La clinophilie, aussi appelée clinomanie, est un trouble psychiatrique pour le moins mystérieux. Ne pas avoir envie de se lever le matin, cela peut arriver à tout le monde. En revanche, rester couché à longueur de journée, sans rien faire et en restant éveillé, cela doit alerter l’entourage ou les professionnels de santé et conduire à une consultation médicale pour essayer d’y voir plus clair. En effet, la clinophilie peut être le signe d’une maladie psychiatrique sous-jacente.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que la clinophilie ?
La clinophilie signifie littéralement : “qui aime (-philie) rester allongé (clino-)”. Une personne clinophile reste allongée dans son lit toute la journée parce que c’est l’endroit où elle se sent le mieux et le plus en sécurité. Rester couché devient comme une obsession ou une addiction.
Dans une certaine mesure, la clinophilie désigne également la tendance à vouloir rester chez soi, là encore pour des raisons de bien-être et de sécurité. Rester à la maison, ne pas se confronter au monde extérieur, tout cela est très rassurant.
La clinophilie n’est pas une maladie à proprement parler mais ce n’est pas non plus un caprice ou un simple trait de caractère. C’est un symptôme présent dans plusieurs maladies psychiatriques.
La clinophilie peut toucher tout le monde. Cependant, des groupes d’individus sont plus à risque que d’autres de devenir clinophiles. Par exemple, c’est le cas des personnes âgées, à domicile ou en institution.
Les adolescents clinophiles, cela existe également, avec un risque non négligeable de développement d’une maladie mentale. Cependant, attention : ce n’est pas parce qu’un ado rechigne à se lever tous les matins pour aller au collège ou qu’il passe des après-midis entiers étalé sur son lit à pianoter sur son téléphone portable qu’il est clinophile ! Il faut distinguer ce qui relève de la physiologie d’une part et de la pathologie d’autre part.
À savoir ! Ne pas confondre la clinophilie avec d’autres types de troubles tels que la dysanie qui désigne la difficulté à sortir du lit le matin et l’hypersomnie qui correspond à un besoin excessif de sommeil.
Quels sont les symptômes de la clinophilie ?
La personne clinophile reste allongée dans son lit une bonne partie de la journée. Elle est parfaitement éveillée mais elle ne s’occupe pas : pas de lecture, pas de télé, pas de téléphone, pas de radio…
La personne clinophile se sent bien dans son lit, dans sa chambre, dans son logement ; elle ne peut pas ou ne veut pas en sortir, ou alors le moins possible.
À plus ou moins long terme, le fait de rester allongé toute la journée peut avoir de nombreuses conséquences sur la santé de la personne clinophile : fatigue, perte de poids, fonte musculaire, escarres, constipation. Attention, ces soucis de santé ne concernent pas seulement le sujet âgé clinophile. Tous les clinophiles peuvent être touchés.
À savoir ! Sur le plan psychologique et social, la clinophilie risque d’entrainer un repli sur soi, un isolement, une rupture avec les proches…
Les causes, Diagnostic et traitement
Quelles sont les causes de la clinophilie ?
La clinophilie est très souvent associée à une pathologie psychiatrique, il s’agit alors d’une clinophilie dite secondaire.
La dépression est la principale source de clinophilie. Aussi appelée dépression nerveuse ou trouble dépressif, il s’agit d’une maladie très fréquente marquée par des perturbations importantes de l’humeur, une tendance à la tristesse et au pessimisme, un manque d’envie et de motivation pour accomplir les activités du quotidien comme se lever et sortir de son lit… La dépression touche davantage les femmes que les hommes. Dans les cas les plus sévères, la dépression peut conduire au suicide.
La schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique et complexe, associant généralement des symptômes positifs (hallucinations, délires…), négatifs (mise en retrait, apathie…) et dissociatifs (désorganisation de la pensée, de la parole…). Ainsi, le schizophrène peut vouloir rester dans son lit car il se sent persécuté, traqué, suivi, ou bien car cela lui permet de limiter ses interactions avec les autres.
D’autres maladies mentales peuvent être associées à la clinophilie, comme par exemple l’anxiété ou les phobies sociales.
La clinophilie chez la personne âgée s’inscrit souvent dans un phénomène plus global de perte d’autonomie appelé syndrome de glissement. Le plus souvent suite à un choc comme par exemple une chute ou une hospitalisation, la personne âgée change de comportement et n’a plus envie de rien.
À savoir ! La clinophilie primitive, c’est-à-dire sans pathologie sous-jacente, existe mais elle est beaucoup plus rare. Elle semble également plus difficile à traiter.
Comment poser le diagnostic de clinophilie ?
Diagnostiquer la clinophilie chez un patient est relativement aisé pour un médecin. En effet, un bref interrogatoire du patient lui-même ou de son entourage permet rapidement de comprendre que le patient passe le plus clair de son temps dans son lit ou chez lui.
En revanche, le plus important est de trouver la maladie psychiatrique ayant provoqué la clinophilie. Ce n’est pas toujours facile. En cas de doute, l’avis d’un médecin spécialiste, autrement dit d’un psychiatre, est souhaitable.
Comment traiter la clinophilie ?
La clinophilie est un trouble psychiatrique qui se soigne très bien du moment que l’on a réussi à en identifier la cause. En effet, le traitement de la clinophilie est avant tout celui de la pathologie psychiatrique sous-jacente.
Dans un premier temps, le patient clinophile est encouragé à parler de ses difficultés quotidiennes à un ou plusieurs professionnels de santé et à suivre une thérapie. En fonction de la personne, de la maladie mentale en présence et du thérapeute, plusieurs méthodes peuvent être proposées : psychothérapie, thérapie cognitivo-comportementale, pleine conscience, EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)…
En complément, la personne clinophile se voit généralement prescrire un ou plusieurs médicaments pour l’aider à aller mieux. Parmi les principaux traitements disponibles en cas de clinophilie, citons :
- Les anti-dépresseurs : essentiellement prescrits en cas de dépression, ils ont pour but d’améliorer l’humeur ;
- Les anti-psychotiques : aussi appelés neuroleptiques, ils sont essentiellement prescrits en cas de schizophrénie, en particulier pour contrer les délires et les hallucinations ;
- Les anxiolytiques : formulés pour lutter contre l’anxiété, le stress, la peur panique ;
- Etc…
Les médicaments à visée psychiatrique sont à manipuler avec précaution. Certains d’entre eux peuvent entraîner de la somnolence. Respecter les posologies prescrites et ne pas arrêter brutalement le traitement.
La durée des traitements (médicamenteux ou non) est très variable selon les patients et leurs problèmes psychiatriques. Ainsi, le prise en charge d’une dépression prend généralement quelques mois voire quelques années, tandis que le traitement de la schizophrénie s’envisage plus fréquemment au long cours et à vie.
À savoir ! L’entourage joue un rôle majeur dans la prise en charge de la clinophilie. En effet, c’est parfois lui qui donne l’alerte permettant ainsi à la personne clinophile d’entrer dans un parcours de soins et de bénéficier d’un traitement adapté. De plus, les proches doivent rester bienveillants envers la personne clinophile et surtout ne pas chercher à la faire culpabiliser. Eviter les reproches et les injonctions du style “Mais enfin remue-toi !” Ce n’est pas aussi simple…
– Plus envie de se lever, seriez-vous clinophile ? francebleu.fr. Consulté le 16 septembre 2021
– Troubles dépressifs. msdmanuals.com. Consulté le 16 septembre 2021
– Schizophrénie. msdmanuals.com. Consulté le 16 septembre 2021