Nodule thyroïdien


Rédigé par Estelle B. et publié le 23 juin 2022

femme qui touche sa glande thyroïdienne au niveau de son cou

Le nodule thyroïdien est le plus souvent une affection bénigne, fréquente, mais ignorée par la plupart des patients, en raison de l’absence quasi-systématique de symptômes. Les causes sont nombreuses et différents facteurs peuvent favoriser la survenue d’un nodule thyroïdien. Le risque rare mais réel d’une tumeur cancéreuse nécessite un bilan médical approfondi et une prise en charge adaptée si nécessaire.

Nodules thyroïdiens, définition et symptômes

Le nodule thyroïdien correspond à une petite masse, bien circonscrite, le plus souvent bénigne, qui se forme au niveau de la glande thyroïde.

La glande thyroïde, appelée plus communément thyroïde, est une glande endocrine (c’est-à-dire qui sécrète des hormones dans le sang). Elle est en forme de papillon et est située à la face antérieure du cou, juste sous la peau.

schéma indiquant où se trouve la thyroïde

Sous le contrôle de l’hypophyse (glande endocrine située dans le cerveau), elle sécrète plusieurs hormones : la triiodothyronine (T3), la thyroxine (T4) et la calcitonine.

Ces hormones régulent de nombreux systèmes de l’organisme, parmi lesquels le métabolisme cellulaire, l’utilisation et la transformation des nutriments (glucides, protides et lipides), le contrôle de l’énergie musculaire ainsi que de l’humeur et de la température corporelle mais aussi la régulation du rythme cardiaque.

Dans la grande majorité des cas, le nodule thyroïdien passe inaperçu et ne provoque aucun symptôme particulier. Pourtant, près de 5 % de la population seraient touchés. D’origines multiples, l’apparition d’un nodule thyroïdien peut être favorisée par différents facteurs :

  • Le sexe : cette affection touche particulièrement les femmes ;
  • L’âge : il est plus fréquent lorsque l’âge augmente ;
  • Les grossesses : les femmes n’ayant pas d’enfants ont trois fois moins de nodules ;
  • Le surpoids ;
  • Une alimentation carencée en iode ;
  • Certaines affections génétiques rares ;
  • Des antécédents familiaux de maladies thyroïdiennes ;
  • Des irradiations de la zone cervicale.

Les différents types de nodules thyroïdiens

Les spécialistes en distinguent plusieurs catégories.

Le nodule thyroïdien froid ou inactif

Il est bénin dans 95 % des cas et ne sécrète pas d’hormones thyroïdiennes. La fonction thyroïdienne reste alors normale.

Le nodule thyroïdien chaud ou actif

Il sécrète de grandes quantités d’hormones thyroïdiennes à l’origine d’une hyperthyroïdie. Il est bénin.

Le kyste thyroïdien

C’est une sorte de poche remplie de liquide ou de sang (kyste hémorragique). Il est bénin et ne produit pas d’hormones thyroïdiennes. Mais son volume peut rapidement augmenter et entraîner des douleurs.

Les nodules thyroïdiens accompagnant certaines maladies de la thyroïde

  • La thyroïdite subaigüe (augmentation du volume de la thyroïde avec douleurs et fièvre) ;
  • Les thyroïdites lymphocytaires (maladies auto-immunes), comme la thyroïdite d’Hashimoto, qui peuvent entraîner une hypothyroïdie.

Les nodules thyroïdiens peuvent être isolés ou non. La présence simultanée de plusieurs nodules est désignée par le terme de goitre multinodulaire.

Découverte de nodules sur la thyroïde et symptômes associés

Dans la grande majorité des cas, les nodules thyroïdiens sont de petite taille et totalement indolores. Les patients ne s’aperçoivent pas de leur existence et les nodules sont découverts par hasard dans différentes circonstances :

  • Lors d’un examen clinique avec une palpation de la région cervicale. Normalement la thyroïde est impalpable, mais en cas de nodule, le médecin peut palper l’enflure de la glande ;
  • A l’occasion d’un examen d’imagerie médicale, par exemple une échographie de la région cervicale ;
  • Au cours d’une intervention chirurgicale réalisée pour un autre motif.

En parallèle, le nodule thyroïdien peut être diagnostiqué lorsque son volume est assez important pour engendrer des douleurs ou des signes cliniques d’hyperthyroïdie (perte de poids, anxiété, irritabilité, tremblements, transpiration abondante, …).

Une consultation et des examens médicaux sont nécessaires devant toute suspicion de nodule thyroïdien et notamment dans les cas d’apparition de symptômes d’hyperthyroïdie et d’existence d’un gonflement au niveau du cou (indolore ou douloureux).

Diagnostic et traitement du nodule thyroïdien

Lors de la palpation du nodule au moment de l’auscultation, le médecin ne pourra pas distinguer s’il s’agit de nodules bénins ou de nodules malins. Pour donner suite à la découverte d’un nodule thyroïdien, différents examens médicaux sont donc nécessaires pour déterminer l’origine du nodule et la prise en charge la plus adaptée.

femme médecin qui touche les glandes thyroïdes d'un patient

Tout d’abord un bilan sanguin est réalisé pour évaluer la fonction thyroïdienne en dosant dans le sang la thyréostimuline (TSH, hormone sécrétée par l’hypophyse pour réguler la production d’hormones par la thyroïde). D’autres dosages sanguins peuvent être nécessaires si la TSH s’avère anormale.

Ensuite, une échographie de la thyroïde pour observer la thyroïde et le nodule (localisation, taille, forme, contenu…). Le médecin peut ainsi évaluer un risque de nodule cancéreux, en se basant sur plusieurs critères :

  • La présence ou non de micro-calcifications (dépôts de calcium) ;
  • Des contours réguliers ou irréguliers du nodule ;
  • La vascularisation du nodule ;
  • L’état des ganglions lymphatiques dans la région cervicale.

Selon les résultats, des examens médicaux complémentaires peuvent être prescrits :

  • Pour les nodules froids avec TSH normale : une simple surveillance médicale ou une cytoponction (biopsie) du nodule à l’aide d’une fine aiguille pour prélever des cellules du nodule et les analyser en laboratoire ;
  • Pour les nodules chauds avec TSH basse : une scintigraphie pour visualiser le fonctionnement de la thyroïde et détecter si le nodule sécrète des hormones thyroïdiennes ;
  • Pour un kyste : une ponction du liquide contenu dans le kyste en vue d’analyses spécifiques, ou une simple surveillance médicale.

Comment sont traités les nodules de la thyroïde ?

La prise en charge médicale du nodule thyroïdien dépend du type de nodule mis en évidence par les différents examens médicaux réalisés lors du bilan.

Dans le cas des nodules froids ou inactifs

La prise en charge suit plusieurs étapes en fonction de l’évolution du nodule. Un suivi médical régulier est mis en place pour surveiller le nodule, notamment avec examen clinique et échographie de la thyroïde.

La réalisation d’une ou plusieurs cytoponctions ou bien l’ablation de la thyroïde (encore appelée thyroïdectomie) sont possibles lorsque le médecin suspecte un nodule thyroïdien cancéreux. Si le nodule, même bénin, entraîne par son volume une gêne pour avaler, respirer et/ou parler, une ablation sera alors aussi envisagée.

Le traitement par l’iode 131 (isotope faiblement radioactif de l’iode) peut être envisagé comme alternative à la chirurgie dans certaines situations particulières.

Dans le cas d’un kyste de la thyroïde

Le traitement indiqué est généralement une ponction du liquide du kyste (appelé citrin en référence à sa couleur rappelant celle du citron). Une échographie permet ensuite de vérifier que le kyste est bien résorbé.

Selon le résultat, plusieurs prises en charge peuvent être proposées :

  • Si le kyste ne se reforme pas, une surveillance médicale est mise en place ;
  • Si le kyste se reforme, une nouvelle ponction peut être réalisée ;
  • Si le kyste persiste après plusieurs ponctions, une intervention chirurgicale est envisagée.

La chirurgie est effectuée d’emblée si le kyste mesure plus de 3 cm ou s’il entraîne une gêne pour avaler, parler et/ou respirer.

Dans le cas des nodules chauds ou actifs

La prise en charge repose sur un traitement par l’iode 131.

La thyroïdectomie est une intervention pratiquée sous anesthésie générale et s’effectue selon deux modalités : soit une thyroïdectomie totale, lorsque l’intégralité de la glande est retirée ; soit une thyroïdectomie partielle, lorsque le chirurgien ne retire qu’un seul lobe de la glande (et la partie reliant les deux lobes appelée isthme).

Des ganglions lymphatiques de la région cervicale peuvent également être retirés au cours de l’intervention.

Quelles conséquences à une ablation totale ou partielle de la thyroïde ?

Plusieurs troubles mineurs et transitoires peuvent faire suite à l’intervention chirurgicale :

  • Un gonflement de la région cervicale touchée par l’opération.
  • Une gêne lors de la déglutition.
  • Des troubles de la voix liés à une lésion d’un nerf au cours de l’intervention. La voix peut devenir rauque, cassée ou éteinte. Si le trouble persiste, une prise en charge par un orthophoniste peut être nécessaire.
  • Des perturbations de la calcémie (taux sanguin de calcium) à l’origine de crampes et de fourmillements. Liées à l’atteinte des glandes parathyroïdes, elles peuvent nécessiter la prescription de calcium et de vitamine D.

Des complications peuvent également survenir de manière exceptionnelle comme un hématome, une hémorragie ou une gêne respiratoire nécessitant alors une prise en charge complémentaire.

À la suite de l’ablation de la thyroïde, qu’elle soit partielle ou totale, un traitement médicamenteux de substitution est nécessaire à vie. Ce traitement à base d’hormones thyroïdiennes de synthèse met souvent quelques mois avant d’atteindre un certain équilibre hormonal. Des bilans sanguins réguliers restent nécessaires par la suite, pour adapter le traitement et éviter les épisodes d’hypo- ou d’hyperthyroïdie et leurs conséquences.

Estelle B. / Docteur en Pharmacie Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Item 241- Nodule thyroïdien. campus.cerimes.fr. Consulté le 23 juin 2022.
– Nodule thyroïdien : définition, symptômes et facteurs favorisants. ameli.fr. Consulté le 23 juin 2022.

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