Cytomégalovirus (CMV)


Rédigé par Estelle B. et publié le 13 février 2019

cytomegalovirusL’infection à cytomégalovirus, souvent notée CMV, peu connue du grand public, est pourtant très fréquente dans la population. Chez les adultes et les personnes en bonne santé, l’infection est bénigne, avec des symptômes souvent mineurs. En revanche, le CMV peut entraîner une infection grave, s’il est contracté au cours de la grossesse ou par des personnes immunodéprimées.

L’infection par le cytomégalovirus (CMV)

Le cytomégalovirus, le plus souvent noté CMV, également appelé le HHV-5 (Human Herpes Virus-5), est un virus qui appartient à la grande famille des Herpès virus. En dehors du CMV, cette famille regroupe :

  • Les Herpès simplex virus (types 1 et 2), responsables des boutons de fièvre, ou herpès labial, ou de l’herpès génital ;
  • Le virus responsable de la varicelle et du zona ;
  • Le virus d’Epstein-Barr, à l’origine de la mononucléose infectieuse.

Le CMV est relativement peu connu du grand public. Pourtant, les spécialistes estiment qu’entre 60 et 90 % des adultes ont contracté le CMV au cours de leur vie. La prévalence de l’infection augmente avec l’âge et l’infection reste latente pour le reste de la vie.
Le CMV se transmet très facilement par les sécrétions biologiques. Une personne infectée peut en effet excréter le virus dans les urines ou la salive pendant plusieurs mois. Le virus se retrouve également dans :

  • Les sécrétions vaginales ;
  • Le sperme ;
  • Les selles ;
  • Le lait maternel ;
  • Le sang.

Le CMV peut ainsi être transmis au cours d’une transfusion sanguine ou lors d’une transplantation, si le donneur est infecté par le virus. Le fœtus peut être infecté par le CMV, soit au cours de la grossesse, si la mère contracte le virus, soit au moment de l’accouchement.

Symptômes et complications de l’infection par le CMV

Chez les enfants et les adultes en bonne santé, l’infection par le cytomégalovirus passe le plus souvent inaperçue. En effet, elle ne provoque que de légers symptômes non spécifiques. Parfois, elle est même totalement asymptomatique. Toutefois, chez certaines personnes, se développe un syndrome mononucléosique associant fièvre et fatigue, faisant penser à une mononucléose infectieuse, mais sans les maux de gorge. Les symptômes peuvent apparaître dès le contact avec le virus. Une fois les symptômes disparus, le CMV peut rester en dormance dans différents tissus de l’organisme pendant toute la vie. A certains moments, il peut se réactiver.
Lorsqu’une personne contracte le cytomégalovirus au cours d’une transfusion sanguine, les symptômes de l’infection apparaissent entre 2 et 4 semaines après la transfusion et sont :

  • Une fièvre ;
  • Une fatigue ;
  • Une augmentation des enzymes hépatiques.

Ces symptômes peuvent perdurer pendant 2 à 3 semaines.
En revanche, l’infection par le CMV peut être grave pour deux catégories de personnes :

  • Le fœtus, qui contracte le virus in utero ou au moment de l’accouchement ;
  • Les personnes immunodéprimées, comme les personnes infectées par le VIH, les patients greffés prenant un traitement immunosuppresseur.

Une infection congénitale par le cytomégalovirus peut entraîner de graves conséquences pour le fœtus :

  • Une fausse-couche ;
  • La mort du fœtus in utero ;
  • Un enfant mort-né ;
  • Des complications post-natales parfois mortelles, comme des atteintes hépatiques sévères ou des lésions du système nerveux central (troubles de l’audition, déficit intellectuel important).

Chez les personnes immunodéprimées, l’infection par le CMV, ou la réactivation du virus dormant, peut provoquer de graves atteintes au niveau de plusieurs organes :

  • La rétine : une rétinite à CMV, qui peut être à l’origine d’une cécité ;
  • Les poumons : une pneumonie ;
  • L’appareil digestif : des ulcères douloureux au niveau de l’œsophage (œsophagite) ou de l’intestin (colite) ;
  • Le système nerveux central : une encéphalite.

Chez le patient sidéen, l’infection par le CMV représente la complication virale la plus fréquente et peut entraîner le décès si elle n’est pas rapidement détectée et prise en charge. Les personnes infectées par le VIH qui ont le risque le plus élevé de contracter le cytomégalovirus présentent les caractéristiques suivantes :

  • Un taux de CD4 inférieur à 50 cellules/mm3 ;
  • Une charge virale supérieure à 100 000 copies/ml ;
  • Pas de traitement antirétroviral ou une résistance au traitement antirétroviral ;
  • Des antécédents d’infection à CMV ou d’autres infections opportunistes.

Le diagnostic de l’infection par le CMV

Les enfants et les adultes en bonne santé ne sont généralement jamais diagnostiqués, car ils présentent peu ou pas de symptômes en cas d’infection par le CMV. En revanche, le diagnostic de cette infection est nécessaire chez les femmes enceintes, les nourrissons et les personnes immunodéprimées.

À savoir ! La sérologie du CMV est systématiquement demandée avant toute procédure de procréation médicalement assistée (insémination, FIV, …). Les femmes et les hommes ayant recours à la PMA en vue de concevoir un enfant savent donc s’ils ont été ou non en contact avec le cytomégalovirus.

Le diagnostic du cytomégalovirus repose sur plusieurs types d’examens, en fonction des symptômes du patient :

  • Un examen clinique complet ;
  • Des analyses sanguines ou urinaires pour mettre en évidence le virus et les anticorps contre le CMV ;
  • Un bilan ophtalmologique pour détecter la rétinite ;
  • Une biopsie des tissus touchés (sauf l’œil et le système nerveux central), notamment dans le cas d’une réactivation du CMV ;
  • Une amniocentèse chez la femme enceinte pour vérifier si le fœtus est affecté par le virus.

Actuellement, il n’existe pas en France d’indication à réaliser de manière systématique un dépistage du CMV au cours de la grossesse. En revanche, en cas de fièvre inexpliquée chez la femme enceinte ou d’anomalies à l’échographie, une recherche du virus est proposée.

Le traitement de l’infection par le CMV

Aucun traitement antiviral n’est préconisé de manière systématique chez les enfants et les adultes en bonne santé, qui contractent le cytomégalovirus. Les symptômes disparaissent d’eux-mêmes en quelques jours ou semaines. Un traitement antipyrétique (paracétamol) peut être conseillé en cas de symptômes de mononucléose.
En revanche, un traitement antiviral est indispensable pour les personnes immunodéprimées, si l’infection est grave et entraîne une atteinte oculaire ou nerveuse. Dans ce cas, plusieurs médicaments peuvent être indiqués :

  • Le valganciclovir ;
  • Le ganciclovir ;
  • Le cidofovir ;
  • Le foscarnet ;
  • Une association de plusieurs médicaments antiviraux.

Les médicaments antiviraux ne sont pas capables de guérir l’infection par le CMV. En revanche, ils peuvent ralentir l’évolution de la maladie et limiter la gravité des complications. Les antiviraux sont généralement assez efficaces sur la rétinite, et d’une moindre efficacité sur les autres symptômes de l’infection par le CMV. Leur efficacité est d’autant plus importante, que le traitement est initié tôt. Un diagnostic précoce est donc capital.
Chez les personnes greffées sous traitement immunosuppresseur, un traitement préventif par des antiviraux est le plus souvent prescrit. Trois médicaments peuvent alors être utilisés :

  • Le ganciclovir ;
  • Le valganciclovir ;
  • Le foscarnet.

Selon les cas, les médicaments antiviraux sont administrés par voie orale, en application locale ou par voie intraveineuse. Le traitement dure souvent plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

La prévention de l’infection par le CMV

Puisqu’aucun traitement ne guérit définitivement l’infection par le CMV, la prévention est un axe prioritaire de lutte contre la transmission du virus.
Après une infection par le CMV, un traitement antiviral peut être prescrit pour éviter les récidives, chez les personnes immunodéprimées. Un suivi médical régulier, notamment ophtalmologique, est recommandé.
Pour limiter le risque de contracter le CMV au cours de la grossesse, plusieurs règles d’hygiène sont conseillées aux femmes enceintes :

  • Se laver fréquemment les mains, surtout après avoir changé les couches ou mouché les enfants ;
  • Ne pas embrasser les enfants sur la bouche ;
  • Ne pas partager de vaisselle ou d’objets ;
  • Ne pas utiliser le linge de bain des enfants.

Les femmes enceintes étant en contact étroit avec de jeunes enfants (soit dans leur vie personnelle, soit en milieu professionnel) doivent être particulièrement vigilantes.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Cytomégalovirus et grossesse.CNGOF.7 juillet 2015.
– L’infection à cytomégalovirus (CMV).CATIE.2016.
– Infection à cytomégalovirus (CMV) (Maladie des inclusions cytomégaliques). Manuel MERCK. Consulté le 28 janvier 2018.

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