Bilharziose


Rédigé par Charline D. et publié le 11 novembre 2021

Bilharziose

La bilharziose, aussi connue sous le nom de schistosomiase, représente la deuxième pathologie endémique mondiale, derrière le paludisme. En effet, plus de 230 millions de personnes dans plus de 50 pays nécessitent un traitement annuel. Près de 90% d’entre eux résident en Afrique. La bilharziose est une maladie parasitaire causée par des vers plats qui traversent la peau lors d’un contact avec de l’eau contaminée. On distingue la bilharziose intestinale et la bilharziose urogénitale. Les symptômes de la maladie peuvent donc se traduire par des signes digestifs comme des douleurs intestinales ou des diarrhées, ou par des signes urogénitaux comme du sang dans les urines ou des douleurs lors des rapports sexuels. Le diagnostic de la bilharziose nécessite la mise en évidence des œufs dans les urines ou les selles. Le traitement est un antiparasitaire par voie orale, le praziquantel.

Définition et symptômes de la bilharziose

Qu’est-ce que c’est ?

La bilharziose est une infection parasitaire, aigüe ou chronique, engendrée par une infestation par des vers du genre Schistosoma à l’occasion d’une baignade en eaux douces.

Plus de 230 millions d’individus à travers le Monde étaient concernés en 2019 par un traitement préventif. 51 pays ont été déclarés par l’OMS (organisation mondiale de la santé) comme endémiques avec une transmission modérée à forte. 90% des personnes exposées à la bilharziose vivent en Afrique. Cette maladie affecte surtout les communautés pauvres, en milieu rural, et plus particulièrement, les pêcheurs et les agriculteurs.

des mains tenant un livre

L’infection survient lorsque le parasite, au stade de larve, mesurant un demi millimètre, pénètre dans la peau d’un individu en contact avec une eau infestée. Une fois dans l’organisme, les larves se développent jusqu’à devenir adultes. Ces derniers évoluent au sein des vaisseaux sanguins. Les femelles pondent des œufs, qui sont ensuite éliminés dans les urines ou les selles du malade.

À noter ! C’est par le biais des excrétions humaines que le parasite se retrouve dans les sources d’eau douce, et contamine de nouveaux individus. Concernant les parasites adultes qui restent dans l’organisme, ils sont responsables de diverses réactions immunitaires et de lésions organiques.

Quels symptômes ?

Il existe 3 phases lors de la bilharziose. Elles correspondent aux stades d’évolution des parasites dans l’organisme :

  • La phase 1 est la contamination. Elle se traduit par une atteinte cutanée avec des démangeaisons et une réaction urticaire localisée, mais qui passe généralement inaperçue ;
  • La phase 2 est la dissémination des larves dans l’organisme, 2 à 10 semaines après la phase 1. Des manifestations allergiques peuvent survenir, par exemple de la fièvre, des douleurs (maux de tête, douleurs articulaires, douleurs musculaires), de la toux, des douleurs abdominales, etc. ;
  • La phase 3 est celle d’état. Elle survient environ 2 mois après la contamination.

On distingue 2 formes de bilharziose : intestinale et urogénitale.

La bilharziose intestinale est à l’origine de douleurs abdominales, de diarrhée et de sang dans les selles. Elle est fréquemment associée à une hépatomégalie (augmentation du volume du foie) dans les stades les plus avancés.

La forme urogénitale de la bilharziose est caractérisée par la présence de sang dans les urines (ou hématurie). Une fibrose de la vessie et de l’urètre, et des lésions rénales sont également couramment présentes. Le cancer de la vessie est une complication à craindre pour les stades les plus évolués de la maladie. Des saignements vaginaux, des douleurs pendant les rapports sexuels et des nodules au niveau de la vulve constituent également des symptômes possibles de la bilharziose urogénitale. Diverses conséquences à long terme peuvent être observées, dont la stérilité.

Chez l’enfant, la bilharziose peut être responsable d’une anémie, d’un retard de croissance et d’une diminution des facultés d’apprentissage.

À noter ! La mortalité associée à la bilharziose est difficile à évaluer en raison des nombreuses pathologies qu’elle peut engendrer (comme un cancer de la vessie ou une insuffisance rénale). Le nombre de décès liés à la maladie est estimé entre 24 000 et 200 000 par an, dans le Monde.

Diagnostic et traitement de la bilharziose

Quel est son diagnostic ?

Le diagnostic de la bilharziose est clinique. Il repose sur la détection des œufs dans les urines ou les selles. La présence d’anticorps dans le sang est également un indicateur de la pathologie.

La détection d’une bilharziose urogénitale repose quasi-systématiquement sur la détection de l’hématurie sur bandelette urinaire.

Le diagnostic de la forme intestinale de la bilharziose repose sur l’analyse des selles au microscope.

Les individus ne vivant pas en zone endémique sont généralement d’abord diagnostiqués via une analyse de sang. Des analyses (urinaires ou coprologiques) plus poussées sont alors réalisées dans un second temps, à la recherche d’œufs.

Quel traitement ?

La prise en charge de la bilharziose repose sur la prescription de praziquantel en cure unique. Le traitement est à prendre par voie orale, 2 à 3 fois par jour selon le type de schistosoma en cause.

À savoir ! Le praziquantel est le traitement de référence. Il agit sur tous les types de schistosomes.

Ce traitement est efficace sur les parasites adultes, mais pas ceux qui sont en cours de croissance. Ainsi, les voyageurs qui ont potentiellement été exposés ne doivent être traités que dans les 6 à 8 semaines qui suivent l’exposition à risque.

image de petits vers blancs

Les effets secondaires possibles du praziquantel se traduisent par des douleurs abdominales, des diarrhées, des vertiges et des maux de tête.

Lorsque des œufs étaient présents au moment du diagnostic, un examen de suivi est recommandé afin de s’assurer de la guérison du patient. Une seconde consultation a généralement lieu entre 1 et 2 mois après le traitement. Celui-ci peut être réitéré si des œufs sont toujours présents à la consultation de suivi.

La prévention reste cependant indispensable. Elle s’effectue à deux niveaux : individuelle et collective.

Dans les pays concernés par la bilharziose, plusieurs mesures sont nécessaires pour prévenir la maladie :

  • Le traitement à grande échelle de la population à risque. L’accès aux médicaments est indispensable dans les zones endémiques ;
  • L’accès à l’eau potable sur tout le territoire ;
  • La réalisation de travaux d’assainissement ;
  • L’éducation sanitaire de la population. Elle a pour but d’informer sur la pathologie et les moyens de lutte et de prévention. L’utilisation des latrines est également un point important à faire comprendre aux populations, puisque la maladie est transmise via les excréments.

Concernant les voyageurs, diverses précautions sont indispensables pour réduire les risques de contamination. Il faut effectivement éviter soigneusement tout contact avec l’eau douce contaminée.

Lorsque l’eau douce est utilisée pour se laver, elle doit être bouillie au moins 1 minute au préalable.

À noter ! L’eau stockée dans un réservoir prévu à cet effet pendant 1 à 2 jours est considérée comme potable.

En cas d’exposition accidentelle, par exemple une chute dans une rivière, la personne doit immédiatement se sécher avec une serviette pour essayer d’enlever les parasites avant qu’ils n’aient eu le temps de pénétrer dans la peau.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Schistosomiase (bilharziose). msdmanuals.com. Consulté le 11 janvier 2021.
– Schistosomiase. who.int. Consulté le 11 janvier 2021.
– Médecine tropicale. Institut de médecine tropicale de Bordeaux. medecinetropicale.free.fr. Consulté le 11 janvier 2021.

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