Scoliose


Rédigé par Lucie B. et publié le 29 septembre 2017

ScolioseTouchant la colonne vertébrale, la scoliose peut aussi bien concerner les enfants que les adultes. Sa prise en charge thérapeutique est avant tout pluridisciplinaire puisque les conséquences cliniques engendrées peuvent être de différente nature : physique, psychologique, esthétique, parfois respiratoire et cardiaque.

Plusieurs types de scolioses peuvent être définies selon l’origine de l’atteinte et l’âge de la victime.

Scoliose : description

Atteinte de la colonne vertébrale

La colonne vertébrale ou « rachis » se décompose en 3 segments : le rachis cervical, thoracique et lombaire appartenant respectivement à la région du cou, du thorax et de l’abdomen.

Selon sa définition, la scoliose correspond à une déformation dans les trois plans de l’espace atteignant un, deux ou plus rarement les 3 segments. Cette déviation latérale de la colonne vertébrale confirme un cas de scoliose lorsque l’angle de courbure radiologique (angle de Cobb) est plus de 10°.

Vision schématique de la gibbosité de l'enfant

Cette déformation est due à la rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres, autour d’un axe vertical. La rotation des vertèbres entre elles entraîne au niveau thoracique la rotation des côtes qui viennent s’articuler avec les vertèbres : cette rotation des côtes provoque la classique « gibbosité », c’est-à-dire une bosse située sur le côté du dos, au niveau du thorax.

Cette gibbosité peut aussi exister en cas de scoliose affectant uniquement les vertèbres lombaires : elle est alors moins importante, car elle traduit uniquement la rotation des vertèbres lombaires, sans l’amplification visible de la rotation des vertèbres par les côtes au niveau thoracique.

Etiologie

Du point de vue étiologique, on distingue les scolioses congénitales des scolioses acquises.

  • Les malformations et déviations congénitales du rachis sont dues à des troubles de la formation et/ou segmentation et sont très rares, avec une prévalence de 1/1000.
  • Les scolioses acquises sont beaucoup plus fréquentes. Dans 80% des cas, aucune cause claire ne permet de justifier la déviation de la colonne et l’on parle ainsi de scolioses idiopathiques.

Causes

Chez l’enfant et l’adolescent

  • La scoliose idiopathique (juvénile)

Les causes de la scoliose sont souvent méconnues ; on parle ainsi de scoliose idiopathique. Ce type de scoliose se développe surtout chez l’enfant puis perdure, dans certains cas, à l’adolescence.

Son évolution est plutôt lente avant la puberté mais s’accélère ensuite avec la croissance de l’individu.

Habituellement l’enfant ne se plaint de rien. C’est pourquoi une inspection systématique du dos est recommandée une fois par an chez les enfants et adolescents. En effet, la détection la plus précoce possible de la scoliose est essentielle pour une bonne prise en charge médicale.

Plus de 90% des scolioses ne seraient diagnostiquées qu’après l’âge de 10 ans, devenant ainsi ce que l’on appelle les scolioses idiopathiques juvéniles.

Son incidence est de 1% chez les 8-15 ans ; les filles étant 8 fois plus touchées que les garçons selon les statistiques.

  • La scoliose dite « secondaire » (congénitale)

L’apparition de ce genre de scoliose fait suite à une maladie de nature neuromusculaire ou osseuse (touchant les vertèbres) ou une autre malformation vertébrale congénitale.

Cette forme est plus rare que la forme idiopathique.

Chez l’adulte

  • La scoliose idiopathique

Cette anomalie retrouvée chez l’adulte fait suite à l’installation d’une scoliose lors de l’enfance ou de l’adolescence et qui n’a pas réussi à se stabiliser, malgré les précautions entreprises.

  • La scoliose dite « secondaire »

Comme chez l’enfant, son apparition est reliée à des troubles neuromusculaires ou osseux.

  • La scoliose dite « de novo »

Ce genre de scoliose touche généralement l’adulte après 50 ans et devient de plus en plus fréquent, lié à l’allongement de la durée de vie. Plusieurs facteurs favorisent son déclenchement tels que la dégénérescence discale, l’arthrose, la perte de tonus musculaire ou bien la survenue d’une ostéoporose. Ce sont surtout les femmes qui seraient le plus touchées par ce type de scoliose, dû au déficit hormonal qu’epost-ménopause qui entraîne les différents facteurs cités précédemment.

A savoir ! Chez les femmes, la scoliose peut évoluer plus rapidement, dû à l’installation de la ménopause (surtout si elle touche la zone lombaire). Durant cette période, le déficit hormonal (en œstrogènes) peut fragiliser l’os et aboutir à l’ostéoporose. Dans ce cas, une ostéodensitométrie peut être proposée à la patiente pour dépister l’ostéoporose.

Diagnostic

Comme il s’agit plutôt d’une affection asymptomatique, il est important de faire le diagnostic sans tarder : une scoliose diagnostiquée dans l’enfance (et encore plus dans la petite enfance) est soumise à un risque d’aggravation beaucoup plus important et rapide que chez l’adulte en raison de la croissance (puberté) de l’enfant.

Le diagnostic est surtout d’ordre clinique : le premier signe d’alerte est représenté par l’observation d’une asymétrie de la colonne vertébrale.

Pour évaluer la santé du dos du patient, plusieurs exercices peuvent lui être demandés :

  • Le patient est mesuré debout et éventuellement couché. Il se met ensuite debout, torse nu, et joint ses deux pieds nus. Le médecin recherche alors une éventuelle asymétrie du pli de la taille ou des épaules, premiers signes d’une scoliose.
  • Le patient, toujours debout, se penche vers l’avant, mains jointes, tête en bas et jambes tendues. Le médecin regarde l’arrière de son dos pour vérifier qu’il n’y a pas de gibbosité dans le haut du thorax (ou plus rarement au niveau des vertèbres lombaires).
  • Le médecin examine l’enfant ou adolescent pour savoir à quel stade de son développement il se trouve (période de croissance, puberté).
  • Si des signes de scoliose sont présents, le médecin poursuit son observation par un examen complet (neurologique, orthopédique…) à la recherche d’une maladie ou d’une malformation qui pourrait déformer la colonne vertébrale.

Angle de Cobb

Des examens complémentaires peuvent être proposés au patient pour confirmer le diagnostic :

  • Des radiographies de la colonne vertébrale, de face et de profil : évaluer l’importance des déformations existantes et mesurer l’intensité des courbures du rachis, exprimée en degrés (angle de Cobb) ;
  • Des radiographies de la main et du poignet gauches, du coude chez l’enfant et des radiographies du bassin chez l’adolescent afin de déterminer l’âge osseux (degré de maturation de l’os par rapport à l’âge) ;
  • Selon les cas, d’autres examens peuvent être nécessaires : scanner, IRM, épreuves fonctionnelles respiratoires…

Traitement

Le traitement de la scoliose se déroule sur plusieurs années et consiste souvent à porter un corset orthopédique. Si la courbure de la colonne vertébrale est très importante, une opération chirurgicale peut être nécessaire.

En cas de douleurs liées à la scoliose, des médicaments antalgiques peuvent être proposés en complément des soins qui lui sont octroyés.

Le traitement orthopédique : le port d’un corset

C’est le principal traitement proposé pour l’enfant et l’adolescent lorsque la scoliose est évolutive. Cet appareil médical, désigné sous le terme de corset, permet d’assurer le maintien de la colonne vertébrale pour réduire le risque d’aggravation. Corset orthopédique pour le dos

Lors de la croissance de l’individu, le corset doit être porté en permanence, jusqu’à ce que le squelette ait fini de grandir.

Chez l’adulte, le corset améliore les douleurs et permet aussi de freiner la scoliose ou des risques de « récidive ».

Différents types de corsets sont disponibles (rigide (plastique) ou dynamique (élastique souple)) mais de toute façon, ce type d’orthèse peut être fabriqué sur mesure afin de mieux répondre à la morphologie du patient et pouvoir rétablir, dans la mesure du possible, ses courbures « pathologiques ».

Parfois, le port d’un plâtre (pendant 1-2 ans) précédant le corset peut être nécessaire pour obtenir de meilleurs résultats correctifs.

Le traitement chirurgical

Si le traitement orthopédique a échoué, un traitement chirurgical peut être indiqué pour les scolioses importantes.

L’opération consiste à corriger les déformations du rachis à l’aide de tiges en métal fixées aux vertèbres. Un bilan préopératoire est nécessaire à réaliser avant l’intervention.

La nécessité d’une rééducation (kinésithérapie)

La kinésithérapieEnfin, plusieurs séances de kinésithérapie doivent être menées en complément du port du corset ou suite à un traitement chirurgical afin d’éviter une nouvelle déformation de la colonne vertébrale ou des complications évolutives plus graves.

Elles ont pour objectif de :

  • D’entretenir la mobilité du rachis ;
  • D’entretenir la fonction respiratoire ;
  • Renforcer les muscles ;
  • Travailler sur la tenue de la colonne vertébrale.

Association de patient

Scoliose et Partage est une association qui aide et soutient les personnes atteintes de scoliose ainsi que leur entourage via un forum internet. Son but est de mieux faire connaitre et reconnaitre la scoliose. L’association œuvre également pour informer et sensibiliser sur l’importance du dépistage de la scoliose.

Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé

– Dossier santé : scoliose. Ameli Santé. Le 20 avril 2017. 
– Scolioses. Swiss Paediatrics.org. Daniel Studer, Carol C. Hasler, Bâle. 2017.

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