésies locorégionales est la péridurale, qui permet d’atténuer la douleur des femmes enceintes pendant l’accouchement, mais la péridurale peut être utilisée dans de nombreuses autres opérations.

anesthesie locoregionale

Il existe actuellement trois grandes catégories d’anesthésies locorégionales :

  • Les blocs périmédullaires permettent une perte des sensations motrices et douloureuses de la partie basse du corps sur une durée inférieure à 3 heures. Ils sont indiqués dans les interventions de la sphère périnéale (dont interventions gynécologiques et obstétriques, notamment les césariennes programmées ou en urgence), les interventions urologiques et orthopédiques. Ils sont de deux types selon le lieu d’administration de l’anesthésiant :
    • La rachianesthésie correspond à l’injection d’une substance anesthésiante en intradural (c’est-à-dire dans l’espace contenant le liquide céphalorachidien) ;
    • La péridurale correspond à l’injection d’une substance anesthésiante en extradural (autour de l’espace contenant le liquide céphalorachidien) ;
  • Les blocs périphériques sont utilisés le plus souvent en traumatologie ou en chirurgie orthopédique pour anesthésier un territoire donné sur une durée inférieure à 6 heures.

À savoir ! Certaines techniques particulières d’administration des anesthésiques locaux peuvent induire une anesthésie locorégionale pour des indications médicales spécifiques.

L’anesthésie locorégionale est pratiquée dans deux lieux spécifiques :

  • Dans un bloc opératoire par un médecin anesthésiste assisté d’un infirmier ;
  • Dans une salle d’accouchement par un médecin anesthésiste assistée d’une sage-femme.

Toute anesthésie locorégionale nécessite une surveillance médicale particulière, qui se déroule en deux grandes étapes :

  • Deux heures au bloc opératoire, dans la salle d’accouchement ou en salle de réveil ;
  • Au moins 24 heures dans un service d’hospitalisation ou à domicile avec la possibilité de joindre un service hospitalier 24 heures / 24.

Les anesthésies locorégionales peuvent être associées à certains risques de complications, tels que :

  • Un échec d’anesthésie ;
  • Des atteintes vasculaires (hématomes, rupture de vaisseaux) ;
  • Une infection ;
  • La perforation d’un organe ;
  • Des lésions neurologiques.

Anesthésie générale

Dans un grand nombre d’interventions chirurgicales, l’anesthésie locale ou locorégionale est insuffisante et il faut impérativement recourir à une anesthésie générale. Ainsi, les indications de l’anesthésie générale sont les actes chirurgicaux impossibles à réaliser sous anesthésie locorégionale ou lorsque cette dernière est contre-indiquée (par exemple en cas d’impossibilité d’injecter un médicament à proximité de la colonne vertébrale ou de la moelle épinière). Par rapport aux autres types d’anesthésies, l’anesthésie générale associe deux caractéristiques :

  • Une perte de sensations, notamment motrices et douloureuses ;
  • Une perte de conscience.

Aux substances anesthésiantes, l’anesthésiste doit ainsi ajouter des médicaments spécifiques destinés à provoquer la perte de conscience du patient pour la durée de l’intervention.

Il existe deux catégories d’anesthésies générales :

  • L’anesthésie générale avec intubation (introduction d’un tube dans la trachée) : les voies aériennes supérieures et la fonction respiratoire du patient sont contrôlées en continu pendant l’intervention. Ce type d’anesthésie est notamment indiqué pour les opérations longues, pour la chirurgie cardiaque ou pulmonaire ;
  • L’anesthésie générale sans intubation : les voies aériennes supérieures du patient ne sont pas protégées et le patient ventile spontanément.

L’anesthésie générale est impérativement réalisée dans un bloc opératoire, par un médecin anesthésiste assisté d’un infirmier. Tout au long de l’intervention, le médecin anesthésiste contrôle et surveille les fonctions vitales du patient, en particulier sa température corporelle, son rythme cardiaque, sa fonction respiratoire et sa tension artérielle. Si besoin, il peut administrer des médicaments complémentaires en cours d’intervention pour réguler certains paramètres vitaux. Aujourd’hui, il existe des protocoles d’anesthésie établis pour chaque type d’intervention chirurgicale, afin d’adapter au mieux l’anesthésie pour chaque patient.

Anesthésies générale

Après l’anesthésie générale, une surveillance rapprochée est systématique dans une salle de réveil. Pendant ce laps de temps, le patient reprend peu à peu conscience. Puis le patient est surveillé au minimum quelques heures dans un service hospitalier, avant de pouvoir éventuellement rentrer à son domicile ou de rester hospitalisé.

L’anesthésie générale peut s’accompagner des mêmes effets secondaires et risques de complications que les anesthésies locales et locorégionales. Le risque allergique est le risque le plus important et peut nécessiter des techniques de réanimation en cas de choc anaphylactique ou de réaction allergique grave.

– Chapitre 13 : anesthésie locale, loco-régionale et générale. Facultés de médecine de Toulouse. Kamran Samii et Jean-Michel Senard. Consulté le 22 mai 2019.
– Les différents types d’anesthésies. CHUV. Consulté le 22 mai 2019.
Sources
– Chapitre 13 : anesthésie locale, loco-régionale et générale. medecine.ups-tlse.fr. Consulté le 3 septembre 2019.
– Les différents types d’anesthésies. chuv.ch. Consulté le 3 septembre 2019.

Lire nos autres dossiers Maladies