L’ulcère de la cornée est une lésion oculaire d’origine variée qui constitue une urgence ophtalmologique.
L’ulcère de la cornée est une affection ophtalmologique relativement fréquente se traduisant par un œil rouge et douloureux. Les causes de l’ulcère de la cornée sont variées, à la fois infectieuses et non infectieuses. Certains facteurs de risque sont bien identifiés, comme par exemple le port de lentilles de contact.
Ulcère de la cornée, définition et symptômes
L’œil est l’organe de la vision. Son organisation est relativement complexe et comprend plusieurs structures. Parmi elles, la cornée est la membrane fine et transparente qui recouvre la partie antérieure de l’œil. Elle est de forme convexe c’est-à-dire bombée. La cornée joue un rôle à la fois de protection de l’œil et de transmission de la lumière.
Schématiquement, la cornée comprend trois grandes parties. De l’extérieur vers l’intérieur, tout d‘abord l’épithélium ensuite le stroma (qui représente 90% de la cornée) et enfin l’endothélium.
La cornée est avasculaire, c’est-à-dire qu’elle ne contient pas de vaisseaux. En revanche, elle est richement innervée (présence de nerfs) ce qui explique que de nombreuses atteintes de la cornée se traduisent par des douleurs parfois intenses.
À savoir ! De par sa forme et sa fonction, la cornée est souvent comparée à un hublot ou à un verre de montre.
Symptômes et complications possibles d’un ulcère de la cornée
L’ulcère de la cornée, aussi appelé ulcère cornéen, est une lésion particulière de l’œil se traduisant par une perte de substance au niveau de la cornée. La lésion est plus ou moins profonde selon le cas, elle va se localiser au niveau de l’épithélium dans les cas les plus superficiels ou bien atteindre le stroma cornéen en cas d’ulcère profond. L’atteinte peut même aller jusqu’à la perforation pure et simple de la cornée.
Il ne faut pas confondre l’ulcère de la cornée avec la kératite, qui est une inflammation de la cornée et qui peut également constituer la première étape avant l’ulcère.
L’évolution est favorable dans la majorité des cas mais il est important de consulter un ophtalmologue le plus rapidement possible afin d’éviter le développement de complications pouvant entraîner une baisse d’acuité visuelle voire une cécité. En ce sens, l’ulcère de la cornée constitue une urgence ophtalmologique.
À savoir ! L’ulcère de la cornée peut survenir à tout âge.
L’ulcère de la cornée se caractérise généralement par un œil rouge et douloureux.
Parmi les autres symptômes possibles, citons :
- Une gêne oculaire et la sensation d’avoir un corps étranger dans l’œil ;
- Une sensibilité accrue à la lumière : c’est ce que l’on appelle la photophobie ;
- Des larmoiements ;
- Une baisse de l’acuité visuelle ;
- Une vision double : c’est la diplopie ;
- Une fermeture réflexe de la paupière : le blépharospasme ;
- Une accumulation de pus dans l’oeil : l’hypopion ;
- etc.
À savoir ! La plupart du temps, l’ulcère de la cornée est unilatéral c’est-à-dire qu’il ne concerne qu’un seul œil.
Quelles sont les complications possibles de cette lésion oculaire ?
La cicatrisation d’un ulcère de la cornée entraîne parfois l’apparition d’une taie cornéenne : il s’agit d’une tache présente sur la cornée, d’opacité variable. Selon sa taille et sa position, la taie cornéenne peut poser des problèmes à la fois esthétiques et visuels.
En l’absence d’une prise en charge rapide, un ulcère de la cornée d’origine infectieuse peut se compliquer avec une propagation de l’infection, une perforation de la cornée et une destruction des différentes structures de l’oeil. Il en résulte une perte plus ou moins complète de la vision, aussi appelée cécité.
Un ulcère de la cornée peut également favoriser certains troubles visuels comme l’astigmatisme ou certaines pathologies de l’oeil comme le glaucome ou la cataracte.
À savoir ! Une autre complication possible est la récidive de l’ulcère malgré la prise en charge correcte de l’atteinte initiale.
Causes d’un ulcère cornéen
Les causes de l’ulcère de la cornée sont nombreuses et variées. On en distingue 2 catégories :
Causes d’origine infectieuse
Les agents infectieux responsables de l’ulcère cornéen peuvent être d’origine bactérienne (par exemple, certains sérotypes de Chlamydia trachomatis), virale (par exemple, le virus de l’herpès), fongique (par exemple, les champignons du genre Fusarium) ou parasitaire (par exemple, les amibes du genre Acanthamoeba) ;
Causes d’origine non infectieuse
Dans cette catégorie on retrouve notamment les ulcères de la cornée qui résultent d’un traumatisme tel qu’un coup, une projection de liquide corrosif, une griffure, une brûlure ou encore la présence d’un corps étranger dans l’œil.
Quels sont les facteurs de risque ?
Le port de lentilles de contact est un important facteur de risque d’irritation oculaire, d’infection et donc d’ulcère de la cornée.
La sécheresse oculaire ou syndrome des yeux secs est également un facteur favorisant. Elle est présente dans de nombreuses situations : prise de certains médicaments, maladies auto-immunes, écrans…
Parmi les autres facteurs de risque, il y a des médicaments, des maladies oculaires ou systémiques, des anomalies de l’anatomie de l’œil ou de la paupière.
À savoir ! La carence en vitamine A est un autre facteur de risque d’ulcère de la cornée. Elle est devenue plutôt rare dans les pays développés mais elle est encore présente dans les pays plus pauvres.
Ulcère de la cornée, diagnostic et traitements
L’ophalmologue, médecin spécialiste des yeux, réalise un examen ophtalmologique complet. Il utilise notamment un instrument appelé lampe à fente qui permet de visualiser l’atteinte cornéenne après instillation d’un colorant, la fluorescéine.
Dans certains cas, un prélèvement microbiologique est réalisé, suivi d’une mise en culture, afin d’identifier le germe en cause et de proposer un traitement spécifique et adapté à la personne.
À savoir ! La recherche de la cause et du ou des facteurs favorisants est essentielle pour optimiser la prise en charge et éviter les récidives.
Suite à la consultation avec l’ophtalmologue, le traitement de l’ulcère de la cornée repose essentiellement sur des collyres. Ceux-ci sont antiseptiques, antibiotiques, antiviraux ou encore anti-inflammatoires selon le cas. Des traitements oraux peuvent venir compléter la prise en charge. Dans tous les cas, il faut se conformer à la prescription médicale.
Lors de l’instillation des collyres, respecter quelques règles simples d’hygiène et de bon sens, comme par exemple se laver les mains avant de démarrer les soins ou d’éviter de mettre en contact l’embout du flacon avec l’œil ou avec les doigts. Respecter un délai de 5 minutes entre chaque collyre.
À savoir ! Dans les cas les plus graves, une greffe de cornée, ou kératoplastie, est envisagée.
En cas de sécheresse oculaire, instiller régulièrement des larmes artificielles.
En cas de port de lentilles de contact, éviter le port prolongé, notamment la nuit, et accorder une attention toute particulière à la désinfection des lentilles.
Rédigé par Florence D.-L., Docteur en pharmacie