Maladie de pompe


Rédigé par Charline D. et publié le 18 avril 2023

 

Enfant atteint de la maladie de pompe

La maladie de Pompe est une atteinte génétique due à un déficit en alpha-glucosidase, l’enzyme impliquée dans le métabolisme du glycogène, indispensable au bon fonctionnement des muscles de l’organisme. Il existe plusieurs formes de la maladie : la forme infantile, la forme tardive juvénile et la forme tardive adulte. De façon générale, plus l’affection se déclare tôt, plus elle est sévère et évolue rapidement. La maladie de Pompe entraîne des symptômes musculaires, respiratoires et cardiaques principalement. D’autres signes peuvent être associés. Le diagnostic repose sur la réalisation d’une analyse de l’activité enzymatique de l’alpha-glucosidase, et est confirmé par une analyse génétique. La prise en charge de la maladie de Pompe repose généralement sur l’association de traitements symptomatiques et d’une enzymothérapie de substitution.

Définition et symptômes de la maladie de pompe

Une maladie génétique rare

La maladie de Pompe est une glycogénose de type 2 : une affection génétique rare qui touche essentiellement les muscles. Elle se traduit par l’apparition progressive d’une faiblesse musculaire associée à des troubles respiratoires.

Plus la maladie de Pompe survient tôt, plus ses manifestations sont sévères. On distingue plusieurs formes de la maladie de Pompe :

  • La forme infantile, la plus grave qui affecte le cœur et apparaît avant l’âge de 6 mois. Elle induit des troubles cardiaques graves.
  • Les formes tardives juvéniles, qui se déclarent chez l’enfant ou l’adolescent.
  • La forme tardive adulte.

Le nombre d’individus atteints de la maladie de Pompe est difficile à évaluer compte tenu de la grande variabilité de pronostic des différentes formes de la maladie. Elle concernerait entre 5 000 et 10 000 individus dans le monde. L’affection peut survenir à n’importe quel âge, et concerne aussi bien le sexe féminin que le sexe masculin.

L’origine de la maladie de Pompe est génétique. Elle est causée par l’altération du gène GAA, présent sur le chromosome 17, et impliqué dans la production de la protéine alpha-glucosidase. Cette dernière est une enzyme permettant d’accélérer la transformation du glycogène en glucose, l’énergie indispensable au bon fonctionnement des muscles. Le glycogène représente la forme de stockage des sucres apportés par l’alimentation. Le glycogène est surtout retrouvé dans les muscles et le foie. L’alpha-glucosidase joue son rôle dans les lysosomes, des sortes de petits sacs remplis d’enzymes assimilables à de petites usines de recyclage, présents dans les cellules. L’altération du gène GAA engendre un dysfonctionnement de l’alpha-glucosidase. Le glycogène n’est plus transformé et s’accumule au sein des lysosomes ce qui devient toxique pour les cellules. Bien que l’anomalie génétique affecte toutes les cellules de l’organisme, son impact est plus important dans les cellules musculaires. Près de 150 anomalies du gène GAA ont été identifié comme responsables de la maladie de Pompe.

À savoir ! Le terme glycogénose fait référence à la surcharge en glycogène subit par les cellules.

La forme infantile de la maladie de Pompe est plus sévère car le déficit en alpha-glucosidase est quasiment total. Seul 1% de l’enzyme est fonctionnel. Dans les formes tardives, ce déficit est moindre : au moins 30% de l’enzyme reste fonctionnel.

Un syndrome aux diverses formes

La maladie de Pompe peut affecter la totalité des muscles du squelette. Cependant, dans la majorité des cas, elle concerne les muscles respiratoires, à savoir le diaphragme et les muscles intercostaux. Dans les formes les plus sévères, elle touche le muscle cardiaque. Ainsi, la maladie est responsable de troubles moteurs, respiratoires et pour les cas les plus graves, cardiaques.

A noter que tous les patients ne souffrent pas des mêmes symptômes. Les formes cliniques du syndrome ainsi que leur évolution sont très variables.

traitement maladie de pompe

Les manifestations de la forme infantile

A la naissance, le bébé ne montre aucun signe de la maladie. Ce n’est qu’après l’âge d’un ou deux mois que les symptômes surviennent :

  • Des troubles moteurs. Le tonus musculaire est diminué, autrement dit l’enfant est plus mou. Une faiblesse musculaire se manifeste par un déficit des acquisitions motrices. L’enfant peine à maintenir sa tête, se retourner ou à s’assoir ;
  • Une atteinte respiratoire. Le nourrisson tousse beaucoup et contracte souvent des infections pulmonaires ;
  • Des troubles alimentaires lorsque les muscles de la bouche et de la gorge sont affectés. Le petit a donc des difficultés pour téter et déglutir. On observe une prise de poids retardée par rapport à la moyenne ;
  • Une atteinte cardiaque qui évolue rapidement vers une insuffisance cardiaque. Des troubles du rythme cardiaque peuvent être associés et augmentent le risque de mort subite ;
  • Parfois, des troubles de l’audition.

Il existe une variante de la forme infantile classique qui se manifeste par les mêmes symptômes mais avec une atteinte cardiaque moins sévère. Une hépatomégalie (volume du foie augmenté) et macroglossie (volume de la langue augmenté) peuvent être associées. Cette forme apparaît dans la première année de vie du petit patient.

Sans prise en charge, l’espérance de vie associée à cette forme de la maladie de Pompe est courte. Elle est inférieure à 2 ans dans la majorité des cas. La cause du décès est généralement cardiaque ou cardio-respiratoire.

Les manifestations de la forme tardive juvénile

La forme tardive juvénile de la maladie de Pompe survient avant la vingtaine, parfois dès l’enfance. Elle est caractérisée par une faiblesse musculaire, des troubles moteurs et une atteinte respiratoire. En revanche, le cœur est généralement épargné.

La maladie se manifeste dans un premier temps par une atteinte des muscles du bassin et des hanches : le patient a des difficultés pour marcher, monter les escaliers ou se relever de la position assise. Des crampes et de la fatigue peuvent être associés. A terme le patient peut avoir besoin de cannes ou d’un fauteuil roulant pour se déplacer. Des troubles articulaires peuvent être associés.

La colonne vertébrale est souvent atteinte, ce qui entraîne une déformation de cette dernière : scoliose, cyphose ou lordose.

Une insuffisance respiratoire est fréquente mais survient dans un second temps, après les troubles moteurs. Elle se manifeste par un essoufflement rapide en cas d’effort et des apnées du sommeil. Les infections respiratoires sont fréquentes.

D’autres symptômes peuvent être associés : des troubles de la déglutition, une modification de la voix, des troubles de l’élocution, la formation d’anévrisme, une hépatomégalie, une macroglossie. L’atteinte cardiaque reste possible, cependant elle est beaucoup moins sévère que dans la forme infantile de la maladie.

La forme tardive juvénile de la maladie de Pompe progresse plus lentement que la forme infantile. Avec une prise en charge des troubles respiratoires, les patients peuvent vivre longtemps.

Les manifestations de la forme tardive adulte

La forme tardive adulte apparaît après la vingtaine, le plus souvent entre l’âge de 30 et 40 ans.

Les premiers signes de la maladie chez l’adulte sont moteurs et se manifestent par des difficultés pour marcher, monter les escaliers ou se relever de la position assise. L’utilisation de cannes ou d’un fauteuil roulant peut être nécessaire selon l’évolution de la maladie.

Des troubles respiratoires peuvent être présents : difficultés à respirer, maux de tête matinaux, fatigue, apnées du sommeil. Les infections respiratoires ont également tendance à être plus fréquentes. L’atteinte respiratoire évolue majoritairement vers une insuffisance respiratoire. Cette dernière représente la première cause de décès chez les patients atteints de la maladie de Pompe.

La forme tardive adulte progresse lentement, ce qui donne une meilleure espérance de vie pour les patients. Celle-ci dépend du degré de sévérité de l’atteinte respiratoire.

Maladie de pompe, diagnostic et traitement

Le diagnostic de la maladie de Pompe

diagnostic de la maladie de pompe

Le diagnostic de la maladie de Pompe est d’abord clinique devant la présence des signes caractéristiques de l’affection.

La confirmation du diagnostic repose sur la mesure de l’activité enzymatique de l’alpha-glucosidase via une prise de sang ou parfois une biopsie.

Une analyse génétique est systématiquement réalisée lorsque les examens biologiques mettent en évidence une anomalie de l’activité de l’alpha-glucosidase.

Dans un second temps, divers examens sont réalisés en complément pour évaluer la sévérité des atteintes :

  • Une radiographie thoracique, un électrocardiogramme (ECG) et une échocardiographie pour les troubles cardiaques ;
  • Des explorations fonctionnelles (EFR) dont une spirométrie et une analyse des gaz du sang, une polysomnographie pour les troubles respiratoires.

À savoir ! Un couple ayant déjà eu un enfant souffrant de la maladie de Pompe peut avoir accès au diagnostic prénatal lors des prochaines grossesses.

Thérapie enzymatique substitutive

Depuis 2006, un traitement de substitution de l’enzyme est disponible. Toutes les formes de la maladie peuvent bénéficier de ce traitement. Il consiste à remplacer l’enzyme alpha-glucosidase altérée dans les cellules des patients par une enzyme fonctionnelle. Le traitement est administré par perfusion toutes les 2 semaines.

Cette thérapie permet une amélioration très significative de l’état de santé du patient chez un nourrisson sur trois en moyenne. Une stabilisation de la maladie est obtenue dans la forme adulte. Les fonctions cardiaques, motrices et respiratoires sont considérablement améliorées. La marche, la croissance des enfants atteints ainsi que la fonction respiratoire sont à minima stabilisés.

Les traitements symptomatiques

L’atteinte cardiaque impose un suivi médical régulier. Des traitements spécifiques (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, sartans, anti-arythmiques et diurétiques) peuvent être prescrits pour améliorer les symptômes cardiaques.

Lorsque l’atteinte respiratoire est trop importante, une assistance respiratoire peut être mise en place. Une trachéotomie peut être réalisée en dernier recours. Des séances de kinésithérapie respiratoire sont indispensables pour libérer les bronches.

Une prise en charge nutritionnelle est souvent nécessaire pour les bébés atteints de la forme infantile. Ils ont effectivement souvent besoin d’une assistance (sonde nasogastrique ou gastrostomie) pour avoir une alimentation suffisante durant les premiers mois. Pour les enfants et adolescents, un suivi diététique peut être proposé pour pallier leurs difficultés pour s’alimenter et maintenir un poids normal.

Par ailleurs, une prise en charge orthopédique et un suivi par un kinésithérapeute permet de limiter le risque de déformation du squelette chez l’enfant et l’adolescent.

Enfin, le recours à un ergothérapeute est intéressant pour permettre aux patients de récupérer ou acquérir une meilleure autonomie en leur apportant les aides techniques nécessaires.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– La maladie de Pompe. Orphanet. www.orpha.net. Consulté le 31 mars 2023
– Maladie de pompe. campus.vidal.fr. Consulté le 31 mars 2023

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