Septicémie


Rédigé par Estelle B. et publié le 28 novembre 2019

Septicémie
La septicémie, appelée sepsis par les anglo-saxons, correspond à une infection généralisée de l’organisme associée à une réponse inflammatoire grave. Le plus souvent, ce type d’infection grave ne survient que chez des sujets dont l’état de santé est fragile. Le risque de mortalité est élevé, la septicémie provoquant par exemple autant de décès que l’infarctus du myocarde. Les spécialistes craignent un essor important de ces infections pour les années à venir, en lien avec le phénomène de vieillissement de la population.

Qu’est-ce que la septicémie ?

La septicémie, ou sepsis pour les anglo-saxons, se définit comme l’association de deux phénomènes interdépendants :

  • Une infection grave par un agent pathogène, qu’il s’agisse d’une bactérie (cas le plus fréquent), d’un virus ou encore d’un champignon ;
  • Une réaction inflammatoire généralisée à l’ensemble de l’organisme.

Le plus souvent, l’infection à l’origine de la septicémie est initialement locale, mais elle se dégrade progressivement et se propage à l’ensemble de l’organisme, une fois que l’agent pathogène a envahi la circulation sanguine. Toutes sortes d’infections locales peuvent évoluer vers une septicémie :

  • Des infections urinaires ;
  • Des infections cutanéomuqueuses ;
  • Des infections respiratoires, notamment les pneumonies ;
  • Une infection nosocomiale contractée au cours d’un acte de soin ou d’un séjour à l’hôpital.

Dans la grande majorité des cas, la septicémie touche des catégories de personnes plus fragiles, telles que :

  • Les personnes âgées ;
  • Les personnes atteintes d’une maladie chronique (diabète, cirrhose hépatique, …) ou aigüe grave ;
  • Les personnes dont le système immunitaire est altéré (chimiothérapie, cancer, traitement immunosuppresseur, infection par le VIH, …) ;
  • Les personnes porteuses de matériel médical (sonde, cathéter, prothèses, valves cardiaques, …) ;
  • Les nourrissons ;
  • Les femmes enceintes ;
  • Les usagers réguliers de drogues ;
  • Les personnes atteintes d’infections chroniques persistantes malgré les traitements antibiotiques.

Certaines septicémies, liées à des agents pathogènes particuliers, peuvent survenir chez des sujets jeunes, en bonne santé. C’est notamment le cas des syndromes de choc toxique liés à l’utilisation de tampons hygiéniques chez les femmes ou des méningites bactériennes à purpura fulminans chez les jeunes enfants.

La septicémie est associée à un risque de mortalité important. D’après les estimations, la septicémie serait à l’origine de 6 millions de décès chaque année dans le monde, soit un décès toutes les 5 secondes ! Ces chiffres devraient sans doute évoluer à la hausse au cours des prochaines décennies, en raison du vieillissement de la population. Compte tenu de sa gravité et de son évolution, la septicémie a ainsi été reconnue en 2017 priorité de santé publique au niveau mondial par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Des premiers symptômes de septicémie au choc septique

Avant d’arriver au stade de la septicémie, les patients présentent généralement des symptômes caractéristiques de l’infection locale en cours, des symptômes respiratoires pour une pneumonie, des symptômes cutanés pour une infection cutanéomuqueuse, des symptômes urologiques pour une infection urinaire, etc. La fièvre n’est pas systématique, et si elle est présente, elle n’est pas toujours très élevée. Parfois, les patients ne présentent que de simples frissons.

La septicémie implique la diffusion de l’agent pathogène responsable de l’infection dans la circulation sanguine et donc à l’ensemble du corps. Cette invasion généralisée de l’organisme provoque une série de réactions de l’organisme, en particulier des réactions inflammatoires. Actuellement, la septicémie se définit comme un dysfonctionnement d’organes potentiellement mortel, lié à une réponse dérégulée de l’organisme à une infection grave. Les symptômes de septicémie sont globalement liés à l’importance de la réaction inflammatoire, c’est-à-dire à la libération des médiateurs de l’inflammation.

Parmi les symptômes observés chez les patients atteints de septicémie, il est possible d’observer :

  • Une fièvre très élevée ou au contraire un abaissement de la température corporelle (hypothermie) ;
  • Des frissons ;
  • Une faiblesse et une fatigue généralisées ;
  • Un dysfonctionnement ou la défaillance d’un organe vital, par exemple le rein, le cœur ou le poumon, avec des signes spécifiques selon l’organe concerné ;
  • Une dégradation de l’état général de santé ;
  • Une altération de la coloration de la peau : elle peut devenir chaude et rouge, mais peut aussi prendre une coloration marbrée et bleutée ;
  • Des troubles de la conscience, avec une confusion mentale ;
  • Un choc septique, marqué par une chute de la tension artérielle ainsi qu’une accélération du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire, mettant en jeu le pronostic vital du patient.

Parallèlement, la libération des médiateurs de l’inflammation peut entraîner la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins, à l’origine d’obstructions dans certaines parties du corps, qui ne sont alors plus irriguées par la circulation sanguine.

Diagnostic, pronostic et prise en charge de la septicémie

Lorsque les médecins suspectent une septicémie (sepsis), plusieurs examens médicaux sont nécessaires pour établir le diagnostic et déterminer le traitement à mettre en place :

  • La recherche des agents pathogènes présents dans la circulation sanguine, par la mise en cultures d’un échantillon de sang (hémoculture);
  • La recherche de l’infection d’origine, en mettant en évidence les agents pathogènes présents dans différents prélèvements (urines, crachats, pus, …);
  • Des examens d’imagerie (radiographies, échographies, scanners ou IRM (Imagerie par Résonance Magnétique)) pour mettre en évidence certaines infections;
  • Une analyse de sang pour réaliser une numération formule sanguine (NFS) pour révéler un nombre anormal de globules blancs.

D’autres examens sont indispensables pour évaluer les conséquences de la septicémie sur le fonctionnement de l’organisme, notamment :

  • Des dosages sanguins pour évaluer par exemple la fonction rénale ou mettre en évidence des troubles de la coagulation ;
  • La mesure du taux d’oxygène dans le sang pour évaluer la fonction respiratoire ;
  • Un électrocardiogramme pour évaluer le fonctionnement du cœur.

echantillon-sangLe pronostic de la septicémie est souvent assez sombre. En France, la mortalité des patients atteints d’un sepsis est en moyenne de 27 %, mais plusieurs paramètres peuvent influencer la mortalité :

  • L’état de santé préalable du patient ;
  • L’agent pathogène en cause ;
  • La rapidité du diagnostic et donc du traitement mis en place ;
  • La réponse de l’organisme aux traitements prescrits.

Au stade du choc septique, la mortalité peut atteindre un patient sur deux.

En cas de septicémie, les patients sont hospitalisés dans des services de soins intensifs. La prise en charge repose sur deux aspects essentiels et complémentaires :

  • Le maintien des fonctions vitales, notamment la respiration et la fonction cardiovasculaire :
    • Une oxygénothérapie ;
    • L’administration intraveineuse de solutés ;
    • Des médicaments pour augmenter la tension artérielle, comme la vasopressine, de la noradrénaline ou des corticoïdes ;
    • De l’insuline, lorsque la septicémie induit une hyperglycémie (augmentation du taux de glucose dans le sang) ;
  • Le traitement de l’infection par des médicaments antibiotiques, antiviraux ou antifongiques.

Lorsque les patients guérissent d’une septicémie, ils peuvent cependant conserver des séquelles à long terme. Ainsi, un quart des patients sont atteints de troubles cognitifs.

La septicémie néonatale (sepsis néonatal)

Parmi les catégories de population les plus à risques de développer une septicémie, se trouvent les nourrissons, qui sont affectés par une forme particulière de sepsis, le sepsis néonatal ou septicémie néonatale. Chaque année dans le monde, environ 350 000 nourrissons décèdent des suites d’une septicémie néonatale.

La septicémie peut toucher l’enfant dès les premières heures ou les premiers jours après la naissance, lorsque le nourrisson a été exposé à un agent pathogène in utero ou lors de l’accouchement. La septicémie néonatale peut impliquer des bactéries, des virus (comme le virus de l’herpès) ou plus rarement des champignons.

Certaines catégories de nourrissons ont un risque plus élevé de développer une septicémie néonatale :

  • Les nourrissons nés prématurément ;
  • Les nourrissons de faible poids de naissance ;
  • Les nourrissons avec un faible score d’APGAR ;
  • L’existence de certaines complications obstétricales, comme une rupture prématurée de la poche des eaux ;
  • Les garçons, plus exposés statistiquement que les filles.
Le score d’APGAR est une échelle d’évaluation de la vitalité d’un nouveau-né. Il prend en compte les paramètres suivants observés à la naissance :

  • A pour apparence ;
  • P pour pouls ;
  • G pour grimace ;
  • A pour activité ;
  • R pour respiration.

Le score d’APGAR peut varier de 0 à 10. 10 correspond au meilleur état de santé possible, tandis qu’une valeur en-dessous de 7 indique une détresse du nourrisson.

Le plus souvent, un nourrisson atteint de septicémie présente des signes alarmants d’un état de santé dégradé :

  • Une apathie ;
  • Une coloration grise de la peau ;
  • Des difficultés pour s’alimenter, voire un arrêt total de l’alimentation ;
  • Des troubles digestifs ;
  • Des convulsions ;
  • Une température corporelle basse, beaucoup plus rarement une fièvre.

Chez le nouveau-né, la septicémie peut se compliquer en provoquant d’autres infections :

  • Une infection des tissus recouvrant le cerveau (méningite) ;
  • Une infection du cerveau (encéphalite).

Les spécialistes distinguent deux catégories de septicémie néonatale, selon le délai d’apparition après la naissance :

  • La septicémie précoce, avant trois jours de vie, le plus souvent liée à un agent pathogène transmis au moment de l’accouchement ou dans les derniers jours de la grossesse ;
  • La septicémie tardive, après trois jours de vie, lorsque l’agent pathogène est contracté dans les premiers jours de vie.

Le diagnostic de la septicémie néonatale est le même que celui de la septicémie chez l’adulte, l’objectif étant de mettre en évidence la présence d’un agent pathogène dans le sang de l’enfant et de l’identifier pour instaurer rapidement le traitement le plus efficace possible.

La prise en charge de la septicémie néonatale, précoce ou tardive, est proche de celle des adultes, avec les aspects suivants :

  • Un traitement adapté de l’infection en cause ;
  • Le maintien des paramètres vitaux ;
  • Une assistance respiratoire ;
  • Des transfusions de produits sanguins (sang total, plasma ou plaquettes) ;
  • Des médicaments pour augmenter la tension artérielle.

La septicémie néonatale représente une cause majeure de décès chez les nourrissons nés prématurés. Plus la prématurité est importante, plus le risque est élevé. Lorsque le nourrisson survit à la septicémie, il peut conserver des séquelles à moyen – long terme, telles que :

  • Un retard de développement ;
  • Une paralysie cérébrale ;
  • Des convulsions ;
  • Une perte d’audition.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Sepsis/septicémie. Institut Pasteur. Consulté le 15 mai 2019.

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