Ataxie de Friedreich


Rédigé par Charline D. et publié le 20 juillet 2020

Enfant handicapé dans un fauteuil roulant poussé par son père et sa soeur

L’ataxie de Friedreich est une maladie neurologique, héréditaire et rare, d’origine génétique. Environ 1500 personnes sont concernées en France. Elle débute souvent à l’adolescence, parfois dès l’enfance, et se manifeste par une incoordination des mouvements volontaires et une perte progressive de la motricité. L’évolution est progressive et variable d’un patient à un autre. Le diagnostic de la maladie de Friedreich est clinique et confirmé par des tests génétiques. Aucun traitement n’existe pour guérir cette pathologie.

Définition de la pathologie

Qu’est-ce que l’ataxie de Friedreich ?

Illustration d'un homme tenant l'équilibre sur une corde avec une perche dans les mainsL’ataxie de Friedreich, aussi appelée maladie de Friedreich, est une affection neurodégénérative d’origine génétique. Elle se manifeste par des troubles de la coordination des mouvements volontaires (ataxie) et de l’équilibre. D’autres symptômes peuvent être associés : atteinte cardiaque, troubles ostéo-articulaires et diabète.

À savoir ! La maladie a été décrite pour la première fois par le neurologue allemand Nicolas Friedreich en 1863.

Le nombre de personnes atteintes de la maladie de Friedreich est de l’ordre de 1 sur 50 000 en Europe. On estime qu’il y a 1300 malades en France. Les premiers symptômes de la maladie débutent généralement entre l’âge de 7 et 14 ans. 80% des patients sont diagnostiqués avant l’âge de 20 ans. Les deux sexes sont concernés de la même manière.

L’ataxie de Friedreich est d’origine génétique. Elle est causée par une anomalie du gène X25 situé sur le chromosome 9. Pour rappel, un gène est constitué de fragments d’ADN eux même composés de quatre éléments appelés bases : Adénine (A), Thymine (T), Guanine (G) et Cytosine (C). Le gène X25 possède une région dans laquelle la séquence de 3 bases GAA est répétée plusieurs fois. Les personnes non atteintes de la maladie ont moins de 40 répétitions de ce triplet. L’anomalie génétique responsable de la maladie de Friedreich engendre le plus souvent une augmentation du nombre de répétitions du triplet : 100 à 2000 triplets GAA. Plus rarement, la maladie est due au remplacement d’une base par une autre.

L’ataxie de Friedreich est une maladie dite « autosomique récessive ».

Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme.  Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.

Le terme autosomique signifie que le gène impliqué n’est pas porté par un chromosome sexuel, mais par l’une des 22 autres paires de chromosomes. Ainsi, les deux sexes sont concernés de la même manière par la maladie.

On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales. Ainsi, un individu porteur risque de transmettre la maladie à sa descendance si son partenaire est également porteur de l’anomalie.

Le gène X25 est responsable de la production et du fonctionnement d’une protéine appelée « la frataxine ». Bien que son rôle exact dans l’organisme ne soit pas connu, elle semble être indispensable au bon fonctionnement des mitochondries (petite structure cellulaire) impliquées dans la production énergétique des cellules de l’organisme. Les cellules qui produisent d’ordinaire le plus de frataxine et qui en ont le plus besoin sont celles qui sont les plus atteintes, par exemple les cellules nerveuses et les cellules cardiaques.

Symptômes, diagnostic et traitement

Quels symptômes ?

Professionnel de santé réalisant des testsLe début de la maladie est caractérisé par des troubles de la marche et une instabilité de la position debout.

A mesure que la maladie progresse, d’autres symptômes se manifestent, notamment une faiblesse des membres inférieurs. Les troubles de l’équilibre gênent la marche et entraînent fréquemment des chutes. La démarche des patients est qualifiée d’ébrieuse. Les troubles de la coordination finissent par affecter également les membres supérieurs, entraînant des difficultés pour écrire.

Des troubles de l’élocution et d’articulation se traduisant par une irrégularité dans le ton et l’intensité de la voix apparaissent lorsque les muscles de la parole sont affectés. Les muscles de la déglutition sont aussi concernés, mais plus tard dans l’évolution de la maladie. Les mouvements oculaires deviennent difficiles à contrôler.

Certains malades souffrent d’une diminution de l’acuité visuelle ou auditive en lien avec une atteinte des nerfs optiques ou auditifs. Cette atteinte survient tardivement dans l’évolution de la maladie.

Des atteintes squelettiques sont fréquentes : déformations vertébrales, creusement de la voûte plantaire.

Quand la maladie débute dans l’enfance ou l’adolescence, une atteinte cardiaque se manifeste généralement 4 à 5 après les premiers signes neurologiques. Parfois, c’est même le premier signe de la maladie. Le cœur est plus gros et il est affaibli. Cette anomalie est diagnostiquée par un électrocardiogramme ou une échographie cardiaque. Le patient ressent des palpitations, des douleurs dans la poitrine et des difficultés respiratoires.

Pour finir, 10 à 20% des patients ont un diabète sucré.

La maladie évolue lentement et peut être très variable d’un individu à un autre. La marche devient impossible entre 10 et 20 ans après le début de la maladie. Dans certains cas, la maladie évolue très lentement avec de longues périodes durant lesquelles les symptômes restent stables. Cette maladie est une affection chronique et invalidante qui a des répercussions importantes sur la vie du malade. A l’âge adulte, le patient est généralement en fauteuil roulant. Le décès du patient est dû à la survenue de complications cardiaques et respiratoires.

Quel diagnostic ?

Le diagnostic de l’ataxie de Friedreich est évoqué devant la présence de certains symptômes caractéristiques (troubles de l’équilibre, difficultés à parler, etc.) chez une personne jeune.

Un électromyogramme (mesure de l’activité musculaire) permet de mettre en évidence une atteinte nerveuse dans les muscles.

Dans la majorité des cas, l’échographie cardiaque et l’électrocardiogramme sont anormaux. Une cardiomyopathie est détectée.

Le diagnostic est confirmé par la réalisation d’analyses génétiques. L’ADN analysé est prélevé via une prise de sang.

Quel traitement ?

Il n’existe aucun traitement permettant de guérir les patients atteints de la maladie de Friedreich. La prise en charge globale du patient est cependant fondamentale, elle permet de conserver une meilleure qualité de vie. Elle repose sur la kinésithérapie, l’orthophonie et l’ergothérapie. Des médicaments peuvent être prescrits pour soulager les contractures.

Les complications (cardiomyopathie et diabète) doivent aussi être prises en charge.  Enfin, la chirurgie peut être nécessaire afin de préserver la position assise et éviter les troubles respiratoires.

Charline D., Docteur en pharmacie

– La maladie. ASSOCIATION FRANCAISE ATAXIE DE FRIEDREICH. Consulté le 5 janvier 2020.

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